D’abord le noir et le blanc de mémoire
Le noir profond avant même la naissance du son
Le noir qui s’imprime jusqu’au sang du frisson
Jusqu’aux rouges râles des volcans et des monstruations
Puis le rouge de tes lèvres dans l’aube du désir
Le monde recommence émergeant de l’immonde
Aux fraises les premiers visages
Aux pommes leurs ivoires sanguinaires
Aux cerises leurs urgences nocturnes
Le rouge qu’il ne faut pas verser
Seuls les cardinaux peuvent nous picorer le cœur
Sans jamais rien nous enlever
Revêtant nos rêves avec les soieries des roses
L’orangeraie nous réveille
Et au marché des maroquineries
Les mirages vont de peaux en peaux
Pour trouver de l’eau
Sous des soleils qui nous cuivrent
Dans les bois, les parterres et les sentiers
Érythrones, pissenlits, tussilages
Chantent le printemps
Rivalisent avec le soleil borgne
Lui font monter la moutarde des champs au nez
Et il éternue son pollen dans les verdures
Puis dans leur gaine brune les bourgeons
Dégainent dans chaque arbre des vers nouveaux
Les triomphants dénis des nuits d’encre et des hivers blancs
Les étés aux yeux de serpents
Mais à l’envers dans les reflets des arbres dans les lacs
Les algues vertes rêvent du bleu infini du ciel
C’est l’heure de naviguer
De connaître les couleurs de tous les ports
Avant d’être avalé par l’océan
Le grand Léviathan
Et de descendre jusqu’au cœur violet et mystique de la Stella Maris
Précédant le grand tunnel blanc.
Lug
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