jeudi 27 février 2020

Amour décoiffant


Tu mérites un amour décoiffant, qui te pousse à te lever rapidement le matin, et qui éloigne tous ces démons qui ne te laissent pas dormir.

Tu mérites un amour qui te fasse te sentir en sécurité, capable de décrocher la lune lors qu’il marche à tes côtés, qui pense que tes bras sont parfaits pour sa peau.

 Tu mérites un amour qui veuille danser avec toi, qui trouve le paradis chaque fois qu’il regarde dans tes yeux, qui ne s’ennuie jamais de lire tes expressions.

Tu mérites un amour qui t’écoute quand tu chantes, qui te soutiens lorsque tu es ridicule, qui respecte ta liberté, qui t’accompagne dans ton vol, qui n’a pas peur de tomber.

Tu mérites un amour qui balayerait les mensonges et t’apporterait le rêve, le café et la poésie.

Frida Kahlo

vendredi 21 février 2020

Terre non brûlée


Pour s'éprendre d'une femme, il faut qu'il y ait en elle un désert, une absence, quelque chose qui appelle la tourmente, la jouissance. Une zone de vie non entamée dans sa vie, une terre non brûlée, ignorée d'elle-même comme de vous. Perceptible pourtant, immédiatement perceptible. 

Christian Bobin

jeudi 20 février 2020

Ni le silence...


Ni le silence de la neige
ni le froissement du papier
ni le soleil de glace
ni le balbutiement de mes rêves
n'étoufferont cette présence brûlante
rodant jour et nuit
dans cette demeure
qui fût tienne

fenêtres ouvertes
portes battantes
envolée d'outardes
retour d'hirondelles

il n'y a pas d'échappée
il n'y a pas de départ
d'Au revoir ni d'abandon

seule ta présence
maîtresse des lieux
comme un grand feu
qui rend fiévreux

je t'entends marcher
dans mes nuits
le jour tu voles
d'une pièce à l'autre

lorsque je sors
tu m'enveloppes de ton aura

je n'ai plus besoin de penser
de prier ni de désirer

tu es là
tu me suis
je te suis

nous  sommes deux
ou peut-être une seule
et même âme

mon geste prolonge le tien
mon pas trace ta route
un seul regard nous anime

la même soif
la même faim
le même vertige
du dedans au dehors
du dehors au dedans

Épousailles

Cygne blanc

mercredi 19 février 2020

Aube souriante


Chaque hiver abrite en son cœur
un printemps qui frissonne
et derrière le voile de chaque nuit
se profile une aube souriante.

Khalil Gibran

mardi 18 février 2020

Ma voix


Bonjour ma voix
   au lever tu te fais 
   basse et murmure de rêve
tu chuchotes petiote
tu toussotes et suçotes
l'air ambiant
buée de jour naissant
de café tiède et lacté

midi crie son heure
gorgée d'existence 
en suspens
inapaisable faim
marée haute des notes
en galets 
sur la voie humaine
chaude jeune de sa mue

Vient l'après  
le silence  la tiédeur 
la coulée douce et chantante
du ruisseau 
de la fontaine
de l'oiseau au repos

puis l'horizon s'approche
avec l'Angélus
nous taire
ou parler de lui
d'elle
écho de sa transparence

au seuil du soir
pouvoir encore t'aimer
avec les mots rares
fragiles esquifs
au fil d'une langue
au rythme des corps

aux confins du mystère

songe au silence
des anges
  
Cygne blanc

lundi 17 février 2020

Parole qui ouvre le ciel


La poésie est révolutionnaire. C’est que les puissances mortifères qui se développent à certains moments, dans l’Histoire, ne supportent pas la moindre herbe de vie, la moindre brise. Il faut qu’il n’y ait plus aucun courant d’air dans les rues de la ville ; il faut que le ciel soit fermé. Et il n’y a rien qui rouvre tout, à la fois les fenêtres et à la fois le ciel, comme la poésie ou comme une parole d’enfant ; il n’y a rien d’aussi puissant. La parole poétique est par essence subversive, elle n’est pas gentille, elle n’est pas mièvre, elle n’est pas sentimentale. Elle est insurrectionnelle, c’est une force de vie, pas de mort. 

Christian Bobin

vendredi 7 février 2020

D'un rêve à l'autre


Il y en a qui disent qu’ils ne veulent pas gaspiller leur vie à rêver. Comme si la vie n’était pas un rêve, ce rêve dont justement ils refusent de s’éveiller ! Nous passons d’un état du rêve à un autre : du rêve que nous dormons au rêve que nous nous éveillons, du rêve de la vie au rêve de la mort. Celui qui a fait un beau rêve ne se plaint jamais d’avoir perdu son temps. Au contraire, il est heureux d’avoir participé à une réalité qui permet d’élever et d’embellir la réalité quotidienne.

Henry Miller

jeudi 6 février 2020

Scarabée d'or


Je feins l'adulte mais, secrètement,
je guette toujours le scarabée d'or
et j'attends qu'un oiseau
se pose sur mon épaule
pour me parler d'une voix humaine
et me révéler enfin
le pourquoi du comment.

Romain Gary, La promesse de l'aube

dimanche 2 février 2020

Chute libre


Être vraiment vivant.e, totalement humain.e et complètement éveillé.e, c'est être continuellement jeté.e. hors du nid.

Pema Chödrön

Voir aussi : bonne nouvelle.

samedi 1 février 2020

(Haïti) La terre a soulevé mon coeur


La terre a soulevé mon cœur
d’un mouvement sec et violent
elle l’a déchiré

Éparpillant mille morceaux
comme larmes d’oiseaux errants
aux quatre vents de mon île

Et depuis

Chaque nuit
j’entends les battements
hésiter à mi-chemin
entre décombres
et étoiles

Evelyne Trouillot