lundi 31 août 2015

Da !

Da
Da
  Lili
    Ama
Da
    Sous l'aile du Dalaï Lama
Lili
Die

Da
Cygne blanc
 
 

dimanche 30 août 2015

Fenêtre ouverte

ake mado no
mukashi o shinobu
sugure yume


La fenêtre ouverte
tout le passé me revient - 
bien mieux qu'un rêve !
Ryokan

samedi 29 août 2015

Certitude

Si réelle est la blanche lumière
de cette lampe, réelle
la main qui écrit, sont-ils réels
les yeux qui regardent ce qui est écrit ?

D’un mot à l’autre
ce que je dis s’évanouit.
Je sais que je suis vivant
entre deux parenthèses.

Octavio Paz

vendredi 28 août 2015

Ombre brûlée

Nuit de chairs confrontées
Nuit de sangs confondus

Nous aurons bu ta flamme
Jusqu'à brûler notre ombre

À rompre enfin le cri
François Cheng

mercredi 26 août 2015

Trou noir


Je promène le trou noir de mon âme au grand soleil. Le rouge éclatant des roses, les rires frais des enfants et les senteurs d'été, les jeux dansants de la lumière sur l'eau vive - tout tombe dans cet abime sans fond que je suis devenu à moi-même, sans retour.

Au cœur de cette singularité existentielle, il n'est rien, pas même moi. Et pourtant, ô merveille ! Je n'y suis pas seul...

mardi 25 août 2015

Amie, Ami

Il est très important pour nous deux que tu réalises vraiment que je vis ce que j'écris
et que tu peux toi aussi vivre ce que tu lis.

Pour toi, à travers ta lecture attentive, j'écris une nouvelle fois les mots que tu lis.
L'espace et le temps n'existent pas vraiment.
Nous sommes ensembles.

On laisse facilement glisser entre les doigts de la pensée, le sable du présent.
Passe le temps rythmé par le sablier de l'égo.
Devant le petit tas de sable coulant et grandissant
on réalise que trop souvent on n'est pas assez présent !
Jean-Jacques Prade

lundi 24 août 2015

Préparation

La ville s'ouvre comme un cœur
Comme une figue la fleur qui est fruit
Désir plus qu'incarnation
Incarnation du désir
Quelque chose se prépare
                                              dit le poète.
Octavio Paz

dimanche 23 août 2015

Comme des oiseaux


Comme des Oiseaux
Posés
Pieds dans l'eau
Baignés de Silence
Mystérieux chant
Celui de l'Immense
Apprivoisé
Au temps du rassemblement
Cygne blanc

samedi 22 août 2015

vendredi 21 août 2015

Laisser tout libre

Je vous adjure de laisser tout libre, comme j'ai laissé tout libre. Qui que vous soyez qui me tenez la main, lâchez-moi et allez votre chemin.
Walt Whitman

jeudi 20 août 2015

Le baiser de la reine

Je marche du côté obscur de la vie. La plupart courent vers la lumière, veulent s'établir à demeure dans la face claire des choses ou pire, ne rêvent que de monter sur scène sous les feux des projecteurs. Ils oublient que trop de lumière émousse l'esprit. Ils ignorent combien elle est amoureuse de l'ombre, avec quelle joie elle la pénètre doucement. Alors, je me délecte de ma solitude abyssale tandis que je descends dans les gouffres les plus noirs. De là, je peux contempler à mon aise le manteau que les étoiles font à l'immensité, l'enveloppant comme une reine sa parure. J'attends mon heure, quand enfin elle laissera tomber ce vêtement en se penchant sur moi pour m'embrasser.

mardi 18 août 2015

Ce dont naissent les êtres humains


Cherchez à connaître ce dont naissent tous les êtres humains, ce dont ils vivent quand ils sont nés, et ce vers quoi ils vont, ce dans quoi ils se fondront.
Taittirya Upanishad

lundi 17 août 2015

Cercle sur cercle


Il traça un cercle, dont j'étais exclu -
Hérétique, rebelle, bon à rejeter.
Mais nous savions, l'amour et moi, comment gagner :
Nous traçâmes un cercle autour du premier.

Edwin Markham

dimanche 16 août 2015

Le centre

Le
   centre
             est

   d'où
          viennent

Les murmures
François Cheng

samedi 15 août 2015

Les gens fatigués


À quoi reconnaît-on les gens fatigués. À ce qu'ils font des choses sans arrêt. À ce qu'ils rendent impossible l'entrée en eux d'un repos, d'un silence, d'un amour. Les gens fatigués font des affaires, bâtissent des maisons, suivent une carrière. C'est pour fuir la fatigue qu'ils font toutes ces choses, et c'est en la fuyant qu'ils s'y soumettent. Le temps manque à leur temps. Ce qu'ils font de plus en plus, il le font de moins en moins. La vie manque à leur vie. 

Christian Bobin

vendredi 14 août 2015

Mourir avant de mourir


Le secret de la vie, c'est de "mourir avant de mourir" et de découvrir que la mort n'existe pas.

Eckhart Tolle

jeudi 13 août 2015

Silence


Au commencement était le Silence. Du sein du Silence est né le Son. Le Son est l'Amour. Le Son est le Fils du Seigneur. Le Seigneur est le Silence. Au sein du Silence reposait le Son.

Dialogues avec l'Ange.

mercredi 12 août 2015

Énivrez-vous


Il faut être toujours ivre, tout est là ; c'est l'unique question. Pour ne pas sentir l'horrible fardeau du temps qui brise vos épaules et vous penche vers la terre, il faut vous enivrer sans trêve.

Mais de quoi? De vin, de poésie, ou de vertu à votre guise, mais enivrez-vous!

Et si quelquefois, sur les marches d'un palais, sur l'herbe verte d'un fossé, vous vous réveillez, l'ivresse déjà diminuée ou disparue, demandez au vent, à la vague, à l'étoile, à l'oiseau, à l'horloge; à tout ce qui fuit, à tout ce qui gémit, à tout ce qui roule, à tout ce qui chante, à tout ce qui parle, demandez quelle heure il est. Et le vent, la vague, l'étoile, l'oiseau, l'horloge, vous répondront, il est l'heure de s'enivrer ; pour ne pas être les esclaves martyrisés du temps, enivrez-vous, enivrez-vous sans cesse de vin, de poésie, de vertu, à votre guise.

Charles Baudelaire 

mardi 11 août 2015

Ensemble


Ensemble, nous arriverons là où toutes les rivières se rejoignent. Notre seul ennemi est l'illusion qui consiste en nous croire séparés, coupés de la Grande vie qui nous réunit.

Ensemble, nous pleurerons toutes nos larmes et nous rirons aux étoiles. Le temps ne peut rien contre nous car nous sommes déjà dans l'Éternité.

Ensemble, nous ensemencerons la nuit et nous récolterons des jours lumineux comme des soleils nouveau-nés. Notre liberté ne sera entière que lorsque le moindre de nos frères, la plus humble de nos sœurs, marchera libre dans le ciel.

Ensemble, nous couvrirons alors la terre de baisers qui s'envoleront comme papillons multicolores pour aller féconder l'Infini.

lundi 10 août 2015

Pureté


Il y a en nous une pureté que rien ne sait corrompre, ni le monde ni nous-mêmes dans notre asservissement au monde : cette pureté est notre seul lieu de séjour dans cette vie, que nous en ayons conscience ou non.
Christian Bobin

dimanche 9 août 2015

Migrance


Rouges flots
Ô navire mirage
A marée de chaines
Corps au mât
Coulés d'amertume
Suppliant
Sous un soleil de plomb

          Migrance

          Blanc drapeau
          Ô navire sauvetage
          A marée certaine
          Veille au mât
          Voilé de brume
          Continent
          D'un monde
                 
                     Bleu hublot
                     Ô navire nuage
                     A marée humaine
                     Bras en mâts
                     Drapés d'écume
                     Dansant
                     Sous une pluie d'or

                                  Survivance 
 
 
                                        Cygne blanc

Nagasaki


Je suis désolé
Je demande pardon
Je remercie
Je t'aime
Ho’Oponopono

samedi 8 août 2015

Sourire


Le sourire est pont au-dessus de l'ancien abîme, entre l'animal et ce qui est au-delà de l'animal, un abîme profond. Le sourire est le pont. Pas le rictus ni le rire. Le sourire. Le rire est le contraire des pleurs. Le sourire n'a pas de contraire.
Dialogues avec l'Ange

vendredi 7 août 2015

Mur de verre

Il y a un mur de verre entre moi et moi. D'un côté du mur, il y a un homme policé qui fait tout ce qu'il a à faire. C'est le royaume des machines où tout est réglé comme du papier à musique; la mort y trône subreptice, robotisée. De l'autre côté, il y a un champ de bataille avec des ruines encore fumantes où il règne une étrange paix. Partout, des trous d'obus et des corps désarticulés dans des positions grotesques, en grandes conversations avec des nuées de corbeaux. À l'horizon, un jeune soleil rougeoyant point, rageur, bien décidé à enflammer le monde !

jeudi 6 août 2015

La petite fille


C'est moi qui frappe aux portes,
aux portes, l'une après l'autre.
Je suis invisible à vos yeux.
Les morts sont invisibles.

Morte à Hiroshima
il y a plus de dix ans,
je suis une petite fille de sept ans.
Les enfants morts ne grandissent pas.

Mes cheveux tout d'abord ont pris feu,
mes yeux ont brûlé, se sont calcinés.
Soudain, je fus réduite en une poignée de cendres,
mes cendres se sont éparpillées au vent.

Pour ce qui est de moi,
je ne vous demande rien :
il ne saurait manger, même des bonbons,
l'enfant qui comme du papier a brûlé.
Nâzim Hikmet


mercredi 5 août 2015

Psaume

Personne ne nous pétrira de nouveau de terre et d'argile,
personne ne soufflera la parole sur notre poussière.
Personne.

Loué sois-tu, Personne.
C'est pour te plaire que nous voulons
fleurir.
À ton
encontre.

Un Rien,
voilà ce que nous fûmes, sommes et
resterons, fleurissant :
la Rose de Néant, la
Rose de Personne.

Avec
le style, lumineux d'âme,
le filet d'étamine, ravage de ciel,
la couronne rouge
du mot pourpre que nous chantions,
au-dessus, ô, au-dessus
de l'épine.

Paul Celan

mardi 4 août 2015

Mots derniers

Tonte des femmes à leur arrivée au camp - Jan Komski

On voudrait être un baume sur tant de plaies.

Etty Hillesum

lundi 3 août 2015

L'invité


C'est bien avant le soir
qu'entre chez toi celui qui a échangé le salut avec l'obscurité.
Et bien avant le jour
qu'il s'éveille,
et attise avant de partir un sommeil,
un sommeil résonnant de pas :
tu l'entends traverser à grandes enjambées les lointains
et lances au loin là-bas ton âme.


Paul Celan

samedi 1 août 2015

Premier Août

J'apporte l’œillet
De ta boutonnière
Je me souviens
Que tu aimes les œillets
J'aurais choisi des roses
Mais ce sera pour la Cérémonie

Samedi seize heures
Premier Août 1992
Les cloches sonnent
Le téléphone appelle
Notre témoin Nelson

Venue
 Dans ma robe blanche
Je me pose 
Au pied de l'Hôtel-dieu
Emma à mes côtés
Tu es là
Trop sage

Paul

Parmi les roses 
Et les couronnes

Tu dors
Au seuil de ton cercueil

A ta boutonnière
L’œillet veille
A mon doigt
Une larme de cristal
Fleur d'éveil

Sous ce ciel
Nos amis  nos amants
Ont répondu  Non
Ont pleuré ton Nom
       Paul Antoni

          Ici git
    Notre Amour
          Infini...

                       Cygne blanc