lundi 31 octobre 2016

Dialogue entre l'esprit et Dame l'Amour

Au détour d'un jardin, dans une roseraie, je fus témoin un jour d'un étrange dialogue entre l'amour et l'esprit.
L'esprit - Je voudrais bien savoir quoi faire pour n'être plus comme avant, et ne plus être comme les autres.
L'amour - Pourquoi veux-tu changer?
- Parce que j'aime.
- Mais voilà une excellente chose!
- Oui... et non. Cela me pose un problème!
- Ah bon? Je croyais que tu étais amoureux.
- Justement...
- Alors qu'est-ce qui ne va pas?
- Je ne comprends plus rien.
- Ça c'est plutôt une bonne nouvelle. On va pouvoir s'aimer!
- Écoute,  je ne veux plus être comme avant, c'est un fait, je ne veux plus être seul, mais justement... maintenant on est deux... moi avec mon histoire et toi dont j'ignore tout.
- Je ne vois pas où est le problème, étant donné que je suis venue à ta demande. Est-ce que je me trompe?
- Non, tu ne te trompes pas, je t'ai voulue de toute mon âme!
- Alors, laisse-toi faire...et laisse-moi vivre au centre de toi-même, imprégner tes gestes de mon parfum, tes actes et tes paroles de ma présence.Efface-toi un peu, sans pour autant disparaître, puisque tu m'as voulu du fond de ton âme.
- Mais c'est là tout le problème! Au fond de moi, je ne veux pas disparaître. Je suis intelligent et j'ai peur de disparaître.
- La peur est un fantasme enraciné en toi qui a pour mission de t'empêcher d'être.D'être ce que je suis, l'origine de toi-même, ce toi-même qui t'aime.
- C'est Dieu dont tu me parles?
- Oui de lui-même, qui est venue à ta demande sous ma forme.
- Alors, et moi? Qu'est-ce que je vais devenir, moi? J'ai toujours été le conseiller et l'ami de l'homme. Je dois me diminuer pour te laisser la place, à toi, l'amour, sans savoir où tu vas... Tu vois, cela signifie que ce que je suis doit mourir...
- Oh non, tout au contraire, tu dois vivre. Vivre pour servir un autre maître que toi-même, un autre maître qui opère en abondance et non en négation, qui opère en fusion et non en séparation. Ce maître dont tu gardais le goût sans le savoir et que tu appelles l'amour.
- Si je te crois, comment faire? Cela me dépasse...
- Simplement. En me laissant te guider, en me laissant t'apprendre à ne plus souffrir du mal de vivre, en me laissant t'apprendre à aimer sans preuve ni récompense, et surtout sans victoire.
- Pour cela j'ai besoin d'aide. Comment est-ce possible autrement?
- En le voulant, comme tu m'as voulu. Tu es toi-même celui qui t'aide.
- Et donc, euh... je deviendrai amour?
- Oui, parce que je suis offrande, partage et union, donc dilatation et fécondation.Oui, parce que où je serai, tu seras; et où tu seras, je serai jusqu'à la fin des temps.
- Merci de ce dialogue. Je rentre chez moi, je vais méditer tes paroles.
- Médite, réfléchis, mais pas trop longtemps. L'amour presse et il y a tant à faire ensemble.

Les contes de l'Aigle
Histoires chamaniques

Luis Ansa

dimanche 30 octobre 2016

Brûlure

Quand je t'ai connu, j'étais cru.
Tu m'as cuit.
Et maintenant, je suis calciné.

Rûmi

samedi 29 octobre 2016

Soyons des guerriers !


Les guerriers ne sont pas ce que vous pensez. Un guerrier n’est pas quelqu’un qui se bat, car personne n’a le droit de prendre une autre vie. Un guerrier, pour nous, est celui qui se sacrifie lui-même pour le bien des autres.

Sa tâche est de prendre soin des aînés, des personnes sans défense, de ceux qui ne peuvent s’occuper d’eux-mêmes, et par-dessus tout des enfants, le futur de l’humanité.

Tatanka Yotanka (Sitting Bull)

jeudi 27 octobre 2016

Refuge


Je suis chez moi, je suis arrivé.
Il n'y a qu'ici et maintenant.
Bien solide, vraiment libre,
Je prends refuge en moi-même.


Thich Nhat Hanh

mercredi 26 octobre 2016

L'arbre

L'arbre a eu si chaud
il s'est effeuillé
à ses pieds une vasque d'or
où s'entrelacent nos racines

l'arbre a eu si chaud
il s'est versé
une coupe d'or
où tu viens y boire le ciel

l'arbre si présent
murmure forêt
fractales d'orangés
percussions pastorale

Cygne blanc

mardi 25 octobre 2016

Vastitude de l'automne


Je sors de chez toi comme me réveillant d'un rêve, encore incrédule. Le soleil ruisselant sur la rue me prend par la main en souriant - l'automne est vaste, me dit-il en me montrant un lit de feuilles rouge et or mêlé de brun. Il y là toute la place dont tu as besoin pour mourir...

lundi 24 octobre 2016

Je suis perdu

Si je me fais petit, allez dis s'il te plaît que tu me reprendras
Juste pour une nuit que tu me reprendrais je t'en prie, dis-le-moi
Que l'amour n'est pas mort car on ne peut mourir quand on est infini
Qu'il revivra encore cet amour qui est mort, qu'il reprendra la vie
Que la pluie dans mes yeux sera assez pour vaincre le désert dans les tiens
Que la pluie dans mes yeux sera assez pour faire renaître les fleurs au jardin



https://www.youtube.com/watch?v=1_gFDKUMAyo

Damien Saez

samedi 22 octobre 2016

Renaissance

Les feuilles tombent mortes de l'arbre, sans ego. La terre fertile les accueille, sans distinction, sans projet. Vie, mort, vie - le cycle éternel dans lequel je me défais et me refais : dans tes bras, la renaissance... 

vendredi 21 octobre 2016

Oiseau

Oiseau piano
oiseau pipeau
blanche  noire
noire  marée
sa tête est emportée
l'oiseau lui a volée

il a continué de chanter
de clamer
son corps fendant le temps
pourfendant les cœurs
la rumeur veut que sa voix
dilate l'espace
ah  ah
gorge toi
de tout ce vent
tes plumes chatouillent mon cou
oiseau pipeau
ma tête tu as volée

comme l'orage en éclairs
a jaillit mon chant
ta voilure à mon cou retombe
blanche
noire

Cygne blanc


jeudi 20 octobre 2016

Être vivant


Certains pensent que nous cherchons avant tout à donner un sens à notre vie. Je ne crois pas que là réside notre quête. Je crois plutôt que nous voulons nous sentir vivants. Nous voulons goûter, une fois, au moins, la plénitude de cette expérience de façon que tout ce que nous vivons sur le plan physique éveille un écho au plus profond de notre être, de notre réalité intime. Ainsi, nous pourrons véritablement faire l’expérience de cette sensation extatique : être vivant.

Joseph Campbell

mercredi 19 octobre 2016

On ira où tu voudras


On ira où tu voudras, quand tu voudras. Et on s'aimera encore même lorsque l'amour sera mort. Toute la vie sera pareille à ce matin, aux couleurs de l'été indien.

Joe Dassin

https://www.youtube.com/watch?v=BT_ZQdY0h8o

mardi 18 octobre 2016

Le fil de l'amour

Je ne suis pas celui que j'étais hier, à qui tu parles. Je ne suis pas celui qui sera demain, que tu attends. Je me glisse subrepticement dans l'interstice entre deux mondes, l'un agonisant et l'autre naissant, encore vagissant. Je marche sur le fil de l'amour, équilibriste toujours prêt à m'envoler, les bras en croix, dans la vie...

lundi 17 octobre 2016

La gueule du loup

Le 17 octobre 1961, plusieurs centaines d'Algériens manifestant à Paris ont été assassinés sur ordre du Préfet de police de l'époque. Beaucoup de corps ont été jetés dans la Seine, qui a rougi de ce sang. Nous avons, aujourd'hui encore, un devoir de mémoire envers les victimes de cette tragédie, qui a été longtemps occultée.


Peuple français, tu as tout vu
Oui, tout vu de tes propres yeux.
Tu as vu notre sang couler
Tu as vu la police
Assommer les manifestants
Et les jeter dans la Seine.
La Seine rougissante
N’a pas cessé les jours suivants
De vomir à la face
Du peuple de la Commune
Ces corps martyrisés
Qui rappelaient aux Parisiens
Leurs propres révolutions
Leur propre résistance.
Peuple français, tu as tout vu,
Oui, tout vu de tes propres yeux,
Et maintenant vas-tu parler ?
Et maintenant vas-tu te taire ?

Kateb Yacine

dimanche 16 octobre 2016

Octobre

La lumière oblique
de cet automne
tu roules en chemise
verte
tu me parles des arbres
je revêts mon manteau
jaune

la lumière oblique
de tes yeux
tu dors en chemise
rouge  orange
tu rêves de fruits mûrs
je quitte ma jeunesse
       embrassée

Cygne blanc

samedi 15 octobre 2016

La ronde des feuilles mortes


Un éclat de violon dépenaillé au coin d'une rue, une femme qui tire anxieusement sur son clope en guettant l'autobus, un enfant hagard accroché à la main de sa mère comme un naufragé à une épave flottante : dans la lumière jaune d'un matin d'automne, tout parait vain. Alors, j'entre dans la danse lente des feuilles mortes sur la musique portée par le vent. Ensemble, nous glissons dans une éternité aux accents tziganes, Qui a dit, mon amour, que mourir et renaître seraient faciles ?

jeudi 13 octobre 2016

Pas de silences entre nous


Il n'y a pas de silences entre nous
seulement un langage protégé
qui abrite cette chose absurde et magnifique
entre constellation et planètes
qui s’appelle l’amour
car parler c'est éparpiller
nos étoiles de lumières
alors que nos cœurs respirent
au rythme des frontières
de nos nécessités.


Frigioman

mercredi 12 octobre 2016

Les Aboiteaux


Les criquets sautillent à mes pieds
La corneille rageuse quitte son arbre
L’air du fleuve me flaire et m’aspire d’un grand coup
Emportant pensées, émotions, regrets et projets
Je ne suis plus qu’un morceau de voile ténu de présent
Laissant passer le vent
Les hautes herbes m’attrapent et me bercent un instant
Avant de me déposer au  creux du bouleau
d’où je pars chevaucher la chenille gourmande


Raissa60

lundi 10 octobre 2016

Lueurs diluviennes


C'est dans la tempête profonde
Que le phare révèle tout son éclat,
Ni il ne l'affronte
Ni il ne l'évite,
Il l'éclaire de toute sa splendeur ...
Ainsi soit-il de nos cœurs
Dans chaque épreuve torrentielle,
Quand ciel et mer nous sondent
Pour iriser nos limites


Maria Maddalena Ivaldi ~ poétesse In Des Faïences ~

dimanche 9 octobre 2016

La voie de la nuit noire

J'arpente la voie de la nuit noire, celle par laquelle on va quand on ne sait pas. Il n'y a plus de chemin, seulement l'obscurité tellement prégnante qu'il n'y a que la lumière en dedans pour éclairer mes pas.

samedi 8 octobre 2016

Oasis


Nul ne peut apprécier l'oasis
Sans traverser le désert.
Nul ne peut éviter les doutes
Qui façonnent le caractère.
C'est par le feu que le sable
Atteint la transparence du verre.

Seul le coeur
En connait l'itinéraire
Car le rêve de demain
Y est né hier.

Philopoèmes de Richard Délias

jeudi 6 octobre 2016

Jérusalem céleste

N'en déplaise à ceux à qui seul le plus bas apparaît vraisemblable, il a existé et il existe sur cette terre des formes d'existence dignes de l'homme et de la semence divine qu'il porte en lui.Non seulement un autre monde est possible, mais il respire depuis toujours sous celui-là. La face cachée du monde ! Qui de nous retient assez longtemps son souffle en entend la pulsation. Cet autre monde affleure parfois dans le monde visible et son apparition nous bouleverse. Semblable à la Jérusalem céleste que les anges laissent lentement descendre derrière les paupières brûlées des mystiques. Le monde caché effleure le monde visible, se fait ci et là reconnaître, mais s'il s'y substituait tout à fait, ce serait la fin, le terminus où tout le monde descend ; l'élan de l'humanité en marche serait suspendu, le monde retomberait lourdement dans ses gonds.

Ce qui fait la royauté de notre aventure, c'est l'élan qui nous habite, le désir qui nous porte et nous brûle. N'espérons pas réussir pour de bon !

C'est parce qu'il aimait tant son serviteur, Moïse, « le seul qu'il connut face à face * », que Dieu ne l'a pas fait entrer en Terre promise, lui laissant à jamais la meilleure part : l'ardent chemin qui mène vers... »

Christiane Singer, " Où cours-tu ? Ne sais-tu pas que le ciel est en toi", Éditions Albin Michel

* Deutéronome, 34 – 10


Merci à Amezeg d'avoir porté ce magnifique texte à ma connaissance en commentaire du post précédent.

mardi 4 octobre 2016

Jaillissement


Est-il possible que l'éveil survienne sans qu'on n'ait jamais rien tenté dans cette direction ? Avec lui, le jaillissant, tout est possible !

Ma Ananda Moyi

dimanche 2 octobre 2016

La dignité d'oser

C'est seulement dans la mesure où l'homme s'expose lui-même encore et encore à l'anéantissement que ce qui est indestructible émerge au fond de lui-même. En ceci réside la dignité d'oser...

Karlfried Graf Durkheim