mercredi 31 décembre 2014

Oméga - Alpha


Alpha - Oméga - Oméga - Alpha
L'homme créé est situé entre le commencement et la fin.
L'homme créateur se situe entre la fin et le commencement.
Entre le commencement et la fin est le temps.
Entre la fin et le commencement est l'éternité.

La fin de l'an passé est commencement du nouveau.
La fin du monde passé est commencement du Nouveau.
Le miracle est entre Oméga et Alpha.
Depuis les temps les plus reculés,
l'homme fête ce qui ne peut pas se fêter.

La porte de la voie étroite est Oméga - Alpha. 
Celui qui désire la franchir dans le temps,
avec son corps, entre dans la mort.
Celui qui la franchit en esprit, hors du temps,
entre dans l'éternité.

Un an commence - il se termine.
Une nouvelle année commence,
mais pas la même, une autre.
Peut-on mesurer le temps entre Oméga et Alpha ?
L'instant est passé - un nouveau commence.
Entre les deux, il n'y a pas de temps.
L'éternité est là entre les deux.
Dialogues avec l'Ange, 31 décembre 1943, Gitta 28.

Bye bye


Comme écartant du pied ce qui fut
Sans un regard en arrière
L'année s'en va.
Senkaku

mardi 30 décembre 2014

Bonheur différé


Ainsi nous ne vivons jamais, mais nous espérons de vivre, et nous disposant à être heureux, il est inévitable que nous ne le soyons jamais.
Blaise Pascal

lundi 29 décembre 2014

Étonnement


Le plus que l'homme puisse atteindre est l'étonnement, et si le premier phénomène venu l'étonne, qu'il soit satisfait ; pas davantage ne pourra lui être donné et rien de plus il n'aura à chercher.
Goethe

Le sceau de l'âme

Il n'est de chemin que solitaire. Je me perds dans la foule et c'est pour me retrouver, toujours, dans chaque visage. L'autre m'est une énigme jusqu'à ce que je reconnaisse que nous sommes habités par le même mystère, qui luit dans nos yeux. Alors, dans cette lumière où il n'y a ni toi, ni moi, j'embrasse la solitude enfin comme une bénédiction, le sceau de la voie de l'âme.

dimanche 28 décembre 2014

Seuil de l'esprit

Nul homme ne peut vous révéler quoi que ce soit qui ne sommeille déjà dans l'aube de votre connaissance. Le maître qui marche à l'ombre du temple, parmi ses disciples, ne donne pas de sa sagesse mais plutôt de sa foi et de son amour. S'il est vraiment sage il ne vous invitera pas à entrer dans le logis de la sagesse, mais il vous guidera plutôt jusqu'au seuil de votre esprit. 
Khalil Gibran

samedi 27 décembre 2014

Cœur grand ouvert

Chaque journée qui passe est comme une fleur qui s'ouvre à la lumière dans un mouvement très lent, insaisissable à l’œil nu. Quand une journée touche à sa fin, je me demande comment j'ai bien pu la remplir. Des visages, des paroles, oui il y a bien eu tout cela, mais c'est comme s'il n'y avait rien eu, que de la lumière et le même vide que l'on voit en été dans le cœur grand ouvert des roses rouges.
Christian Bobin, Ressusciter

vendredi 26 décembre 2014

Voile des mots

La parole qui de l'âme s'élève, sur l'âme forme un voile
Sur les perles et le rivage de la mer, le langage forme un voile
L'expression de la sagesse est certes un prodigieux soleil
Mais sur le soleil des vérités, l'expression forme un voile
Rûmi

mardi 23 décembre 2014

lundi 22 décembre 2014

Retrouvailles avec l'âme

Mon âme, où es-tu ? M’entends-tu ? Je parle, je t’appelle es-tu là ? Je suis revenu, je suis rentré – j’ai secoué de mes pieds la poussière de tous les pays et je suis venu à toi, je suis avec toi; après de si longues années de longue marche je suis à nouveau venu vers toi. Veux-tu que je te raconte tout ce que j’aie regardé, vécu, ingurgité ? Ou bien ne veux-tu rien entendre de tous ces bruits de la vie et du monde ? Mais il faut que tu saches une chose, il y a une chose que j’ai apprise : que l’on doit vivre cette vie. Cette vie est le chemin, le chemin que l’on cherche depuis si longtemps et qui mène à l’inconcevable que nous qualifions de divin. Il n’y a pas d’autre chemin. Tous les autres chemins sont de mauvais chemins. J’ai trouvé le bon chemin ; il m’a conduit jusqu’à toi jusqu’à mon âme. Je reviens, calciné et purifié. Me reconnais-tu ? Comme la séparation fut longue ! Tout à tellement changé. Et comment t’ai-je trouvée ? Comme mon voyage fut étrange ! Par quels mots te décrire par quels sentiers tortueux une bonne étoile m’a conduit jusqu’à toi ? Donne-moi ta main, mon âme presque oubliée. Quelle chaleur me procure la joie de te revoir, toi mon âme si longtemps désavouée. La vie m’a ramené à toi. Remercions la vie que j’ai vécue, pour toutes les heures sereines et pour toutes les heures tristes, pour chaque joie et pour chaque douleur. Mon âme c’est avec toi que mon voyage doit continuer. Avec toi je veux cheminer et monter jusqu’à ma solitude. 
Carl Jung, Livre Rouge

dimanche 21 décembre 2014

Abandon sans retour

Nous avons abandonné travail, métier et boutique
Nous avons appris la poésie, les odes et les quatrains
Dans l'amour qui est notre âme, notre coeur, nos yeux
Nous avons brûlé et l'âme et le cœur et les yeux.
Rûmi

vendredi 19 décembre 2014

Un pas sans fin

Parler sans avoir rien à dire
On a dépassé l'aube
Et ce n'est pas le jour
Et ce n'est pas la nuit
Rien c'est l'écho d'un pas sans fin
Paul Éluard

jeudi 18 décembre 2014

Rêve murmure


Que dit le murmure qui habite le matin ? Rien que je ne puisse entendre. Déjà les fantômes qui enserrent le jour se précipitent avec leur cortège de mauvaises nouvelles - je les écarte d'un sourire : un rêve coule en moi, comme une eau claire qu'ils ne sauraient saisir avec leurs mains noueuses. Je suis ce petit ruisseau imperceptible et avec lui, je descends au bord de la rivière de ma vie. J'ôte mes habits, je me baigne dans la fraicheur toujours renouvelée de l'instant, je laisse aller tout ce qui m'alourdissait. Ah ! Je sais ce qu'il y a dans ce murmure... C'est un poème , le chant d'amour que la moindre goutte d'eau entonne, avec nostalgie et tendresse, quand elle pense à l'océan.

mercredi 17 décembre 2014

Chemin de paix


En prenant dans notre responsabilité,
ce que nous vivons, ce que nous faisons, ce que nous disons,
nous avançons sur un chemin de paix…


Christiane Singer

mardi 16 décembre 2014

Écoute


Lorsque je te demande de m’écouter,
et que tu me donnes des conseils,
tu ne fais pas ce que je t’ai demandé.

Lorsque je te demande de m’écouter,

et que tu me dis que je ne devrais pas me sentir ainsi,
tu piétines mes sentiments.

Lorsque je te demande de m’écouter,

et que tu crois que tu dois faire quelques choses pour solutionner mon problème,
tu me brimes, aussi étrange que cela puisse te paraître.

Écoute ! Tout ce que je te demande, c’est de m’écouter.

Pas de parler ou de faire, ou juste m’entendre.

Les conseils, je n’en ai que faire.
Je peux accomplir mes choses; je ne suis pas sans ressources;
peut-être suis-je découragé ou hésitant, mais je ne suis pas impuissant.

Lorsque tu fais quelque chose à ma place et que je peux l’accomplir moi-même,

tu contribues à ma peur et à ma faiblesse.

Mais lorsque tu acceptes, comme un simple fait,

que je sente ce que je sens, aussi irrationnel que ce soit,
alors je peux cesser de vouloir te convaincre
et travailler à comprendre ce qui se passe en moi.

Et si un jour, tu désires parler,

“je” t’écouterai à mon tour.
Virginia Satir

dimanche 14 décembre 2014

Pieds de lumière

Décembre. Il fait froid et sec. J'entends les morts qui se rapprochent de nous, j'entends les os des feuilles mortes craquer sous leurs pieds de lumière.

Christian Bobin, Une petite bibliothèque de nuages

samedi 13 décembre 2014

Douce errance

Je marche la tête vide de tout dans des rues pleines de rien. J'ai depuis longtemps perdu mon chemin en confiance de ce qu'il me retrouvera où que j'irai. À chaque tournant, la cacophonie des sentiments et le frémissement du vivant. Voilà l'hiver en dedans qui vient poser sa bouche glacée sur la mienne et me réduit au silence tandis que je lis, dans ses yeux vifs, la promesse d'un autre printemps.

vendredi 12 décembre 2014

Rires des dieux


Toute théorie s'expose aux rires des dieux.
Kierkegaard

Mot mystérieux

Ô ce mot mystérieux, comment pourrais-je jamais le prononcer ?
Oh ! comment puis-je dire: « Il n'est pas comme ceci, il n'est pas comme cela » ?
Si je dis qu'Il est en moi, l'Univers rougit de mes paroles.
Si je dis qu'Il est hors de moi, je mens.
Des mondes intérieurs et extérieurs, il fait une indivisible unité.
Le conscient et l'inconscient sont les tabourets de ses pieds.
Il n'est ni manifesté, ni caché.
Il n'est ni révélé, ni irrévélé.
Il n'y a pas de mots pour dire ce qu'Il est.
Kabir

jeudi 11 décembre 2014

Avant de mourir



Je me sens toujours heureux, vous savez pourquoi ?
Parce que je n'attends rien de personne.
Les attentes font toujours mal.
La vie est courte... Aimez votre vie... Soyez heureux...
Gardez le sourire...
Et souvenez-vous:
Avant de parler, écoutez.
Avant d'écrire, réfléchissez.
Avant de blesser, considérez l'autre.
Avant de détester, aimez...
Et avant de mourir... vivez.
Attribué à William Shakespeare

mercredi 10 décembre 2014

Le point d'émerveillement

L' art de vivre consiste à garder intact le sentiment de la vie et à ne jamais déserter le point d'émerveillement et de sidération qui seul permet à l'âme de voir.
Christian Bobin

Le bol de l'Éveil


Un moine demande à Ummon :
Quelle est la poussière de l'Éveil ?
Ummon répond:
Le riz dans le bol, l'eau dans la tasse.

Sagesse de l'eveil, Marc de Smedt

mardi 9 décembre 2014

Patois de l'âme

Une image trouvée ici
La terre se couvre d'une nouvelle race d'hommes à la fois instruit et analphabètes, maîtrisant les ordinateurs et ne comprenant plus rien aux âmes, oubliant même ce qu'un tel mot à pu jadis désigner. Quand quelque chose de la vie les atteint malgré tout — un deuil ou une rupture —, ces gens sont plus démunis que des nouveaux-nés. Il leur faudrait alors parler une langue qui n'a plus cours, autrement plus fine que le patois informatique.
Christian Bobin, ressusciter

lundi 8 décembre 2014

Lever l'ancre

Photo Danielle Bouchard.
 Au petit matin un bruissement a dit que nous allions nous embarquer, toi seulement et moi, et qu'aucune âme au monde ne saurait rien de notre pèlerinage sans fin ni but.
Sur cet océan sans rivages, à ton muet sourire attentif, mes chants s'enfleraient en mélodies, libres comme les vagues, libres de l'entrave des paroles.
N'est-il pas temps encore ? Que reste-t-il à faire ici ? Vois, le soir est descendu sur la plage et dans la défaillante lumière l'oiseau de mer revole vers son nid.
N'est-il pas temps de lever enfin l'ancre ? Que notre barque avec la dernière lueur du couchant s'évanouisse enfin dans la nuit.
Rabindranath Tagore, Offrande lyrique

Danse du feu


Pour toi, j'irai toujours plus loin au cœur de la nuit. Je me ferai ténèbres pour que tu sois torche en moi.

Pour toi, je me perdrai sans recours. Je brûlerai toutes les cartes et je me banderai les yeux, pour que tu me prennes par la main.

Pour toi, je m’enivrerai à n'en plus savoir qui je suis, et tu me rappelleras comment tu me nommais avant que je naisse.

Pour toi, je me ferai néant de façon que tu puisses être, tout entier présent dans la vastitude de l'espace, la douceur tendre du soir, un rire d'enfant qui coure le monde.  


dimanche 7 décembre 2014

Vestige odorant


Je ne sais de quel temps reculé, à ma rencontre tu viens à jamais plus proche. Ton soleil et tes étoiles, jamais, ne pourront te tenir caché de moi pour toujours.

Maint soir et maint matin le bruit de tes pas s'est fait entendre; ton messager est venu dans mon cœur et m'a secrètement appelé.

Je ne sais pourquoi ma vie est aujourd'hui éperdue, et une frémissante joie circule au travers de mon cœur.

C'est comme si le temps était venu pour moi d'en finir avec mon travail, et je sens faiblement dans l'air un vestige odorant de ton exquise présence.

Rabindranath Tagore, l'Offrande lyrique

Prescription radicale


Abandonner toute recherche à elle-même. Être simplement avec ce qui est. Ne pas tomber dans le piège qui consiste en croire qu'il y aurait quelque chose à faire pour y parvenir - comment utiliser l'instant présent pour arriver à l'instant présent - comment utiliser maintenant pour arriver à maintenant ? Il n'est tout simplement pas possible d'être ailleurs. Abandonner le but et le moyen à cela qui sait en moi où aller et comment y aller.

vendredi 5 décembre 2014

Traversée

La souffrance n'est là que pour être traversée.
(...)
« Traverse, Noble Fils !
Traverse, Noble Fille ! »
Christiane Singer

Îles de lumière


Il y a des îles de lumière dans le plein jour. Des îles pures, fraîches, silencieuses. Immédiates.

L'amour seul peut les trouver.

Je t'aime à en faire peur aux étoiles.

Christian Bobin, le Christ aux coquelicots

jeudi 4 décembre 2014

Univers conscient


De tous côtés, Cela possède mains et pieds;
De tous côtés, des yeux, des têtes et des visages;
De tous les côtés du monde, Cela entend;
Cela embrasse toutes choses.
Bhagavad Gita

mercredi 3 décembre 2014

La vie brûle

Il n'y a rien comme un havre de paix permanent. C'est une illusion, un bonbon pour les enfants spirituels qui veulent encore croire au Père Noël, une carotte pour faire avancer l'âne... Tu ne trouveras la paix, ami, qu'en plongeant dans l'eau bouillante de l'existence et en t'y détendant, partout, toujours, au centre de tout.

Prééminence de la poussière


Il faut faire son travail au mieux et puis s'en détacher brutalement. La poussière couvrira tout. Il faut aller d'un pas plus léger que la poussière.

Christian Bobin, Carnet du soleil

mardi 2 décembre 2014

Légèreté essentielle


Il n'y a qu'une manière aujourd'hui de parler de spiritualité, c'est de l'allier à l'humour, à la poésie, à une philosophie au pied vif. Ce qui est lourd n'a pas d'avenir.  
Christiane Singer

Voie quotidienne


Un moine demande : peu importe
Ce que la voie me réserve
Mais quelle est-elle ?
Le maître Zen répond :
La voie est ta vie quotidienne.

La sagesse de l'éveil, textes présentés par Marc de Smedt

lundi 1 décembre 2014

Amour visionnaire

Une image trouvée ici

On a tout à fait tort quand on dit que l'amour est aveugle. Je crois qu'il faudrait dire bien davantage que l'amour est visionnaire, c'est-à-dire qu'il voit dans l'être aimé la divinité qui l'habite. L'amour voit tout. Naturellement. Pas d'une manière réaliste et au niveau des preuves mais dans la lucidité de la seule ferveur. C'est ce qui importe. L'amour est là comme cet apprentissage à nous faire entrer dans la ferveur. En toute chose, la mesure est importante et désirable, mais en amour, la seule mesure est la démesure. Dans n'importe quelle forme d'amour, dans celui que nous portons aux hommes et aux femmes que nous aimons, la seule mesure est la démesure parce que c'est la seule qui nous fait entrer dans la ferveur et le sacré.
Christiane Singer, Du bon usage des crises

dimanche 30 novembre 2014

Le vent, la vie

Le temps, le vent... inexorablement. Soyez passant, disait-il - comment faire autrement ? Le vent, le temps... tout s'emmêle, pêle-mêle: la mémoire et les sentiments, demain, hier et aujourd'hui - mais où est passé le présent ? Le temps, le vent... et une foutue envie de pleurer tandis que tu t'éloignes sans te retourner pour te dissoudre bientôt dans la pluie, la vie.

samedi 29 novembre 2014

Entrer dans la réalité


On ne médite pas pour expérimenter des états de conscience modifiée ou quoi que ce soit d’autre. On médite uniquement pour percevoir par soi-même que tout est en nous, chaque atome de l’univers, et que nous possédons déjà tout ce que nous voudrions trouver hors de soi. Méditer, c’est être à cent pour cent dans la réalité, et si on est dans la réalité, de quoi sortirait-on pour entrer dans le monde extérieur ?
Daniel Odier, Tantra

Processus de la présence


Michaël Brown: "Processus de la présence"

vendredi 28 novembre 2014

Fine fleur

Le zen est la plus fine fleur de l'esprit humain. Elle éclot dans les jardins du cœur en hiver, quand à la glace se mêle le soleil.

Le chemin dans la montagne

J'ai traversé océans et lacs
J'ai passé montagnes et rivières
J'ai visité les maitres
J'ai cherché les voies
Et pratiqué zazen.
Depuis que j'ai trouvé 
Le chemin dans la montagne
Je sais que naissance et mort
Ne sont pas différents.
Shodoka, Maître Yoka

jeudi 27 novembre 2014

Je ne suis plus la même


On m'avait pourtant dit qu'il fallait prendre garde
Aux flammes de l'amour...
Cet amour sans merci qui ravage le cœur
Et rend fol celui qu'il étreint
De son souffle brûlant,
Puissance mystérieuse qui soudain vous saisit,
Vous entraîne, éperdu, et incendie votre âme.
On sent qu'il vous anime,
Mais nul ne soupçonne le feu qui vous dévore.
Il vous met au supplice, fait de vous son esclave;
Votre cœur, votre esprit ne lui suffisent point,
Il investit aussi votre corps et votre âme,
Il vous veut tout à lui.
Sa lumière est plus vive que celle de l'éclair,
Sa voix plus éclatante que celle du tonnerre,
Et sur vous il déverse son déluge de feu.
Libre à vous de tisser mille et une chimères
A propos de l'amour,
Mais sachez que jamais vous ne le soumettrez
A votre volonté.
Il souffle où bon lui semble,
Libre, libre comme le vent.
Je connaissais d'avance
Les tourments et les pièges qui m'étaient réservés,
Et pourtant dans les flammes je me suis jetée vive.
J'ignore ce qui m'est arrivé; tout ce que je puis dire:
   je ne suis plus la même,
   je ne suis plus la même, 
   je ne suis plus la même.

Gurumayi Chidvilasananda, Cendres aux pieds de mon Guru

Naufrage amoureux


Le problème de l’amour est difficile au point que vous pouvez vous estimer heureux si, à la fin de votre vie, personne n’a fait naufrage à cause de vous. 
Carl G. Jung

mercredi 26 novembre 2014

Un homme debout


Je sais parce que je le dis
Que mes désirs ont raison
Je ne veux pas que nous passions
À la boue
Je veux que le soleil agisse
Sur nos douleurs qu'il nous anime
Vertigineusement
Je veux que nos mains et nos yeux
Reviennent de l'horreur ouvertes pures

Je sais parce que je le dis
Que ma colère a raison
Le ciel a été foulé la chair de l'homme
A été mise en pièces
Glacée soumise dispersée
Je veux qu'on lui rende justice
Une justice sans pitié
Et que l'on frappe en plein visage les bourreaux
Les maîtres sans racines parmi nous.

Je sais parce que je le dis
Que mon désespoir a tort
Il y a partout des ventres tendres
Pour inventer des hommes 
Pareils à moi
Mon orgueil n'a pas tort
Le monde ancien ne peut me toucher je suis libre
Je ne suis pas un fils de roi je suis un homme 
Debout qu'on a voulu abattre.

Paul Éluard, le travail du poète

mardi 25 novembre 2014

Au bout du silence

J'arrive au bout du silence. Il n'y a rien là. Tu n'y es pas, et moi non plus; on dirait bien que je me suis perdu en cours de route et toi aussi : nous retrouverons-nous ? J'explore encore une fois les contours de cette absence dans l'espoir d'y trouver quelque chose qui vaille que je m'attarde - un cœur qui dort, quelques larmes cristallines - mais je dois me rendre à l'évidence : il n'y a là qu'une béance par laquelle la vie se perd, la joie s'enfuit...

La sagesse du panda

Hier est derrière.
Demain est un mystère.
Aujourd'hui est un cadeau...
C'est pour cela qu'on l'appelle "le présent".
Kung Fu Panda

lundi 24 novembre 2014

Échelle du silence


Entre la terre et le ciel, une échelle. Le silence est au sommet de cette échelle. La parole ou l'écriture, aussi persuasives soient-elles, n'en sont que des degrés intermédiaires. Il ne faut y poser le pied que légèrement, sans insister. Parler, c'est tôt ou tard faire le malin. Écrire, c'est tôt ou tard faire le malin. À un moment ou un autre. Inévitablement. Irrésistiblement. Seul le silence est sans malice. Le silence est premier et dernier. Le silence est amour - et quand il ne l'est pas, il est plus misérable que du bruit.
Christian Bobin, Mozart et la pluie

L'océan illusion


Le vaisseau qui porte les êtres flotte
Sur l'océan illusion.
Dans le vaisseau, les passagers s'entre-combattent
En une mêlée qui les meurtrit tous.
La douleur se propage de l'un à l'autre
Avec la rapidité du feu dans la jungle.
Chacun se détourne des actions bienfaisantes.
Ainsi, le bonheur se révèle aussi éphémère
Que l'étoile du matin au lever du jour.

Comme chacun s'adonne à des actes mauvais,
Le malheur se glisse lentement, avec persistance,
Comme les ombres du soir.
La convoitise et la luxure percent un trou
Dans la meule de la haine et de la colère
Et, par ce trou, coule comme du grain,
Le bonheur des hommes et des dieux.

Le Bosquet des Lotus, anonyme

vendredi 21 novembre 2014

Le rire du tigre

Dans le miroir, un œil jaune fixe le néant, éternellement. Quelque chose brûle dans ce regard, comme une torche qui cherche l'incendie auquel elle se donnera. Soudain un bond, un retournement, un feulement rauque de victoire: derrière la bête en colère qui défiait son propre reflet, l'espace n'a jamais cessé d'être grand ouvert.

Le seul péché


Il n'y a qu'un péché : l'inconscience. Et jour après jour, vous êtes puni à cause de ce péché. Il n'y a pas d'autre châtiment. Chaque moment d'inconscience engendre sa propre punition, et chaque instant de conscience crée sa propre gratification. Impossible de les séparer.

Osho, Les mots du silence

jeudi 20 novembre 2014

Tous les vivants

De l'océan à la source
De la montagne à la plaine
Court le fantôme de la vie
L'ombre sordide de la mort
Mais entre nous
Une aube nait de chair ardente
Et bien précise
Qui remet la terre en état
Nous avançons d'un pas tranquille
Et la nature nous salue
Le jour incarne nos couleurs
Le feu nos yeux et la mer notre union
Et tous les vivants nous ressemblent
Tous les vivants que nous aimons.
Paul Éluard

mercredi 19 novembre 2014

Petite lampe rouge

Je veux bien souffrir mais je ne veux pas désespérer. Je ne laisserai personne éteindre en moi la petite lampe rouge de la confiance. 

Chaque jour j'attends tout.
Christian Bobin, le Christ aux coquelicots

mardi 18 novembre 2014

Le conseil d'un arbre


Mon ami l'arbre m'a parlé. Je demandais au tout venant: sur quoi m'appuyer pour diriger ma vie ? J'étais épars dans le paysage; soudain, il s'est planté devant moi, droit et fier malgré la rigueur mordante de l'hiver s'approchant. Il m'a invité à plonger dans la terre à la recherche de mes racines pour goûter la profondeur sans craindre l'obscurité. Ensuite, il suffira de laisser le désir fou de boire la lumière m'emporter et me projeter dans le ciel. Alors, je saurai ce que valent mes questions, a-t-il conclu en se secouant dans un grand rire venteux pour se débarrasser enfin de ses dernières feuilles mortes.

Le diamant de la méditation

Libérer l'esprit de toutes perturbations
C'est la méditation de la nature propre.
Cela qui ne croit ni ne décroit
Est
Le Diamant.
Houei Neng

lundi 17 novembre 2014

Reflet de l'éternité



La beauté est la vie quand elle dévoile sa sainte face. 
Mais vous êtes la vie et vous êtes le voile.

La beauté est l’éternité qui se regarde dans un miroir. 

Mais vous êtes l’éternité et vous êtes le miroir.

Khalil Gilbran

dimanche 16 novembre 2014

Goutte de rosée


Comment pourrais-je expliquer
En une métaphore
Notre monde vivant ?

C'est juste comme le clair de lune
Qui se reflète
Sur une goutte de rosée.
Maitre Dogen

Scalpel lumineux


Le silence entre nous accomplit son œuvre implacable de corrosion des chairs vives. Tel un scalpel lumineux, il dénude l'essentiel, le rendant à sa nature de diamant étincelant. Lentement, le tendre tissu des mots et des gestes qui nous unissaient s'effiloche et seul demeure dans l'invisible ce qui ne peut mourir. Dans le sang du cœur répandu, les larmes et la souffrance, non pas ce qui a été ou ce qui sera mais ce qui est: le soleil d'une présence au-delà de toi et moi, que le temps ne saurait corrompre.

samedi 15 novembre 2014

Après le feu

Un moine demande à maître Tozan:
Un moine vient de mourir,
Où s'en est-il allé ?
Maitre Tozan répond:
Après le feu, une touffe d'herbe.

La sagesse de l'Éveil, textes présentés par Marc de Smedt