mardi 30 septembre 2014

Disons-le franchement

Vous êtes la vérité vivante. 

Vous êtes la vérité qui doute d'elle-même, la vérité qui se cherche partout, la vérité qui se projette au-dehors jusqu'à ce qu'inévitablement, elle se retrouve.

Quand vous reconnaîtrez-vous ?

Plus d'amour


Le seul remède à l'amour, c'est plus d'amour.

Henri Thoreau

lundi 29 septembre 2014

Rien n'est comme avant

Il est impossible que je sois éveillé car rien n'est comme avant. Ou alors, c'est la première fois que je m'éveille, et tout ce que j'ai connu avant n'était que sommeil.
Walt Whitman

Longissima via


Malheureusement, le juste chemin vers la totalité est constitué des détours et des erreurs que nous apporte le destin. C'est une longissima via (une voie très longue), non pas rectiligne, mais tortueuse, qui unit les contraires; elle rappelle le caducée, conducteur et guide; c'est un sentier dont les méandres labyrinthiques ne sont pas dépourvus de terreurs.

Carl Jung, Psychologie et Alchimie

Reine de la nuit


Souvent, je reviens à l'obscurité et je demande audience à la reine de la nuit. Quand elle m'embrasse, elle me broie à chaque fois, me déshabillant de toutes mes certitudes, réduisant à néant mes pauvres subterfuges. Dans ses bras, je suis intimement défait jusqu'à être  ramené sans appel à la pesanteur inexorable de vivre. Quand elle me laisse, je suis exsangue, sans force. Avec bonté, elle me montre alors le passage étroit par lequel je renaîtrai, demain, en prenant le chemin toujours renouvelé du jeune soleil qui s'en va, chaque matin, danser sa joie d'être au-dessus des gouffres.

dimanche 28 septembre 2014

Ailes d'or

La vie est une aventure créatrice, comme un plongeon dans le vide avec la certitude confiante qu'il y aura des bras là, en bas, pour nous rattraper. Tu peux passer tout le temps que tu veux au bord de la piscine, mon ami, à te demander s'il faut y aller ou non, s'il y aura quelqu'un pour te recevoir ou pas — prends garde seulement à la nuit car elle tombe vite. Il serait dommage de devoir rentrer à la maison avant que tu n'aies trouvé le courage de te lancer dans ta propre vie et d'ouvrir tes ailes d'or.

Bonté de la vie


Tout ce qui fait accepter la vie est bon. Tout ce qui nous fait la refuser est médiocre et provisoire.
Jacques Lusseyran

samedi 27 septembre 2014

Surprise luminescente


Sans traîner 
sans douter 
toujours intrépide 
marche vers la clarté 
l’œil grand ouvert. 

De ton épée bien tranchante 
fraie-toi un chemin 
jusqu'à la surprise luminescente 
de l'illumination. 

À chaque carrefour 
prépare-toi à t'émerveiller. 

James Broughton, traduction venant de Tim Freke, l'expérience de l'instant présent

vendredi 26 septembre 2014

Rendez-vous dans le silence


Que dis-tu, mon âme ? Je ne t'entends pas bien. Je sais, c'est moi qui fait tout ce bruit qui couvre ton murmure... 

Tout à l'heure, dans ce sourire où j'ai cru te reconnaître, était-ce bien toi ? Il m'a semblé que tu te parais de couleurs automnales qui disaient une douce tristesse. Je suis comme l'arbre qui, devant ma fenêtre, dénie toute pensée d'hiver pour espérer le printemps - comme lui, je ne crains pas la solitude ni le froid, ni de me mettre à nu devant toi pour me renouveler. Il n'est que ton apparente absence pour m'inquiéter parfois, aussi je te donne rendez-vous dans le silence. C'est promis : quand nous nous retrouverons, je me tairai et tu pourras toi aussi ne rien dire tant je serai heureux d'être là, simplement avec toi.

Le prix du doute

Le doute me ronge. Et si tout n'était qu'illusion ? Si rien n'existait ? Dans ce cas, j'aurais payé ma moquette beaucoup trop cher.
 Woody Allen

jeudi 25 septembre 2014

Liberté chérie

Je n'aime rien tant que me promener dans une ville inconnue, où personne ne m'attend. C'est à chaque fois comme une nouvelle rencontre amoureuse, le tendre vertige que procure un parfum jamais encore humé — la vie est ouverte, entièrement neuve, délicieuse dans sa nudité et elle me tend les bras. Ma seule pratique consiste en installer cet espace au cœur de chaque instant, ici comme ailleurs dans l'illimité.

Jaillissements de l'absolu

Il n'y a dans une vie que quatre ou cinq événements fondateurs, quatre ou cinq jaillissements de l'absolu. Ton sourire est un de ces événements qui enflamment la nuit où je m'en vais confiant.
Christian Bobin, Carnet du soleil

Pratique disparue


Toute pratique a disparu
Je ne suis plus que poésie

Rûmi

mercredi 24 septembre 2014

Don de sang

On ne sait pas ce qu'est la poésie, on sait juste que c'est donner son sang aux anges qui passent.
Christian Bobin, Une petite bibliothèque de nuages

Abîme

Œil noir, tableau de Nathalie Léonard

Si tu regardes trop longtemps l’abîme, l’abîme aussi regardera en toi.
 
Frédéric Nietzsche

mardi 23 septembre 2014

Sortir de la pensée

S'éveiller sur le plan spirituel, c'est s'éveiller du rêve de la pensée.

Le domaine de la conscience est trop vaste pour être saisi par la pensée. Lorsque vous ne croyez plus tout ce que vous pensez, vous sortez de la pensée pour voir que le penseur n'est pas votre être essentiel.
Eckhart Tolle, Quiétude

Le manteau des sages

Ô Fille de la Terre
Je veux t'enseigner
Le Silence intérieur.
Il est ce manteau dans lequel
S'enveloppent les Sages.
Chacune de leurs paroles est une étoile
Qui éclaire la nuit des hommes,
Et leurs discours sont des soleils
Qui font se lever
Des jours nouveaux.
Chant de l'Éternité, stance 6, Selim Aïssel

lundi 22 septembre 2014

Apprentissage

Apprendre, c'est découvrir ce que tu sais déjà

Faire, c'est démontrer que tu le sais.

Enseigner, c'est rappeler aux autres qu'ils savent aussi bien que toi. Vous êtes tous apprenants, faisants, et enseignants.
Richard Bach, Illusions

Excavation du réel

Photo empruntée ici.

 Il faut dynamiter le présent. Bien disposer les charges implosives, veiller à ce que rien ne dépasse pour que tout trépasse. Et puis il y a l'étincelle de conscience, le peu qui met le feu aux poudres. Un bruit assourdissant, le silence qui retombe, flasque et vide. Un grand trou, la fameuse vacuité: ah, ce n'est que cela ?

dimanche 21 septembre 2014

Le pet d'éveil


Abu Bakh (Dieu veille sur lui !) cheminait un matin avec quelques disciples.

Le sage allait devant, assis sur son baudet. Les autres étaient à pied. Comme ils allaient ainsi sous le soleil content, l'âne lâcha un pet. Bouleversement d'Abu Bakh. Il sursauta en gémissant comme un amant soudain éperdu de bonheur, il se déchira la chemise, la face au ciel, riant, pleurant.

- Seigneur, s'exclama-t-il, Seigneur, comme je T'aime ! Comme Tu parles juste et clair dans Ton infinie compassion !

Ses disciples se regardèrent, déconcertés, les sourcils hauts. L'un d'eux osa lui demander :

- Maître, que vous arrive-t-il ? Un âne pète et Dieu vous vient ? L'air nous manque, expliquez-nous vite !

Il répondit :

- Mes chers enfants, comme nous allions sous la brise, l'âme en paix et le corps aussi, je pensais : « Je chevauche droit, bien au chaud dans mon grand manteau, mes disciples sont là autour, trottinant au plus près de moi. Ils sont discrets, ils me respectent, ils se disputent le plaisir de tenir la bride de l'âne. Décidément, je suis quelqu'un. Je suis un cheikh considérable. 

Voilà comment, le jour venu, honoré de la terre au ciel, j'entrerai dans la haute gloire de la résurrection des saints ! » Comme je me disais cela, l'âne péta.

Réponse brève à ma litanie d'âneries, mais d'une justesse si pure que extase m'en est venue. 

Merci à Amezeg d'avoir porté à ma connaissance ce conte raconté par Henri Gougaud ici: http://www.cles.com/chronique/le-pet-d-eveil

samedi 20 septembre 2014

Âmes vastes


Je n'aurai de cesse que de chercher à entrer dans l'Ouvert pour m'y absenter tandis que le monde continuera de tourner sur lui-même comme une toupie. Là, au centre de tout et à la périphérie de nulle part, je te retrouverai et nous trinquerons à la beauté de la vie en fumant de petits cigares. Nos âmes se sauront alors vastes et, sans un mot. elles prendront le chemin tracé par les volutes de fumée pour se dissoudre dans la paix du soir.

Je sais comment tu peux devenir

Je sais comment tu peux devenir
Lorsque tu n’as pas eu ton breuvage d’Amour

Ton visage s’endurcit
Tes tendres muscles se crispent
Les enfants deviennent inquiets
Du drôle d’air qui s’installe dans tes yeux
Un air qui commence à inquiéter même ton miroir,
Et ton nez aussi.
Les écureuils et les oiseaux perçoivent ta tristesse et appellent une importante conférence dans un grand arbre
Ils décident du code secret qu’ils vont chanter pour aider ton âme et ton esprit.
Mêmes les anges craignent cette forme de folie
Qui se tourne contre le monde
Et jette des cailloux pointus et les lances sur les innocents et jusqu'à l’intérieur de soi…
 

Oh, je sais comment tu peux devenir
Lorsque tu n’as pas été boire l’Amour
 

Tu pourras réduire en miettes chaque phrase dite par tes amis et professeurs, à la recherche de clauses cachées.
Tu pourras peser chaque mot sur une balance-comme un poisson mort.
Tu pourras sortir une règle pour mesurer, de tous les angles de ta noirceur, les belles dimensions d’un cœur qui t’a déjà inspiré confiance.
 

Je sais comment tu peux devenir
Lorsque tu n’as pas bu à la main de l’Amour
 

Voilà pourquoi Hafiz dit :
Approche ta coupe de moi
Puisque je suis ce bon vieux vagabond avec un baril qui coule sans cesse de lumière et de rire et de vérité, un baril que le Bien Aimé a attaché a mon dos
Très cher, s’il te plaît, approche ton cœur de moi, puisque tout ce qui m’importe est d’étancher ta soif de liberté.
Tout ce qu’un homme sain d’esprit peux vraiment vouloir, est donner de l’Amour !"



Hafiz, from I heard God Laughing, Renderings of Hafiz, translated by Daniel Ladinsky

vendredi 19 septembre 2014

L'épée du Mulla

Un homme voit le Mulla Nasrudin passer sur son âne et l'interpelle:
- Je te vois bien fringant, Nasrudin. Où vas-tu ?
- Hé, l’ami, je pars en voyage !
- Sur ton bel âne ? C’est risqué. Les brigands infestent les routes. Ils pourraient bien te le voler.
- Tu crois vraiment ? Tu me fais peur !
- Prends donc mon épée, dit l’ami. Tu pourras au moins te défendre si viennent des malandrins.
- Grand merci, frère. Sois béni !
Le Mulla Nasrudin s’en va sur son âne, en sifflotant, son arme au poing. Le voici au bord du désert. Personne à l’horizon qu’un homme qui s’approche à grands pas de lui. « Par Allah, se dit Nasrudin, sa mine me paraît suspecte. Il est plus poussiéreux que moi. Assurément, c’est un voleur. » Dès qu’il est à portée de voix :
- Halte-là ! Parlons, soyons simples.
Et brandissant haut son épée :
- Tu vois cette arme magnifique ? Je te la donne, elle est à toi. Mais tu ne me prends pas mon âne.
L’innocent voyageur accepte. « Drôle d’aubaine ! » se dit-il. Il prend, remercie mille fois. Nasrudin s’éloigne, content sur sa trottinante monture. « Mon ami, pense-t-il, avait cent fois raison. Rien de mieux qu’une épée pour conserver son âne. »
Henri Gougaud, L’Almanach
 

L'Ouvert


De tous ses yeux la créature
voit l'Ouvert. Seuls nos yeux
sont comme retournés et posés autour d'elle
tels des pièges pour encercler sa libre issue. 


Ce qui est au-dehors nous ne le connaissons
que par les yeux de l'animal. Car dès l'enfance
on nous retourne et nous contraint à voir l'envers,
les apparences, non l'ouvert, qui dans la vue
de l'animal est si profond. Libre de mort.
Nous qui ne voyons qu'elle, alors que l'animal
libre est toujours au-delà de sa fin:
il va vers Dieu; et quand il marche,
c'est dans l'éternité, comme coule une source.


Mais nous autres, jamais nous n'avons un seul jour
le pur espace devant nous, où les fleurs s'ouvrent
à l'infini. Toujours le monde, jamais le
Nulle part sans le Non, la pureté
insurveillée que l'on respire,
que l'on sait infinie et jamais ne désire. 


Il arrive qu'enfant l'on s'y perde en silence,
on vous secoue. Ou tel mourant devient cela.
Car tout près de la mort on ne voit plus la mort
mais au-delà, avec le grand regard de l'animal,
peut-être. Les amants, n'était l'autre qui masque
la vue, en sont tout proches et s'étonnent...
Il se fait comme par mégarde, pour chacun,
une ouverture derrière l'autre... Mais l'autre,
on ne peut le franchir, et il redevient monde.


Toujours tournés vers le créé nous ne voyons
en lui que le reflet de cette liberté
par nous-même assombri. A moins qu'un animal,
muet, levant les yeux, calmement nous transperce.
Ce qu'on nomme destin, c'est cela: être en face,
rien d'autre que cela, et à jamais en face. 


Rainer Maria Rilke, huitième élégie de Duino

jeudi 18 septembre 2014

Libre de la haine et de l'amour


La grande Voie n'est pas difficile,
il suffit d'éviter de choisir.
Si vous êtes libre de la haine et de l'amour,
elle apparaît en toute clarté.
 

S'en éloigne-t-on de l'épaisseur d'un cheveu,
un gouffre sépare alors le ciel et la terre.
Si vous voulez la trouver,
Ne tentez pas de suivre ni de résister.
 

La lutte entre le pour et le contre,
voilà la maladie du cœur !
Ne discernant pas le sens profond des choses,
vous vous épuisez en vain à pacifier votre esprit.
 

Perfection du vaste espace,
il ne manque rien à la Voie, il n'y a rien de superflu.
En recherchant ou en repoussant les choses,
nous ne sommes pas en résonance avec la Voie.


Sin Sin Ming

Le Sin Sin Ming, aussi appelé Hsin Hsin Ming ou Xin Xin Ming, est un poème attribué au troisième patriarche du Chan, l'ancêtre chinois du bouddhisme zen. Ce texte est la plus ancienne expression connue de cette voie, dont le nom (Chan 禪) signifie « méditation silencieuse ». Vous le trouverez en version intégrale ici.

Dépasser la pensée


La prochaine étape de l'évolution humaine consistera à transcender la pensée. 

Eckhart Tolle, Quiétude

mercredi 17 septembre 2014

Dormir, marcher, rêver

Vijnanabharaïva Tantra 92. : 

Dormant, marchant, rêvant, la conscience ayant abandonné tout support, connais-toi en tant que présence lumineuse et spatiale.


Daniel Odier commente:

Marcher, dormir, rêver est alors ma seule pratique. Tout le domaine du rassurant volatilisé, il n'y a plus rien pour étayer l'angoisse. Marcher, dormir, rêver alors que la Shakti illumine chaque instant. L'inconscient lui-même s'ouvre à la spatialité. Il est le fonds d'un puits où je descends m'abreuver à toi.
Daniel Odier, Tantra Yoga

Désir d'irréalité

En proie à un désir d'irréalité, j'ai renversé toutes les questions. Elle sont répandues à terre comme des craies multicolores; certaines sont encore entières, d'autres sont brisées, multipliées. Il me faut maintenant les ramasser une à une et faire fleurir avec elles, parmi les dessins des enfants, quelques gros mots sur le tableau noir de mon esprit.

mardi 16 septembre 2014

Terrible beauté


Il y a quelque chose de terrifiant et de cependant rassurant dans la contemplation de la voûte étoilée. Un effroi me saisit à imaginer le vide sidéral d'où me vient la douce lumière qui baigne mes yeux. Soudain, une idée farfelue me saisit : et si la nuit scintillante était une robe, qui pourrait-elle vêtir ? Infinite Sky, Infinite Stars... Oserai-je un jour lever les yeux jusqu'à entrevoir la Face radieuse que laisse entrevoir tant de beauté ?

Le rêve du Mulla

Mulla Nasrudin rêvait qu'une main était en train de lui donner une à une des pièces d'or. Il comptait avec ravissement: ... cinq, six, sept, huit, neuf. La main s'arrêta alors et le Mulla se mit en colère, il cria: "Ah non ! Donne m'en dix !" Et il se réveilla. Alors, on le vit essayer de se rendormir en murmurant doucement : "D'accord, d'accord, donne m'en juste neuf si tu veux..."

lundi 15 septembre 2014

Voyager léger


Il faut pour aller loin voyager léger, sans s'encombrer de certitudes, en se retrempant souvent dans l'eau précieuse du doute. Ainsi va la vie, joyeuse et sans compromis, par monts obscurs et vaux lumineux, avec toujours un franc éclat de rire devant la mine dépitée de la sorcière qui lui coure derrière...

Vie du coeur


Il faut que la vie nous arrache le cœur, sinon ce n'est pas la vie.

Christian Bobin, Carnet du soleil

jeudi 11 septembre 2014

Qui perd gagne

Jusqu'au bout de nulle part, j'irai pour te trouver. Surtout, ne m'attends pas car je ne sauras être que là où tu n'es pas. Mais quand je m'effacerai enfin de tous les chemins, toi et moi seront un comme nous l'avons toujours été, depuis le commencement du monde. Qu'est-ce qui aura alors changé ? Rien, sauf que ce rien aura la couleur ciel de tes yeux qui me diront en scintillant: "reste encore un peu... car la nuit, notre écrin, est si courte." 

Je saurais alors ce que j'ai toujours su sans le savoir, et bien sûr tu riras, prête à rejouer encore une fois à qui perd gagne.

Arc zen

Le sage chinois Tranxu disait:

Lorsque l'archer tire sans intention de gagner,  il est en possession de tous ses moyens. Lorsqu'il tire pour gagner une boucle de cuivre, il est nerveux. Lorsqu'il tire pour gagner un objet en or, il est aveugle, voit deux cibles, perd l'esprit. Son talent est toujours le même mais la perspective des prix à gagner le neutralise. Il pense beaucoup plus à la récompense qu'au tir, le besoin de gagner lui ôte son pouvoir.

Antony de Mello commente: lorsqu'on vit dans la gratuité, on a tous les talents, toutes les énergies, on est détendu, on ne craint rien, on se moque de perdre ou de gagner.


Anthony de Mello, quand la conscience s'éveille

L'enfant du silence

(Entre toi et moi, suite...)

L'enfant du silence dort profondément entre toi et moi. Ta présence, quelque part dans cet univers, le rassure; ton absence, presque tangible entre nous, exaspère quelque chose qui n'a pas de nom et se cherche rageusement. Quand l'enfant gémit et s'agite un peu, je caresse tendrement son front et j'interroge doucement ses rêves avant de les libérer. Ils s'envolent alors dans un grand bruissement d'ailes qui brassent le temps et, comme un troupeau d'oie sauvages aiguillonnées par la promesse d'un nouveau printemps au-delà de l'horizon, ils disparaissent bientôt de ma vue. Je reste seul et tranquille dans cette vacance qui recueillera la rosée de ton sourire quand l'enfant, enfin, se réveillera.

mercredi 10 septembre 2014

Sensation


Par les soirs bleus d'été, j'irai dans les sentiers,
Picoté par les blés, fouler l'herbe menue :
Rêveur, j'en sentirai la fraîcheur à mes pieds.
Je laisserai le vent baigner ma tête nue.

Je ne parlerai pas, je ne penserai rien :
Mais l'amour infini me montera dans l'âme,
Et j'irai loin, bien loin, comme un bohémien,
Par la Nature, - heureux comme avec une femme.

Arthur Rimbaud

Quand te réveilleras-tu ?

Ami, réveille-toi, ne dors plus ! La nuit est finie, voudrais-tu aussi perdre ta journée ? Tu as dormi pendant d'innombrables âges; ne te réveilleras-tu pas ce matin ?

Rabindranath Tagore

mardi 9 septembre 2014

Le goût profond de vivre

Fragment d'une lettre envoyée: « Tu es celle par qui me vient le goût profond de vivre. Il ne faut pas craindre une telle phrase. Elle ne t'engage en rien. Le don que tu me fais est un vrai don - impossible à reprendre. Le bonheur est de te savoir en vie, et que cette vie passe au plus loin de moi n'importe pas. Au début j'ai cru que tu étais le monde entier. Je l'ai cru d'une croyance enfantine et sans doute nécessaire. En t'éloignant tu m'as appris que tu n'en étais que le seuil et que les chemins, loin de mener à toi, ne font qu'en partir pour me conduire à l'infini. Je voudrais seulement que la vie te soit douce et que tu ne meures jamais. C'est là une espérance naïve, mais j'y tiens plus qu'à tout : cette naïveté-là manque aux anges et c'est pourquoi leur joie est si imparfaite. »
Christian Bobin, L'éloignement du monde

Le chemin du vent


D'où  vient le vent, Nicodème ?
Rabbi, je ne sais pas, ni ne puis dire où il va.

METS-TOI DANS LE CHEMIN DU VENT, Nicodème.
Tu pourrais l'extase d'être porté par quelque chose de plus grand que toi.
Tu es fier de ta position, de ta sécurité, mais dans l'air stagnant, tu périras.

METS-TOI DANS LE CHEMIN DU VENT, Nicodème.
Brillantes, les feuilles vont danser devant toi. Tu vas te trouver dans des lieux que tu n'as jamais rêvé de voir. Tu seras contraint à des lieux que tu as redoutés, et les vivras comme si tu revenais à la maison. 

Tu auras un pouvoir que tu n'as jamais eu, Nicodème.
Tu seras un Homme Nouveau. 

METS-TOI DANS LE CHEMIN DU VENT.
Mira Scovel

lundi 8 septembre 2014

Ce que nous ne disons pas


C'est le silence de toute la vie, au delà du contenu des mots, qui importe. Ce n'est pas ce que nous disons qui importe, mais c'est ce que nous ne disons pas. Notre parole doit aller de Dieu en nous à Dieu dans les autres.
Maurice Zundel

La parole amoureuse

La parole amoureuse: elle ne demande ni n'exprime rien. Elle n'est porteuse d'aucun sens, d'aucun chiffre du ciel ou de la terre. Elle donne seulement à entendre ce que parler veut taire: l'infini déchirement de la voix, l'infinie lenteur du cri qui s'élève, en contre-point de la vitesse acquise des mots, en retrait.
Christian Bobin, L'enchantement simple