vendredi 22 août 2014

Le souffle du saint


Je me promenais dans les montagnes, j’y vis plusieurs infortunés, affligés de maladies, qui s’étaient réunis autour d’une grotte.
— "Que se passe-t-il ?" demandai-je.
— "Il y a ici un homme très pieux qui vit cloîtré, répondirent-ils. Il sort une fois l’an, répand son souffle sur les gens, et ils sont tous guéris. Puis il retourne dans sa grotte, et n’en ressort que l’année suivante."

J’attendis patiemment qu’il sorte. Et je vis un homme aux joues très pâles, décharné, les yeux cernés. Je tremblai de peur en le voyant. Il regarda la foule avec compassion. Puis il leva les yeux au ciel, et souffla plusieurs fois en direction des malades qui, tous guérirent.
Comme il allait se retirer dans sa cellule, j’attrapais un pan de son vêtement.
— Pour l’amour de Dieu, m’écriai-je "Vous avez guéri ce qui est dehors ; priez pour guérir ce qui est dedans."
— "De Dhu-l-Nun," at-il dit, en me regardant, "Lâchez-moi. L’Ami regarde depuis le sommet de sa grandeur et de sa majesté. S’Il vous voit vous attacher à un autre que Lui, Il vous abandonnera à cette personne, et cette personne à vous, et vous périrez chacun dans la main de l’autre."

Il se retira sur ces mots.

Traduction par Michèle Le Clech de l’extrait de Farîd ud-Dîn ‘Attâr, Muslim Saints and Mystics, p 93-94, quoted by Llewellyn Vaughan-Lee in Catching the Thread. Vous pouvez retrouver ce texte à l'adresse suivante: http://carnetsdereves.wordpress.com/2014/08/21/le-souffle-du-saint, et beaucoup de savoureuses nourritures pour l'âme sur les Carnets de rêve.

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