dimanche 29 septembre 2019

Le grand V


Le sceptre des récoltes  brandit
ses épis d'or d'argent et ses têtes

Septembre met le ciel au défi
orage  grêle  épiphanie

on  coupe  
enroule  lie  noue
vendange  engrange 
gerbes d'anges

épis  têtes  pointent
le grand V des oies
taillé de becs d'ailes 
de plein  délié

délit de fuite

de vide  de verre
de ciel en entonnoir
pleuroir d'ivresse
d'appels sauvages
d'alarme au sacrifice 
d'oisiveté

fin d'été

Cygne blanc


samedi 28 septembre 2019

Poème inutile


Le poème est sur la route
Et m'accompagne au sommet
De cette montagne sans fin
J'écris dans ma tête
A l'encre divine
Ce qui m'entoure 
De ça de là
Pareil à l'eau qui court
Dans le ruisseau fébrile
Et les oiseaux 
Piaillent au quatre vents
En attendant mon poème inutile

Lucien Francoeur 

vendredi 27 septembre 2019

Insensité


La valeur des choses n'est pas dans la durée, mais dans l'intensité où elles arrivent. C'est pour cela qu'il existe des moments inoubliables, des choses inexplicables et des personnes incomparables.

Fernando Pessoa

mardi 17 septembre 2019

Une tresse de foin


Une tresse de foin d'odeur
enluminé des rayons du jour
cueilli au bord de la rivière Rouge
brin d'ADN d'une génétique hérissée

Vertes  spirogyres d'algues
d'ondes d'eau douce à marine
rivière du Loup   Maskinongé
sous la lune d'août
le fleuve en caducée

Les trois sœurs
maïs  courges  fèves
des deux Amériques
liées à nos mémoires
labeur d'une terre
en quête d'identité

Cygne blanc


lundi 16 septembre 2019

Morceau de rêve


Je me suis réveillé, un morceau de rêve entre les mains,
et n’ai su que faire de lui.
J’ai cherché alors un morceau de veille
pour habiller le morceau de rêve,
mais il n’était plus là.
J’ai maintenant un morceau de veille entre les mains
et ne sais que faire de lui.

À moins de trouver d’autres mains
qui puissent entrer avec lui dans le rêve.

Roberto Juarroz

dimanche 15 septembre 2019

La trace des dieux enfuis


Hölderlin demandait : Et pourquoi des poètes en temps de détresse ?

Heidegger répond : 


Le sacré, voilà la trace des dieux enfuis. Mais qui des mortels est capable de déceler une telle trace ? Il appartient aux traces d'être souvent inapparentes, et elles sont toujours le legs d'une assignation à peine pressentie. Être poète en temps de détresse, c'est alors : chantant, être attentif à la trace des dieux enfuis. Voilà pourquoi, au temps de la nuit du monde, le poète dit le sacré.

samedi 14 septembre 2019

Expérience de la totalité


Une goutte de rosée, une fleur, une étoile filante, un simple animal qui traverse le sentier, et même un rayon de soleil venant caresser un plat en étain : n'importe laquelle de ces petites visions peut suffire à changer votre psychologie du tout au tout. Vous avez une attitude de complète humilité et l'envie de tirer le maximum des plus petites choses, car c'est dans le tout-petit qu'apparaîtra le très-grand - c'est ce que vous espérez. 

Et ce qui vient, c'est le numen, le petit indice que le dieu est là. Le dieu vous fait un petit signe, il ne vous donne qu'un indice, mais cela suffit. Si vous pouvez prendre les choses ainsi, vous vivez l'expérience de la totalité.

C.G. Jung

vendredi 13 septembre 2019

Vol dans l'ouvert


J'ai un oiseau noir
pour qu'il vole de nuit.
Et pour qu'il vole de jour
j'ai un oiseau vide.

Mais j'ai découvert
que les deux se sont mis d'accord
pour occuper le même nid,
la même solitude.

C'est pourquoi, parfois,
je leur ôte ce nid,
pour voir ce qu'ils font
quand leur manque le retour.

Ainsi j'ai appris
un incroyable dessin :
le vol sans conditions
dans l'absolument ouvert.

Roberto Juarroz

jeudi 12 septembre 2019

Horizons


Ne fais pas attention à moi.
Je viens d'une autre planète.
Je vois toujours des horizons où tu dessines des frontières.

Frida Kahlo

vendredi 6 septembre 2019

Hommage à Marie Uguay


Tu tissais ton passé au futur de ta mémoire
Tressant les trajectoires effacées des sables jadis fertiles
Imprimées dans les lignes océanes de tes mains muettes
Bientôt noyées

Dans le giron du feu
Dévorant la lumière abrégée
Abreuvée aux derniers oasis
Tu concevais des sortilèges
À même les lianes du langage
À étrangler les cris
De ta mort pressée d’en finir avec tes mots.

Mais dans l’infini pressenti de ton cœur
Les oiseaux captifs derrière les rideaux de tes tympans
Répétaient les milles printemps du premier acte
Du dénouement de notre exode désamoureux.

Lug Lavallée

jeudi 5 septembre 2019

mercredi 4 septembre 2019

Hommage à Gaston Miron


Miron
Chantre d’un pays  au corps incertain
D’une langue à la sève immortelle.

Langue de chiendent aux boulets de Frontenac 
Au panache d’orignal en rut,
Au corps frétillant d’anguille
À l’entêtement du brochet,
À la force d’achigan,
À la diction de pommes de terre
Météorites, grenades tombées du ciel à Rigaud
Miron, qui donc d’autres que nous
Gaulois en perte de latin
Au contact des natifs qui vivaient sans d’autres lois
Que celles que leur dictaient les vents, les rivières et les bois
Peuvent revêtir cette langue de lin
La déshabiller pour un  pèlerinage
Vers l’amour libre?
Cette langue forgée à coups de silex, de pyrites et de granits
Aux ponctuations de  glaciers !

Oh Miron, loin des camisoles de force
De nos institutions et autres névroses
Il est à rêver
Que de la coquille du Québecanthrope
Émerge le pygargue 
De nos libertés ravalées!

Lug Lavallée

lundi 2 septembre 2019

Descente des opposés


La véritable voie ne va pas vers les hauteurs, mais vers les profondeurs, car seul l'autre en moi me conduit au-delà de moi-même. Mais l'acceptation de l'autre en moi signifie une descente dans les opposés, passer du sérieux au ridicule, de la tristesse à la gaité, de la beauté à la laideur, de la pureté à l'impureté. 

C.G. Jung - Le Livre Rouge

dimanche 1 septembre 2019

Risquer le bonheur

Impose ta chance, serre ton bonheur et va vers ton risque. A te regarder, ils s’habitueront. 

René Char