Y'a une route.
Tu la prends. Qu'est-ce que ça te coûte?
Y'a une route.
Y'a même un chien qui court,
La tête entre les mains.
Y'a une route.
Tu sais, y'a pendant des années
Des gens qu'ont vécu le dos tourné
Sur une route abandonnée
Avec des marronniers sauvages
Qui jettent leurs fruits plein le paysage.
Y'a une route comme une blessure.
On verrait l'os de ton visage.
Y'a une route.
Y'a une route
Avec des champignons qui poussent
Et qui font la neige et la mousse.
Y'a une route qui coupe la brousse.
Y'a une route emplie d'oiseaux
Aux yeux malades
Qui regardent vers l'équateur
D'où vient la fumée qui fait peur,
D'où vient la fumée qui fait peur.
Y'a une route.
Y'a une route.
On marche dessus. Y'a pas de tapis
Y'a des fleurs comme des anémones
Qu'attendent la pluie.
Y'a une route.
Tous les dix ans, y'a un marin
Qui jette l'ancre au café du coin,
Qui parle de voyage et plus loin,
Après la route, faut prendre le train.
Tu descends dans le petit matin
Avec ta valise à la main.
Y'a tellement de bruit que t'as plus d'oreilles
Pendant que la fumée mange le ciel.
Puis finalement tout est pareil parce que
Y'a une route.
Tu la longes ou tu la coupes.
Tu t'allonges et te passe dessus
Ou tu te lèves et on te tire dessus.
Y'a une route. C'est mieux que rien.
Sous tes semelles c'est dur et ça tient.
Gérard Manset
Aucun commentaire:
Publier un commentaire