samedi 16 février 2019

Oiseaux de l'âme presque mortels


Tout ange est effroyable. Pourtant – Malheur à moi ! –
je vous invoque, oiseaux de l’âme presque mortels,
sachant bien qui vous êtes. Qu’il est loin le temps de Tobie,
où l’un des plus radieux se tenait à la porte
un peu déguisé pour le voyage, cessant déjà d’être effrayant
(Simple jeune homme pour le jeune homme qui, avec curiosité, le regardait).
Puissions-nous aussi trouver une part étroite de pure humanité qui demeure
Une bande qui soit nôtre de terre féconde
Entre fleuve et rocher.
Car notre propre cœur comme eux
Nous surpasse toujours. Et nous ne pouvons le suivre du regard dans les images
Qui le tranquillisent ni dans les corps divins par lesquels
Tout en s’agrandissant, il se mesure.

Rainer Maria Rilke (seconde Élégie de Duino)

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