Je me glisse dans l’interstice entre les choses
de la vie. Je suis l’inattendu qui frappe à la fenêtre en pleine nuit pour
te rappeler à l’espace ouvert de l’autre côté du réel. Je me tiens dans
l’immobilité du vent quand il se penche sur ton sommeil et sourit. Je brûle
dans la fièvre qui saisit les amants quand ils pressentent la venue de l’aube
assassine de tous les lendemains. Je te nargue dans la main tendue que tu
ignores sans savoir combien elle te serait douce si seulement tu l’embrassais.
Je suis l’inopportun que jamais tu n’envisages car je demeure derrière la
prunelle de tes yeux, où je t’espère patiemment. Je me retrouve sans trêve dans
le rire de l’enfant qui réchauffe la vieille âme entrée en agonie. Je t’invite
à te fondre dans le balancement lent des branches qui déshabille le temps pour
rejoindre le scintillement heureux de la rivière. Je luis dans le sexe nu qui
s’offre, impudique comme l’immensité vierge de l’océan. Je suis le remède
inaccessible à tous vos maux ; je suis partout et cependant nul ne saurait
me saisir car je coule comme la lumière qui danse vertigineuse dans l’eau. Je
m’agenouille en prière muette dans l’étonnement qui suit la fulgurance radiante
au creux des reins, dans l’éblouissement de la première étreinte. Je vibre dans
le regard du fauve qui entrevoit la liberté et dévore sans état d’âme le rouge
soleil du matin. Je suis l’invisible autour duquel le monde tourne depuis
toujours, sans lequel il s’affaisserait sur lui-même comme une toupie sans
élan, désertée par le frémissement du vivant.
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