samedi 8 mai 2021

Un monde idéal


J’ai déjà vécu dans un monde parfait où il n’y avait pas d’Idéal et encore moins d’idéaux ou d’idées fixes, dans la nudité d’une lumière sans mémoire et sans souvenir d’elle-même. En vérité, cet état n’avait rien à voir avec moi et qui que ce soit. Je n’ai pas non plus conscience de l’avoir quitté. Comment et pourquoi y retournerais-je maintenant que le poison de la recherche d’idéal coule dans mes déveines?

M’y voici donc dans le monde idéal; celui de la grimace et des limaces, de la production et de la consumation. M’y voici à m’envoler librement, lyriquement, amoureusement, mystiquement vers des plafonds dont j’ignore évidemment les couleurs dans l’enthousiasme de mes aveuglements. 

Et si l’idéal n’était qu’une question d’attraction? Faudrait peut-être le demander aux nephilims? Mais je crois qu’ils se sont desséchés depuis le temps et les filles de la Terre qu’ils ont aimées ne leur ont guère laissé le prestige de la paternité.

Un radis taoïste vous dira sûrement que l’idéal n’est que la brume du Tao. J’ai assisté bien sûr à quelques percées et effluves de nirvana, mais rien encore qui m’autorise à penser que c’était autre chose qu’une grimace du prince de la quête d’absolu si encore il existe.

Alors le monde idéal pour moi se trouve peut-être dans la giclée des risettes des enfants, la peur attachante des faons, la résilience des plantes et des bestioles et le retour de l’ange. Une effluve, l’haleine d’un vent sans attache, un Verbe sans syntaxe.

Lug Lavallée

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