On décrit souvent l’éveil spirituel comme un voyage au sommet d’une montagne. Nous laissons nos liens et nos attachements aux biens de ce monde derrière, et nous cheminons lentement vers le sommet. Au point culminant, nous avons transcendé toute douleur. Le seul ennui dans cette métaphore c’est que nous laissons tous les autres derrière : notre frère ivrogne, notre sœur schizophrène, nos animaux et nos amis tourmentés. Leur souffrance continue, elle n’est pas soulagée par notre fuite individuelle.
Dans le processus de
découverte de la conscience du cœur (bodhichitta), le voyage va vers le bas et
non vers le haut. C’est comme si la montagne était dirigée vers le centre de la
terre au lieu de toucher le ciel. Au lieu de transcender la souffrance de
toutes les créatures, nous nous dirigeons vers la turbulence et le doute. Nous
y sautons. Nous y glissons. Nous y allons sur la pointe des pieds. Nous y
allons par tous les moyens possibles. Nous explorons la réalité et le caractère
imprévisible de l’insécurité et de la douleur en essayant de ne pas les
rejeter. Si cela demande plusieurs années, plusieurs vies, nous laissons les
choses être comme elles sont. À notre propre rythme, sans précipitation ni
agression, nous descendons toujours plus bas. Avec nous se déplacent des
millions d’autres, nos compagnons du réveil hors de la peur. Au plus profond
nous découvrons l’eau, l’eau de la bodhichitta qui guérit. Tout en bas, là, au
cœur des choses, nous découvrons l’amour qui ne mourra pas.
Pema Chödrön
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