jeudi 5 décembre 2019
Mon Cousin
Une lettre qu'aurait pu écrire Anne Hébert à son cousin et (probable) amant Hector de Saint-Denys Garneau
Mon Cousin,
Cette lettre vous est destinée,
en ces grands froids qui nous emprisonnent
malgré le flamme de l'âtre,
mon esprit s'envole vers vous.
Je n'ai de cesse d'évoquer votre présence
dont l'absence creuse le pourtour jour après jour.
Mon Cousin,
je vous prénomme ainsi,
de ce nom évoquant notre lien de sang.
Ce sang de notre généalogie
au cœur de l'arbre dont nous sommes issus.
Mon Cousin,
comme est tendre cette appellation
dans ma bouche enfantine,
celle de nos premiers jeux.
Jouons encore vous et moi si vous le voulez...
Mais où êtes-vous donc?
Vous cachez-vous?
Dans la forêt imprenable de vos songes,
au ruisseau clair de vos insouciances?
Silence,
comme un grand voile tendu sur les murs.
Silence,
comme le mouvement de la petite aiguille
de ma montre-bracelet.
Silence,
et si l'attente devenait assourdissante,
gonflée du sang de mes tempes,
ou clapotement des eaux à la limite de ma chair transie,
lancinante visiteuse aux mains bleuies de pluie,
grincheuse descente à la tombée de Minuit,
épouvante de la perte d'un autre jour sans vous!
Mais où que vous soyez je vous entends.
Vos mots, vos paroles montent en moi,
douces vaguelettes léchant mes pieds,
enlaçant mes chevilles, caressant mes genoux,
découvrant mes cuisses(impudique je suis)
prenant mon ventre, agrippant mes seins,
serrant mon cou,
mon Cousin vous me faites mal!
Mordant ma langue...
Je me noie alors dans cette chevelure
qui se répand sur nos draps, sous le lit,
dans toute la chambre aux murs tendus
de voile, d'absence, de silence...
Je vous écrirai du fond des mers,
de mon sang de Méduse!
Votre Anne
Cygne blanc
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O Méduse, tu sais, valseuse des profondeurs, que tu danses pour l'éternité, nourrie des désirs mortels à l'endroit et à l'envers de tes crinolines qui soupirent dans les rumeurs abyssales!
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