samedi 30 novembre 2019

Ensemencement

Mourir...
Et si c'était
Vivre
Avec d'autres yeux
D'autres mains
D'autres pas
Dans un arpent de soleil.

Lug Lavallée

jeudi 21 novembre 2019

Une vie


Quelqu’un m’a demandé mon âge, après avoir vu la vieillesse grisonner sur mes tempes. Je lui ai répondu : « Une heure. Un jour, par surprise, j’ai donné un baiser à celle qui tient mon cœur. Si nombreux que doivent être mes jours, je ne compterai que ce court instant, car il a été vraiment toute ma vie. » 

Ibn Hazm

L'île verte


Littoral parfumé
Par le passage des vents
Revêtus de lavande et de roses
Dans la chevelure de l'hiérochloé.

Au large
L’île
Barque au repos
Bercée par le roulis
Des respirations oubliées.

Les oies blanches
Y tiennent leurs colloques
Se racontent le vaste monde
À travers les lichens et les vases saturées.

Lug Lavallée

mercredi 20 novembre 2019

Invictus


Dans les ténèbres qui m'enserrent
Noires comme un puits où l'on se noie
Je rends grâce aux dieux, quels qu'ils soient
Pour mon âme invincible et fière.
Dans de cruelles circonstances
Je n'ai ni gémi ni pleuré
Meurtri par cette existence
Je suis debout, bien que blessé.
En ce lieu de colère et de pleurs
Se profile l'ombre de la Mort
Je ne sais ce que me réserve le sort
Mais je suis, et je resterai sans peur.
Aussi étroit soit le chemin
Nombreux, les châtiments infâmes
Je suis le maître de mon destin
Je suis le capitaine de mon âme.

William Ernest Henley (1843-1903)


Texte original :

Out of the night that covers me,
Black as the pit from pole to pole,
I thank whatever gods may be
For my unconquerable soul.

In the fell clutch of circumstance
I have not winced nor cried aloud.
Under the bludgeonings of fate
My head is bloody, but unbowed.

Beyond this place of wrath and tears
Looms but the Horror of the shade,
And yet the menace of the years
Finds and shall find me unafraid.

It matters not how strait the gate,
How charged with punishments the scroll,
I am the master of my fate:
I am the captain of my soul.

mardi 19 novembre 2019

Cercle en silence


Les soirs se creusent
sous ton œil. Recueillies
avec la lèvre, des syllabes – beau
cercle en silence –
guident l’étoile qui rampe
vers leur centre. La pierre,
autrefois proche des tempes, ici s’ouvre.

Paul Celan

lundi 18 novembre 2019

Mon homme au panache


Mon homme au panache d'orignal
mon homme chasseur de soleils
au pays du nagual
mon homme tourneur souffleur
au pays de Rumi

mon homme aux bras transes
des forêts boréales
mon homme au cœur
de voie lactée
mon homme au torse
de montagne glacière

mon homme aux hanches marines
aux voilures d'appel et de silence
d'oriflammes et d'exil
plongeur abyssal
des marées vénusiennes
nomade des déserts bleus

mon homme stellaire 
cent têtes pour la tienne
mille bouches pour ta parole
un million de soupirs à ton chevet
huit milliards d'âmes pour un Ange

mon homme poète d'un jour
de l'inaltérable soif de l'instant
surgit du néant
par ton vers alchimique

mon homme contemporain
des  Lémuriens  Égyptiens
Grecs Romains des Cathares 
des rois et roturiers 
des Crésus et Mendiants
d'éternité
de Mozart Hugo Einstein
Jung Luther Lincoln Malraux

mon homme Prince de Saint-Exupéry

mon homme Christ
ressuscité
Vivant parmi les Survivants
Homme Mage

Quantum du souffle matriciel 

Cygne blanc


mardi 12 novembre 2019

Métamorphose


Toute oeuvre d'art est une possibilité permanente de métamorphose, offerte à tous les hommes.

Octavio Paz

lundi 11 novembre 2019

Inconscient corporel


Je crois que le sang et la chair ont plus de sagesse que l'intelligence. L'inconscient corporel est le lieu où la vie bouillonne. C'est là que nous nous sentons vivant, en intime connexion avec les profondeurs de nos âmes et de l'affleurement indéfinissable du cosmos.

D.H. Lawrence. 

Mots usés


Il y a un moment où les mots s'usent. Et le silence commence à raconter.

Khalil Gibran

samedi 9 novembre 2019

Première neige


Neige, neige
Plus blanche que linge,
Femme lige
Du sort : blanche neige.
Sortilège !
Que suis-je et où vais-je ?
Sortirai-je
Vif de cette terre

Neuve ? Neige,
Plus blanche que page
Neuve neige
Plus blanche que rage
Slave...
Rafale, rafale
Aux mille pétales,
Aux mille coupoles,
Rafale-la-Folle!

Toi une, toi foule,
Toi mille, toi râle,
Rafale-la-Saoule
Rafale-la-Pâle
Débride, dételle,
Désole, détale,
À grands coups de pelle,
À grands coups de balle.

Cavale de flamme,
Fatale Mongole,
Rafale-la-Femme,
Rafale : raffole.

Marina Tsvetoïoeva

vendredi 8 novembre 2019

Key West


Key West, dernier grain du chapelet américain
Tendu pour les noces du grand caïman- chaman cubain
Avec la magie des Antilles
Et la lente gestation des soleils à venir
Dans les rêves des cénotes mexicains
Creusés par les étoiles amantes de la Terre.

Sur les terrasses
Kennedy vaincu par Castro
Moctezuma par Cortès
Hemingway dans un déjeuner sans fin
Page après page
Vague après vague.

Lug Lavallée

jeudi 7 novembre 2019

Nouveau départ


Il y aura toujours une autre occasion, un autre ami, un autre amour, une force nouvelle. Pour chaque fin il y a toujours un nouveau départ.

Antoine de Saint-Exupéry

lundi 4 novembre 2019

Épaisseur de la nuit


L'éclat de la lumière qu'un être est capable de tirer de soi en se meurtrissant aux silex de la route, se mesure à l'épaisseur de la nuit, à la profondeur des abîmes dans lesquels il peut avancer sans sombrer. 

Raymond Abellio - Les yeux d'Ezéchiel sont ouverts

dimanche 3 novembre 2019

Le cadeau d'un nouveau jour


Il y a de la beauté autour de nous, dans des choses grandes et petites, dans les amis,dans la famille, dans le paysage, dans le chant d'un oiseau. Arrêtez-vous pour réfléchir, pour remercier le cadeau d'un nouveau jour. Touchez les merveilles de la vie et réjouissez-vous.

Anton Tchekhov

samedi 2 novembre 2019

Descente


Les nuages sont revenus,
Et la treille qu’on a saignée
Tord ses longs bras maigres et nus
Sur la muraille renfrognée.
La brume a terni les blancheurs
Et cassé les fils de la vierge ;
Et le vol des martins-pêcheurs
Ne frissonne plus sur la berge.

Les arbres se sont rabougris,
La chaumière ferme sa porte,
Et le joli papillon gris
A fait place à la feuille morte.
Plus de nénuphars sur l’étang ;
L’herbe languit, l’insecte râle,
Et l’hirondelle, en sanglotant,
Disparaît à l’horizon pâle.

Maurice Rollinat