mercredi 20 février 2019

Victor Hugo ou l’or d’être grand-père


Hugo, quelle trappe s’est ouverte pour toi ?
En ce siècle désenchanté aux toits calcinés
Quel satrape a fait rouler la tête des rois ?
Dans les rues de Paris aux bras de pieuvre éventrée

Oui, tu as vu lors de ton voyage aux pays des ombres
La lumière des existences gercées  et sombres
Noircir la nudité des aubes recommencées
Épaissir la cécité des alcôves désertées.

Oui, Hugo avec Virgile aux enfers tu es descendu
Et à la fourche du feu, 
Tu as pris le chemin des cathédrales englouties
Là où Dieu a quitté son suaire
Dorénavant rempli par l’éternelle absence de l’étoile du matin
Jouant de l’archet sur la nef
La colonne vertébrale du squelette de Satan
Aux chairs percées d’étoiles
Cathédrale de l’haleine matérialisée des amours glacés
Iles désertées flottant sur l’écume des dieux noyés.

De ce long voyage dans les geôles  océanes des siècles
Tu es revenu, vieillard prématurément blanchi
Avec les larmes de l’or
Pour éclairer dans le déroulement brutal du temps qu’il nous reste
Ce qu’il nous reste de liberté
Ce qu’il nous reste de naïveté
Dans les carrés de sable alchimique 
Où s’amusent Esmeralda et Quasimodo
Les Gavroche et Cosette de notre monde
Moyen Âge et Modernité confondus
Là où les chênes et les chiens
Parlent toujours la même langue.

Hugo, tu me rappelles ce scribe de la lointaine Mésopotamie
Qui s’est figé dans le désert d’Assyrie
Après l’immense déchirure des amants séparés
Après l’errance folle de la Lune et du Soleil
Dans le roulis du silence inquiétant
Ce sont les voix de tant de voyageurs que tu rends audibles.

Lug Lavallée

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