lundi 14 février 2022

Te souviens-tu ?


Te souviens-tu des balançoires
qui nous soulevaient les pieds jusqu'au ciel
la chevelure dans la ramée des arbres
la tête renversée par les élans telluriques

Juste pour te plaire
je mangeais des grappes de lilas
je buvais la bave des marguerites
je saignais les coquelicots

Te souviens-tu lorsque nous courrions
plus vite que le nuage chargé de pluie
d'orage nos corps électrisés se heurtaient
aux portails séraphiques

Pour te charmer je te confectionnais
des bracelets de limaces
je caressais le ver de terre
je croquais l'escargot

As-tu souvenir de l'étang aux quenouilles
où nous jouions aux noyés
où filait la brume d'avril
sur nos visages étales nos corps fluets

Pour te conquérir je gagnais la rive
te tendais un roseau effleurant ta peau
chantant t'appelant en vain
tu t'abandonnais à l'onde

Tu ne te souviens plus

Pour t'aimer j'effeuille la marguerite
un peu beaucoup désespérément
infiniment  

Cygne blanc

vendredi 11 février 2022

Entre deux


Je suis intouchable

Je suis vaste

Je suis éternel

Je suis vulnérable

Je suis petit

J'ai besoin d'aide

Entre ces deux, ma vie coule.

Jeff Foster

mercredi 9 février 2022

Nous ne sommes pas des cloportes


Nous ne sommes pas des cloportes
nourris de pourriture
terrestre
déambulant
sous les trompettes de la mort
cohorte lucifuge
ras de terre

fuyant le désordre
au moindre soulèvement
d'une pierre d'une écorce
d'une tempête
d'un œil inquisitif

Nous ne sommes pas
des bouc-émissaires
des moutons de Panurge
des rats de laboratoires
des innocents
des esclaves des robots

Nous utilisons les robots
nous libérons les esclaves
nous protégeons les innocents
nous n'avons pas de rats de laboratoire
nous n'imitons plus les moutons de Panurge
nous ne sacrifions plus les boucs émissaires

Nous étions de la cohorte
des anges déchus
aveugles sourds
criards déçus

Nous sommes les fruits
de l'arbre de la Connaissance
nourriture des porcs
de l'enfant 
du divin

Nous sommes souffle
infini

Cygne blanc

mardi 8 février 2022

L'image


L’image
Un arbre à mots
Un point dans l’infini
Une procession de mages
Dans des décors de mirages

L’image
Une tête libérée de son tronc
Et de son paysage
Une capture dans les écrans de nos vies

L’image
Un pont de fuite à souvenirs
Un accord entre Ciel et Terre
Un phosphène incarné
Du regardant observé
Un autel à chaque ascension
Une auge à répétitions

L’image
Un pont entre deux visages
Deux voyages

Lug

lundi 7 février 2022

Atome de silence


Ces jours qui te semblent vides
Et perdus pour l’univers
Ont des racines avides
Qui travaillent les déserts.

Patience, patience,
Patience dans l’azur !
Chaque atome de silence
Est la chance d’un fruit mûr !…»

Paul Valery

samedi 5 février 2022

Tout le monde à l'autel


Faites confiance aux baisers furtifs des lobélies
Pour libérer vos lobes de leur folie
Faites confiance aux dentelles des bégonias
À vos vieilles tantes avec leur Ave Maria
Faites confiance aux camélias
Aux nymphettes des orphelinats
Faites confiance aux envoûtements des gardénias
Aux veuves noires drapées de nuits de deux-mâts
Faites confiance aux confidences des magnolias
Et gardez-vous des pizzerias, de la mafia et des dahlias
Faites confiance aux morsures des orchidées
À leurs nuits érotiques avec leurs pattes d’araignées
Faites confiance aux éclosions des roses et des lotus
Aux tiges qui s’enfoncent dans votre cœur et votre plexus
Faites confiance aux fleurs qui ont le sens du baroque
Faites confiance à l’immensité derrière leur synecdoque

Faites confiance aux avertissements des chiens
À leur prescience et savoir wagnériens
Faites confiance au sommeil des chats
Pour choisir vice-versa entre geisha et pacha
Faites confiance à l’entêtement des fourmis
Pour vous libérer des sortilèges ennemis
Faites confiance aux oreilles de lapin
Pour connaître les vertus de la foudre de perlimpinpin
Faites confiance aux yeux du crapaud
Pour changer de vie et de peau
Faites confiance au vol de l’aigle
Et à l’ergot de seigle
Pour retrouver le ciel
La tête sur l’autel.

Lug 07-01-2022

vendredi 4 février 2022

Muse triste




Ma muse est triste. Elle ne sait plus quoi chanter devant la folie des hommes. Poésie, ma mie, en moi s'est tarie tandis que coulent larmes de sang et d'oubli, qui ne sauraient étancher la soif des cœurs arides. Mais ma muse me l'a dit : elle ne reprendra voix que lorsque par moi Tu chanteras, éperdument...