Nasreddin Hodja s'en allait à dos d'âne sur le chemin qui menait au
village voisin. Mais il était assis à l'envers sur la croupe de sa
monture, si bien qu'il regardait, dans le désespoir le plus profond, le
chemin qu'il avait parcouru s'éloigner devant lui
pendant que l'animal le ballotait doucement sur la route. Un disciple
le reconnu, vint alors en courant vers lui et dit :
"Ah ! Maître, dit-il. Mais que se passe-t-il ? Êtes-vous bien ? Êtes-vous mal ? Pourquoi aller vous ainsi ?"
Et le maître de répondre :
"Ah ! Cher ami, c'est une tragédie. Vois. Moi je sais où je veux
aller, mais cet âne ne le sait pas et me conduit dans la mauvaise
direction. Quel malheur ! Pauvre de moi."
À ces paroles, le disciple était des plus confus et pensait en
lui-même que le maître devait être bien bête pour ne pas se retourner
sur sa monture. Mais Nasreddin ajouta une plainte à ce moment :
"Ah ! Et si je me retournais, pauvre de moi, et regardais dans la
même direction que lui, je serais définitivement perdu. Mon cher
ami, là je ne saurais même plus où je vais ?!"
Une histoire entendue aux Racines du Ciel sur France Culture : http://www.franceculture.fr/emission-les-racines-du-ciel-le-role-de-l-humour-dans-l-enseignement-spirituel-avec-jean-louis-mauno
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