mardi 31 octobre 2017

J'apprends à prendre racine


A toujours regarder la cime,
J'ai oublié de prendre racine.
Mes pas cherchent sans cesse le sol,
Qu'ils ne peuvent trouver en plein vol.
Qu'il est beau pourtant le chant des sirènes.
Mais à toujours prendre le large,
J'ai fait fi de tous les adages.
Que pourrais-je bien récolter,
Que je n'aurais pris le temps de semer ?
A toi, à moi, à nous qui cherchons le secret des étoiles,
Souvenons-nous que "la sève du feuillage ne s'élucide qu'au secret des racines".


Sous les voiles, la plume

dimanche 29 octobre 2017

Au point du jour vermeil

Sur le toit, l'aube est prise au filet du soleil.
Voici le roi du jour dans la coupe du ciel.
"Il faut boire du vin": ce cri d'amour traverse
le temps et l'univers, au point du jour vermeil. 


Omar Khayyam

samedi 28 octobre 2017

Bien voir

Pour bien voir une chose, il vous faut toucher à son contraire. Par l'ombre, vous allez à la lumière. Par l'indifférence, vous atteignez à l'amour.

Christian Bobin

vendredi 27 octobre 2017

À l'aube de toi


Je suis à l'aube de toi. Tu ne t'es pas encore levée, tu n'es pas montée dans mon ciel. Jusque maintenant, je n'ai fait que te rêver, t'imaginer. Je peuplais la nuit de ton sourire pour l'éclairer mais je ne t'ai pas vue, pas encore aimée dans ta splendeur. Alors je vais au rendez-vous que tu m'as donné avec le cœur battant comme un tambour et un chant sur les lèvres. Comme les anciens guerriers, je traverserai la mort pour toi et je chevaucherai enfin le vent, l'âme au clair plongée dans le soleil.

jeudi 26 octobre 2017

Un chemin sans fin


J'ignore si nous serons un jour sauvés, si même ce mot n'est pas dénué de sens. Mais je sais que nous devons traquer un trésor toujours plus lointain, inaccessible, illusoire sans doute, simplement parce qu'en notre vie ne nous fut pas donné d'autre chemin, d'autre choix que cette folie. A la poursuite de cette chimère, il te faudra traverser toutes les montagnes, tous les déserts, toutes les tempêtes, tout ce que la géographie des rêves peut élever d'obstacles. De temps en temps tu redresseras l'échine et te révolteras contre l'invisible cravache qui te pousse en avant. Parfois, au seuil d'une nuit effrayante, tu refuseras d'avancer, comme font les ânes rétifs. Mais partout où tu devras passer en quête du trésor qui n'existe pas, même à travers flammes, de gré ou de force tu passeras. Ne cherche aucune raison à cela, il n'y en a pas. Il n'y a pas de sens, Guillaume. Il n'y a qu'un espoir sans objet à porter sur un chemin sans fin.

Henri Gougaud

mardi 24 octobre 2017

Oser vivre

Oser vivre, c'est oser mourir à chaque instant mais c'est oser également naître, c'est-à-dire franchir de grandes étapes dans l'existence où celui que nous avons été meurt pour faire place à un autre, avec une vision du monde renouvelée...

Arnaud Desjardins

lundi 23 octobre 2017

Imprégnation du silence


Mes amis, le défi fondamental consiste à entrer soi-même en révolution et à permettre qu'un être humain naisse en soi. La voie à suivre pour cela est celle de la méditation. La méditation est une attention incluant tout. Dans la méditation, le silence de l'esprit total aiguise votre être entier ; chaque cellule de l'être devient active. C'est pourquoi la totalité entrant en action et œuvrant avec le mouvement de la vie est un événement prodigieux. Quand l'esprit total devient silencieux, ce silence imprègne l'être entier. Savez-vous ce qu'est l'imprégnation du silence dans l'être ? L'imprégnation du silence dans la totalité de votre être est pure conscience. Nous n'avons pas de motifs, nous n'avons pas de buts, rien à acquérir et rien à sauver ; ainsi le mécanisme de défense ne fonctionne pas. La totalité de votre être devient consciente de tout ce qui se passe en vous et en dehors de vous, exactement depuis les orteils jusqu'à la tête. Vous devenez ainsi mouvement de conscience pure en chair et en os. Oh ! la beauté de cela.

Vimala Thakar

dimanche 22 octobre 2017

Point d'or


Nous n'appartenons à personne sinon au point d'or de cette lampe inconnue de nous, inaccessible à nous, qui tient éveillés le courage et le silence.

René Char

samedi 21 octobre 2017

La nuit dernière

Je rêve que je suis un homme
je connais son nom
ce nom est connu
ainsi que celui qui le porte

Je marche à sa suite
sur un sentier de montagne
à l'heure où le soleil
ocrifie la flore  allonge les ombres
où les oiseaux s'assemblent
en volière silencieuse

En fait je ne vois
que l'ombre du marcheur
dont j’emboîte le pas
celle-ci semble faire
le tour de la montagne
comme un long serpent noir
dont je n'aperçois ni le début ni la fin

Je croise un lièvre furtif puis un renard
quand soudain mes pieds
s'enfoncent dans la tourbe
malgré mes efforts pour m'accrocher
à quelque branchage je disparais
du paysage
l'écho n'a pas le temps de répondre
à mon cri

Je suis sous terre dans une grotte
un antre de fortune
j'avale ma peur pour ne pas être
dévorée par elle
je retiens mon souffle
tant l'air est dense
la lumière avare de ses photons
me permet à peine d'entrevoir
la silhouette de l'autre
car il est là
dans le silence
immobile

Une prière en moi
hésitante d’abord
je me cramponne à elle
comme aux grains d'un rosaire
psalmodiant chaque mot  chaque syllabe
avec une force telle
que le vertige me prend
j’ai la nausée
j’attrape in extremis contre la paroi
une racine
qui m’aspire vers la cime
dans un tourbillon de sève
de lumière et de chants d'oiseaux
puis tout retombe

lourde  sur le sol
un grand feu au centre de la grotte
une voix inconnue s'élève
emplit l'espace  l'air s'allège
je me laisse bercer

quelques plumes d'oiseaux
ornent ma poitrine

Cygne blanc

jeudi 19 octobre 2017

Noirceur de la nuit

D'éternel on ne peut rien écrire
Qui n'ait trempé dans la noirceur de la nuit

Georges Chapman

mardi 17 octobre 2017

Danse !


Danse quand tu es brisé. Danse si tu as déchiré les liens. Danse au milieu du combat. Danse dans ton sang. Danse en toute liberté.

Rûmi

dimanche 15 octobre 2017

Entre deux


Entre deux mondes, entre deux vies, je prends mes quartiers dans le silence. Je campe à l'orée du désert du cœur, j'y établis mon bivouac dans l’œil tendre du cyclone, au risque sinon d'être dispersé aux quatre coins de l'horizon. Ici seulement, je retrouve enfin la source vive où je puise la lumière qui éclaire mon regard de l'intérieur. Dans l'immobilité patiente de l'âme, je contemple la nudité de l'être : au-delà du gouffre que creuse ton absence, il y a la transparence du réel à laquelle je me lave des regrets et des espoirs qui alourdissent encore mon pas.

samedi 14 octobre 2017

De l'autre côté


J'atterris lentement de l'autre côté du miroir que me tendent les choses. Ici comme ailleurs, l'air est lumineux et cependant, derrière le jour se cachent des gouffres obscurs. Soudain, il n'y a plus de séparation. Je suis partout chez moi en autant que je plante mes racines dans la terre riche du cœur. Alors, même la nuit est fertile.

vendredi 13 octobre 2017

Je m'en vais


Il n’est plus rien là pour moi, que la lumière du jour que je bois comme je buvais à tes lèvres. Elle a désormais un goût de larmes océanes qui ne cessent de laver mon cœur au rythme des marées de l’âme. Il n’y a plus rien là pour moi puisque tu n’y es pas. De toi, je ne garde que le tremblement des feuilles au moment de dire « au revoir », quand l’air rougeoie sous la caresse de l’automne. Il n’y a plus rien là pour moi qu’une mention « inconnue à l’adresse indiquée » sur la lettre d’amour que j’avais écrit avec toi à la vie. Alors, je m’en vais en tournant résolument le dos aux années mortes pour reprendre mon bâton de pèlerin. Quelque part, tu m’attends. Quand et sous quelle forme te retrouverai-je ?

jeudi 12 octobre 2017

Essentielle errance


Il faudrait partir tous les jours pour goûter en chaque instant, à pleine bouche, en plein cœur, la beauté toujours présente. Il faudrait tout quitter sans se retourner pour entendre ce que murmure l'ombre des feuilles quand la lumière joue avec le vent dans les arbres. Il faudrait que je t'embrasse encore une fois pour tout remettre enfin à Dieu sans retour, et entrer dans l'essentielle errance.

mercredi 11 octobre 2017

Le silence assourdissant d'aimer

M'entends-tu te parler lorsque tu n'es pas là ? 
Toi qui marches dans moi ma profonde musique. 
J'écoute s'éloigner le parfum de tes pas. 
Je suis plein du silence assourdissant d'aimer.

Aragon, Le Fou d'Elsa

mardi 10 octobre 2017

Ainsi sont les choses

Ce qu'il faut c'est être naturel et calme
Dans le bonheur comme dans le malheur,
Sentir comme l'on voit,
Penser comme l'on marche,
Et lorsqu'on va mourir, se rappeler que le jour meurt,
Et que le couchant est beau et belle la nuit qui se fait...
Et que si ainsi sont les choses, c'est que les choses sont ainsi.

Fernando Pessoa

lundi 9 octobre 2017

Larmes d'or

C’est un rêve d’amour qui ne veut pas mourir. Il a ta bouche, ta voix, tes yeux, et j’y retrouve la douceur de ta peau, ton parfum qui m’émeut. Je le prends dans mes bras comme un fantôme malhabile qui hésite à se dissoudre dans la lumière du matin. Lentement, il fond en larmes d’or liquide que je recueille patiemment pour repeindre l’océan qui nous sépare désormais. Enfin, j’ouvre la cage de mon cœur pour le laisser s’envoler, bel oiseau libre qui ira embrasser le soleil de ma part, avec gratitude.

dimanche 8 octobre 2017

Étoile qui danse


Il faut porter le chaos en soi pour mettre au monde une étoile qui danse.

Frédéric Nietzsche

samedi 7 octobre 2017

Si je peux

Si je peux empêcher un Cœur de se briser
Je ne vivrai pas pour rien
Si je peux soulager une Vie de la Souffrance
Apaiser une Douleur
Ou aider un Rouge-gorge affaibli
A regagner son Nid
Je ne vivrai pas pour Rien.

Emily Dickinson

vendredi 6 octobre 2017

jeudi 5 octobre 2017

Mourir les yeux ouverts

Jour après jour, méthodiquement, je descends pas à pas dans le gouffre où je disparaitrai bientôt de moi-même. Je quitte hier et tout ce que j’ai été, tout ce que j’ai aimé. Je me dépouille de demain, de l’espoir et du désespoir. C’est mourir avant de mourir, les yeux ouverts sur la transparence de l’être. Il ne demeurera que la lumière…

mardi 3 octobre 2017

Ténèbres de la puissance

Le pouvoir n'est pas mauvais parce qu'il exercé par de mauvaises personnes, le pouvoir est mauvais par principe. Ou plus exactement : le pouvoir est toujours une puissance spirituelle ténébreuse qui s'exerce sur nous. On n'obtient jamais le pouvoir, c'est toujours le pouvoir qui nous obtient. Plus un homme croit avoir le pouvoir, plus il appartient aux ténèbres. Plus un homme se croit puissant par rapport aux autres, plus il dépend d'une puissance supérieure dont il est l'esclave. On ne se libère jamais de la servitude en devenant le maître d'autres hommes. On se libère de la servitude en libérant d'autres hommes.

Pacôme Thiellement, La victoire des sans-roi

lundi 2 octobre 2017

Stylo oiseau

Je me suis endormie autour de mon stylo.
La tête pleine de rires et de corps ondulant en délire, 
je me suis laissée porter par l'oiseau.
Secousse sismique, contrastes scintillants du profond de moi qui m'ignore.
Il m'avale puis me recrache 
entre l'eau et l'écorce où il mouille sa plume.

Ainsi s'écoule mon temps, 
au royaume des songes et vertiges foisonnants.

Sarabacha

dimanche 1 octobre 2017

Aube morte-née

Je manque de poésie comme le poisson échoué sur le sable manque d'oxygène. La déesse s'est enfuie avec ton sourire et moi, je coure derrière en pleurant dans la nuit. Le feu qui me consume n'a plus rien d'éclairant; il rougeoie comme un matin brisé en-deçà de l'horizon, aube morte-née qui se laisse tenter par l'abîme. Tu piétines l'amour au nom de ton ciel mais bientôt le ciel t'engloutira et l'amour survivra, phœnix de mes jours. Il refleurira sans toi.