jeudi 31 juillet 2014

Les habits du diable

Notre époque est mentalement malade et quiconque s'élève dans ce monde qui idolâtre la réussite doit être suspect. Seulement, les psychopathes ne se faufilent plus dans les ruelles à la façon des salauds des films noir et blanc des années 1930. Ils paradent sur les boulevards dans des limousines aux vitres blindées, dirigent des nations et envoient des délégués à l'ONU. (...) Le diable n'a pas d'âge mais s'habille à la dernière mode pour mieux s'avancer dans le monde et tuer plus efficacement.

James Hillman, Le code caché de votre destin

La vie commence maintenant


Pluie d'été. Pourquoi la vie ne sent elle pas toujours aussi bon que dans ces moments où la fraicheur du ciel épouse la chaleur de la terre ? Un sourire d'enfant flotte dans l'air tendre. Où que je me tourne, ses yeux brillants me murmurent : la vie commence maintenant.

Aurore intérieure

Il m'est arrivé dans la vie ce qui n'arrive qu'après la mort : j'ai ouvert les yeux, j'ai vu les visages s'assombrir et Ton soleil monter.


Christian Bobin, le Christ au coquelicots

mercredi 30 juillet 2014

Patiente panification

Il faut longtemps moudre les mots et mourir en silence pour faire cuire le pain du ciel.

Christian Bobin, le Christ aux coquelicots

Aube alchimique

Heure blanche. La nuit livre enfin ses secrets. Un soleil rouge monte sur l'horizon, prometteur d'une journée radieuse. La ville encore endormie bruisse de l'envol des oiseaux de rêve. Oh ! Qui voit cette Alchimie chaque matin renouvelée ?

Le palais du monde

Un jour, on sort du Paradis et on voit ce qu'est le monde: un palais pour les menteurs, un désert pour les purs.
Christian Bobin, le Christ aux coquelicots

Oserai-je ajouter ?... un jardin pour les enfants.

mardi 29 juillet 2014

Le sourire de la terre

Regarde le sourire sur les lèvres de la terre, elle a reposé avec moi encore la nuit dernière.

Hafiz de Shiraz

L'éternité est maintenant

L'éternité ne réside pas dans quelque au-delà. Nous y sommes déjà. Si vous ne la trouvez pas ici bas, vous ne la trouverez nulle part.
Joseph Campbell


Un poème par jour

En brisant sa tête jour après jour aux pieds de son maître quarante ans durant, Hafiz a rendu le chemin facile à ceux qui le suivent. Il suffit d’aimer l’ami intérieur comme il le fit et de lui dédier un poème à chaque jour...


Hafiz de Chiraz est un poète soufi dans la ligne mystique de Mevlana Rûmî. Pendant quarante ans, il a interrogé son maître spirituel Muhammad Attar, autre grand nom du soufisme, le priant de l'éclairer. Tous les jours pendant de nombreuses années, Hafiz a dédié un poème à son maître. Un jour, alors qu'il avait plus de soixante ans déjà, Hafiz a désespéré et a commencé une vigile de quarante jours. Il a tracé un cercle autour de lui et s'est assis au milieu sans manger ni boire pendant ces quarante jours. Au quarantième jour, dit la légende, l'Ange Gabriel lui est apparu et lui a demandé ce qu'il désirait. Juste avant l'aube, Hafiz a alors quitté le cercle et s'est présenté à la maison de son maître. Attar l'attendait à la porte avec une coupe de vin. Hafiz chante pour toujours:

Tout ce que je connais est Amour,
Et je trouve mon cœur Infini,
Partout...

lundi 28 juillet 2014

J'irai jusqu'à ce point inédit du silence




J'irai jusqu'à ce point inédit où silence et paroles se confondent en un seul souffle, en un unique corps vibrant. Pour cela, je remonterai la rivière du doute jusqu'à sa source mystérieuse. Je franchirai un à un les contreforts de l'enfance sans rien en oublier; je ramasserai les jouets égarés pour les ranger en ordre de bataille, je sécherai les larmes en  flaques multicolores répandues, et enfin j'érigerai un autel secret pour rendre au soleil sa dignité. Alors peut-être serai-je prêt à redescendre de la montagne, et m'en venant vers toi, je sourirai…

Vivante vérité

Une peinture de Patricia Matzarian
Quand la vérité entre dans un cœur, elle est comme une petite fille qui, entrant dans une pièce, fait aussitôt paraître vieux tout ce qui s'y trouve.
Christian Bobin, le Christ aux coquelicots

dimanche 27 juillet 2014

Guerrier spirituel

Un guerrier spirituel n’est pas un guerrier. Il ne veut rien, ne blesse personne et ne combat pour aucune cause ni ne poursuit aucun but. C'est pour cela que c’est un guerrier spirituel.

Un guerrier spirituel ne se bat pas. Il n’a pas d’armes ni de cuirasse. À l’adversité, il répond par le rire et l’amour. Tout ce qui lui arrive, il le reçoit comme une bénédiction quand bien même il en comprend rarement le sens. C’est pour cela que sa vie est un combat de tous les instants.

Un guerrier spirituel ne croit pas en Dieu. Il sait bien qu’il est et sera toujours absolument seul en ce monde, sans pouvoir compter sur aucune protection ni trouver quelque refuge. C’est pour cela que la vie est son maître, le monde entier son ami, et qu’il marche dans la main de Dieu et boit à Sa bouche.

Un guerrier spirituel n’est pas spirituel. Il a renoncé au paradis et à l’enfer, à la connaissance et à la vertu. Il honore la beauté dans la moindre fleur et un simple sourire. Il aime la vie, l’ivresse, l’amour charnel et toutes ces couleurs dont se pare la matière.

C’est pour cela qu’il reconnaît l’Esprit en tout être et en toute chose.

Désespoir


Je vous enseigne le désespoir. 

Car quand vous désespèrerez vraiment, vous commencerez à célébrer la vie.

Osho

Guerrier de la lumière


Les guerriers de la lumière se reconnaissent au premier regard. Ils sont au monde, ils font partie du monde. Souvent ils trouvent que leur vie n'a pas de sens. C'est pour cela qu'ils sont des guerriers de la lumière. Parce qu'ils s'interrogent. Parce qu'ils continuent de chercher un sens. Et ils finiront, par le trouver.

Paulo Coelho, Manuel du guerrier de la lumière

samedi 26 juillet 2014

L'âne d'Ésope


Un homme, ayant mis une statue de dieu sur le dos d’un âne, le conduisait à la ville. Comme les passants se prosternaient devant la statue, l’âne, s’imaginant que c’était lui qu’on adorait, ne se tint plus d’orgueil; il se mit à braire et il refusa d’avancer. L’ânier, devinant sa pensée, lui dit en le frappant de son gourdin :

« Pauvre cervelle ! il ne manquait plus que cela, de voir un âne adoré des hommes. »

Ésope (écrivain grec, VIIe, VIe siècle avec J.-C)

Merci à la Licorne qui m'a transmis cette fable ainsi que la photo. J'en profite pour recommander son blogue fabulo de citations et de photos.

Réveille !



À la fine pointe du matin
            perle une beauté sans limites.

C’est une goutte de soleil radieux
            qui tombe,
                        incertaine,
            dans le puits obscur
                        du cœur endormi,
            et qui crie,
                        impudique :

RÉVEILLE !

vendredi 25 juillet 2014

Sur la route

Une fois que vous réalisez que la route est le but et que vous êtes toujours sur la route, non pour atteindre un but mais pour apprécier sa beauté et sa sagesse, la vie cesse d'être une tâche et devient naturelle et simple, en elle-même une extase.



Once you realize that the road is the goal and that you are always on the road, not to reach a goal, but to enjoy its beauty and its wisdom, life ceases to be a task and becomes natural and simple, in itself an ecstasy.

Sri Nisargadatta

Hors du monde

Ce qui s'enfuit du monde c'est la poésie. La poésie n'est pas un genre littéraire, elle est l'expérience spirituelle de la vie, la plus haute densité de précision, l'intuition aveuglante que la vie la plus frêle est une vie sans fin.
Christian Bobin, Carnet du soleil

Investigation

Qu'y a-t-il donc aujourd'hui dans le vent qui me porte un soupçon d'ailleurs ? C'est en descendant verticalement dans l'intensité charnelle du moment présent que je le découvrirai peut-être. Il s'agit d'écarter un à un les voiles suaves pour accueillir ce qui ne se laisse ni saisir ni voir. Si je m'en fais une idée, c'est irrémédiablement perdu.

Soudain, la source d'eau claire dans l'écrin que lui fait le désert immense, patient, inexorable.

jeudi 24 juillet 2014

Rouge secret


Je connais le secret. Je tiens le secret au bout des doigts comme on tient un papillon fragile, entre deux doigts pincés. Il ne faut surtout pas serrer, pas appuyer, pas en dire trop. Le secret, c'est que le cœur de ceux qui meurent explose de joie.
Christian Bobin, Carnet du soleil

mercredi 23 juillet 2014

Sans avenir ni passé


Je me tiens dans le vide. Il n’y a rien à faire dans le vide. Il n’y a même pas de « je » qui tienne dans ce vide : sans avenir ni passé, un parfum de lilas, la pulsation d’un cœur infini dans l’espace grand ouvert…

La mer incolore

Je dois moi-même être soleil,
je dois de mes propres rayons
Peindre la mer incolore
De la divinité totale.

Angelus Silesius

mardi 22 juillet 2014

Splendeur




 Ô Splendeur, tu te tiens de l'autre côté de la lumière, qui te fait comme un vêtement. Tu déposes parfois celui-ci sur un arbre ou dans un sourire, et je te surprends dans ton absolue nudité. La force vive de ta beauté transperce alors en un instant l'hymen de mon cœur qui s'en trouve ravi. Je vois bien que tu attends patiemment que je sorte de la cage du temps pour me prendre par la main et me reconduire à la pure spatialité de l'Être...

La preuve par le neuf

J'ai rêvé cette nuit que quelqu'un dont je ne voyais pas le visage me disait: « il n'y a pas d'autre preuve de l'existence de Dieu que les preuves poétiques ».

Christian Bobin, Carnet du soleil

Bobin for ever


La vie c'est l'ouverture des bras en croix, la chute fleurie dans les abîmes.

Christian Bobin, Carnet du soleil

Je me présente...

Je suis un âne. J’ai le bonheur rare d’être un âne. J’ai de grandes oreilles poilues qui frémissent au moindre murmure, un doux pelage brun que seul caresse le vent, une queue pour chasser les mouches et des sabots qui m’emmènent aussi loin que je puisse désirer. Je suis rétif au licol, et je réserve mon fameux "coup de pied de l’âne" à ceux qui veulent m’attacher…

D’aucuns croient qu’il faudrait m’apprivoiser, me civiliser un peu. Je braie de rire à leur approche. Quand ils essaient de me monter, je les désarçonne. À la carotte qu’ils me tendent, je montre mon postérieur. Le bâton qu’ils lèvent sur moi, je le mange. Il n’y a pas d’enclos hors duquel je ne puisse sauter, dans la pure joie d’être qui ne se laisse pas saisir.

Je suis plus libre que la liberté elle-même car j’ai abandonné ce concept, et tous les autres qui le suivaient comme perles enfilées. Quand il ne reste plus personne pour être libre, qui parlera de liberté ?

Par là, je rejoins mon ami le Cerf Fugitif…

Seul un enfant nouveau-né peut sur mon dos trôner comme un prince portant enfin la fraîcheur du Nouveau au monde. Moi l’âne, je garde le temple de la discrète, je protège la virginité des choses et des êtres telle qu’au premier matin, et je m’offre en humble porteur du Roi de Justice. Je connais le secret de la Rose mystique qui consacre l’âne au service de la Beauté.

Ne me le demandez pas, je ne saurais que vous rire au nez…