Fragment d'une lettre envoyée: « Tu es celle par qui me vient le goût profond de vivre. Il ne faut pas craindre une telle phrase. Elle ne t'engage en rien. Le don que tu me fais est un vrai don - impossible à reprendre. Le bonheur est de te savoir en vie, et que cette vie passe au plus loin de moi n'importe pas. Au début j'ai cru que tu étais le monde entier. Je l'ai cru d'une croyance enfantine et sans doute nécessaire. En t'éloignant tu m'as appris que tu n'en étais que le seuil et que les chemins, loin de mener à toi, ne font qu'en partir pour me conduire à l'infini. Je voudrais seulement que la vie te soit douce et que tu ne meures jamais. C'est là une espérance naïve, mais j'y tiens plus qu'à tout : cette naïveté-là manque aux anges et c'est pourquoi leur joie est si imparfaite. »
Christian Bobin, L'éloignement du monde
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