mercredi 20 août 2014

L'ombre et le chaman


L’ombre était vraiment comme une femme amoureuse. Elle m’a dit : « Désire-moi, Luis. Chaque fois que tu me désireras, je viendrai. J’obscurcirai tes contours. Je ferai de toi un homme inaperçu, je protègerai ton travail, tes plaisirs, ton être. Je t’aiderai aussi à te tenir éveillé. La lumière endort la vigilance. Moi, l’ombre, je la ravive sans cesse. La lumière efface la profondeur. Moi, l’ombre, je suis sans fond. N’oublie pas, Luis. Quand tu es en moi, la lumière, c’est toi. Chaque fois que tu le voudras, je te laverai de tes certitudes paresseuses, je t’apprendrai à dire « encore, encore, encore », et je t’entraînerai toujours plus loin dans les mystères de la vie. »
Henri Gougaud, les sept plumes de l'aigle

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