dimanche 30 novembre 2014

Le vent, la vie

Le temps, le vent... inexorablement. Soyez passant, disait-il - comment faire autrement ? Le vent, le temps... tout s'emmêle, pêle-mêle: la mémoire et les sentiments, demain, hier et aujourd'hui - mais où est passé le présent ? Le temps, le vent... et une foutue envie de pleurer tandis que tu t'éloignes sans te retourner pour te dissoudre bientôt dans la pluie, la vie.

samedi 29 novembre 2014

Entrer dans la réalité


On ne médite pas pour expérimenter des états de conscience modifiée ou quoi que ce soit d’autre. On médite uniquement pour percevoir par soi-même que tout est en nous, chaque atome de l’univers, et que nous possédons déjà tout ce que nous voudrions trouver hors de soi. Méditer, c’est être à cent pour cent dans la réalité, et si on est dans la réalité, de quoi sortirait-on pour entrer dans le monde extérieur ?
Daniel Odier, Tantra

Processus de la présence


Michaël Brown: "Processus de la présence"

vendredi 28 novembre 2014

Fine fleur

Le zen est la plus fine fleur de l'esprit humain. Elle éclot dans les jardins du cœur en hiver, quand à la glace se mêle le soleil.

Le chemin dans la montagne

J'ai traversé océans et lacs
J'ai passé montagnes et rivières
J'ai visité les maitres
J'ai cherché les voies
Et pratiqué zazen.
Depuis que j'ai trouvé 
Le chemin dans la montagne
Je sais que naissance et mort
Ne sont pas différents.
Shodoka, Maître Yoka

jeudi 27 novembre 2014

Je ne suis plus la même


On m'avait pourtant dit qu'il fallait prendre garde
Aux flammes de l'amour...
Cet amour sans merci qui ravage le cœur
Et rend fol celui qu'il étreint
De son souffle brûlant,
Puissance mystérieuse qui soudain vous saisit,
Vous entraîne, éperdu, et incendie votre âme.
On sent qu'il vous anime,
Mais nul ne soupçonne le feu qui vous dévore.
Il vous met au supplice, fait de vous son esclave;
Votre cœur, votre esprit ne lui suffisent point,
Il investit aussi votre corps et votre âme,
Il vous veut tout à lui.
Sa lumière est plus vive que celle de l'éclair,
Sa voix plus éclatante que celle du tonnerre,
Et sur vous il déverse son déluge de feu.
Libre à vous de tisser mille et une chimères
A propos de l'amour,
Mais sachez que jamais vous ne le soumettrez
A votre volonté.
Il souffle où bon lui semble,
Libre, libre comme le vent.
Je connaissais d'avance
Les tourments et les pièges qui m'étaient réservés,
Et pourtant dans les flammes je me suis jetée vive.
J'ignore ce qui m'est arrivé; tout ce que je puis dire:
   je ne suis plus la même,
   je ne suis plus la même, 
   je ne suis plus la même.

Gurumayi Chidvilasananda, Cendres aux pieds de mon Guru

Naufrage amoureux


Le problème de l’amour est difficile au point que vous pouvez vous estimer heureux si, à la fin de votre vie, personne n’a fait naufrage à cause de vous. 
Carl G. Jung

mercredi 26 novembre 2014

Un homme debout


Je sais parce que je le dis
Que mes désirs ont raison
Je ne veux pas que nous passions
À la boue
Je veux que le soleil agisse
Sur nos douleurs qu'il nous anime
Vertigineusement
Je veux que nos mains et nos yeux
Reviennent de l'horreur ouvertes pures

Je sais parce que je le dis
Que ma colère a raison
Le ciel a été foulé la chair de l'homme
A été mise en pièces
Glacée soumise dispersée
Je veux qu'on lui rende justice
Une justice sans pitié
Et que l'on frappe en plein visage les bourreaux
Les maîtres sans racines parmi nous.

Je sais parce que je le dis
Que mon désespoir a tort
Il y a partout des ventres tendres
Pour inventer des hommes 
Pareils à moi
Mon orgueil n'a pas tort
Le monde ancien ne peut me toucher je suis libre
Je ne suis pas un fils de roi je suis un homme 
Debout qu'on a voulu abattre.

Paul Éluard, le travail du poète

mardi 25 novembre 2014

Au bout du silence

J'arrive au bout du silence. Il n'y a rien là. Tu n'y es pas, et moi non plus; on dirait bien que je me suis perdu en cours de route et toi aussi : nous retrouverons-nous ? J'explore encore une fois les contours de cette absence dans l'espoir d'y trouver quelque chose qui vaille que je m'attarde - un cœur qui dort, quelques larmes cristallines - mais je dois me rendre à l'évidence : il n'y a là qu'une béance par laquelle la vie se perd, la joie s'enfuit...

La sagesse du panda

Hier est derrière.
Demain est un mystère.
Aujourd'hui est un cadeau...
C'est pour cela qu'on l'appelle "le présent".
Kung Fu Panda

lundi 24 novembre 2014

Échelle du silence


Entre la terre et le ciel, une échelle. Le silence est au sommet de cette échelle. La parole ou l'écriture, aussi persuasives soient-elles, n'en sont que des degrés intermédiaires. Il ne faut y poser le pied que légèrement, sans insister. Parler, c'est tôt ou tard faire le malin. Écrire, c'est tôt ou tard faire le malin. À un moment ou un autre. Inévitablement. Irrésistiblement. Seul le silence est sans malice. Le silence est premier et dernier. Le silence est amour - et quand il ne l'est pas, il est plus misérable que du bruit.
Christian Bobin, Mozart et la pluie

L'océan illusion


Le vaisseau qui porte les êtres flotte
Sur l'océan illusion.
Dans le vaisseau, les passagers s'entre-combattent
En une mêlée qui les meurtrit tous.
La douleur se propage de l'un à l'autre
Avec la rapidité du feu dans la jungle.
Chacun se détourne des actions bienfaisantes.
Ainsi, le bonheur se révèle aussi éphémère
Que l'étoile du matin au lever du jour.

Comme chacun s'adonne à des actes mauvais,
Le malheur se glisse lentement, avec persistance,
Comme les ombres du soir.
La convoitise et la luxure percent un trou
Dans la meule de la haine et de la colère
Et, par ce trou, coule comme du grain,
Le bonheur des hommes et des dieux.

Le Bosquet des Lotus, anonyme

vendredi 21 novembre 2014

Le rire du tigre

Dans le miroir, un œil jaune fixe le néant, éternellement. Quelque chose brûle dans ce regard, comme une torche qui cherche l'incendie auquel elle se donnera. Soudain un bond, un retournement, un feulement rauque de victoire: derrière la bête en colère qui défiait son propre reflet, l'espace n'a jamais cessé d'être grand ouvert.

Le seul péché


Il n'y a qu'un péché : l'inconscience. Et jour après jour, vous êtes puni à cause de ce péché. Il n'y a pas d'autre châtiment. Chaque moment d'inconscience engendre sa propre punition, et chaque instant de conscience crée sa propre gratification. Impossible de les séparer.

Osho, Les mots du silence

jeudi 20 novembre 2014

Tous les vivants

De l'océan à la source
De la montagne à la plaine
Court le fantôme de la vie
L'ombre sordide de la mort
Mais entre nous
Une aube nait de chair ardente
Et bien précise
Qui remet la terre en état
Nous avançons d'un pas tranquille
Et la nature nous salue
Le jour incarne nos couleurs
Le feu nos yeux et la mer notre union
Et tous les vivants nous ressemblent
Tous les vivants que nous aimons.
Paul Éluard

mercredi 19 novembre 2014

Petite lampe rouge

Je veux bien souffrir mais je ne veux pas désespérer. Je ne laisserai personne éteindre en moi la petite lampe rouge de la confiance. 

Chaque jour j'attends tout.
Christian Bobin, le Christ aux coquelicots

mardi 18 novembre 2014

Le conseil d'un arbre


Mon ami l'arbre m'a parlé. Je demandais au tout venant: sur quoi m'appuyer pour diriger ma vie ? J'étais épars dans le paysage; soudain, il s'est planté devant moi, droit et fier malgré la rigueur mordante de l'hiver s'approchant. Il m'a invité à plonger dans la terre à la recherche de mes racines pour goûter la profondeur sans craindre l'obscurité. Ensuite, il suffira de laisser le désir fou de boire la lumière m'emporter et me projeter dans le ciel. Alors, je saurai ce que valent mes questions, a-t-il conclu en se secouant dans un grand rire venteux pour se débarrasser enfin de ses dernières feuilles mortes.

Le diamant de la méditation

Libérer l'esprit de toutes perturbations
C'est la méditation de la nature propre.
Cela qui ne croit ni ne décroit
Est
Le Diamant.
Houei Neng

lundi 17 novembre 2014

Reflet de l'éternité



La beauté est la vie quand elle dévoile sa sainte face. 
Mais vous êtes la vie et vous êtes le voile.

La beauté est l’éternité qui se regarde dans un miroir. 

Mais vous êtes l’éternité et vous êtes le miroir.

Khalil Gilbran

dimanche 16 novembre 2014

Goutte de rosée


Comment pourrais-je expliquer
En une métaphore
Notre monde vivant ?

C'est juste comme le clair de lune
Qui se reflète
Sur une goutte de rosée.
Maitre Dogen

Scalpel lumineux


Le silence entre nous accomplit son œuvre implacable de corrosion des chairs vives. Tel un scalpel lumineux, il dénude l'essentiel, le rendant à sa nature de diamant étincelant. Lentement, le tendre tissu des mots et des gestes qui nous unissaient s'effiloche et seul demeure dans l'invisible ce qui ne peut mourir. Dans le sang du cœur répandu, les larmes et la souffrance, non pas ce qui a été ou ce qui sera mais ce qui est: le soleil d'une présence au-delà de toi et moi, que le temps ne saurait corrompre.

samedi 15 novembre 2014

Après le feu

Un moine demande à maître Tozan:
Un moine vient de mourir,
Où s'en est-il allé ?
Maitre Tozan répond:
Après le feu, une touffe d'herbe.

La sagesse de l'Éveil, textes présentés par Marc de Smedt

vendredi 14 novembre 2014

Le cinquième rêve


AU DÉBUT LE GRAND ESPRIT DORMAIT DANS LE RIEN.

Son sommeil durait depuis l'éternité. Et puis soudain, nul ne sait pourquoi, dans la nuit, il fit un rêve. En lui gonfla un immense désir. Et il rêva de la lumière. Ce fut le premier rêve. La toute première route. Longtemps, la lumière chercha son accomplissement, son extase. Quand finalement elle trouva, elle vit que c'était la transparence.

Et la transparence régna.

Mais voilà qu'à son tour, ayant exploré tous les jeux de couleurs qu'elle pouvait imaginer, la transparence s'emplit du désir d'autre chose. A son tour elle fit un rêve. Elle qui était si légère, elle rêva d'être lourde. Alors apparu le caillou. Et ce fut le deuxième rêve. La 2ème route. Longtemps, le caillou chercha son extase, son accomplissement. Quand finalement il le trouva, il vit que c'était le cristal.

Et le cristal régna.

Mais à son tour, ayant exploré tous les jeux lumineux de ses aiguilles de verre, le cristal s'emplit du désir d'autre chose, qui le dépasserait. À son tour, il se mit à rêver. Lui qui était si solennel, si droit, si dur, il rêva de tendresse, de souplesse et de fragilité. Alors apparut la fleur. Et ce fut le  troisième rêve, la 3ème route. Longtemps, la fleur, ce sexe de parfum, chercha son accomplissement, son extase. quand enfin elle trouva, elle vit que c'était l'arbre.

Et l'arbre régna sur le monde.

Mais vous connaissez les arbres. On ne trouve pas plus rêveurs qu'eux (ne vous amusez pas à pénétrer dans une forêt qui fait un cauchemar). L'arbre, à son tour, fit un rêve. Lui qui était si ancré à la terre, il rêva de parcourir librement, follement, de vagabonder au travers d'elle. Alors apparut le ver de terre. Et ce fut le quatrième rêve. La 4ème route. Longtemps, le ver de terre chercha son accomplissement, son extase. Dans sa quête, il prit tour à tour la forme du porc-épic, de l'aigle, du puma, du serpent à sonnette. longtemps, il tâtonna. Et puis un beau jour, dans une immense éclaboussure ... Au beau milieu de l'océan ... un être très étrange surgit, en qui toutes les bêtes de la terre trouvèrent leur accomplissement, et ils virent que c'était la baleine.

Longtemps cette montagne de musique régna sur le monde.

Et tout aurait dû en rester là, car c'était très beau. Seulement voilà ...

Après avoir chanté pendant des lunes et des lunes, la baleine, à son tour, ne put s'empêcher de s'emplir d'un désir fou. Elle qui vivait fondue dans le monde, elle rêva de s'en détacher. Alors, brusquement nous sommes apparus, nous les hommes. Car nous sommes le cinquième rêve, la 5ème route, en marche vers le 5ème accomplissement, la 5ème extase. Si nous voulons trouver notre propre accomplissement, notre propre extase, et passer peut-être à la suite du jeu, il nous faut écouter et respecter, comprendre la lumière, le cristal, l'arbre et la baleine.

Faites très attention ! Car :

Dans la moindre couleur, toute la lumière est enfouie.

Dans tout caillou du bord du chemin, il y a un cristal qui dort.

Dans le plus petit brin d'herbe, sommeille un baobab.

Et dans tout ver de terre, se cache une baleine…

Quant à nous, nous ne sommes pas le plus bel animal, nous sommes le rêve de l'animal ! Et ce rêve est encore inaccompli. 

Que se passerait-il si nous éliminions la dernière baleine qui est en train de nous rêver ?

Légende amérindienne rapportée par Patrice Van Eersel dans "le cinquième rêve"

Le Dieu qui danse

Tout enfant a connu Dieu, non pas le Dieu des noms, non pas le Dieu des interdits, non pas le Dieu qui ne fait jamais rien de bizarre mais le Dieu qui ne connait que 4 mots et persiste à les répéter, en disant: "Viens danser avec Moi."
Hafiz

jeudi 13 novembre 2014

Jeu d'elfe

Avoir une âme, c’est l’aventure de la vie, car l’âme est un démon dispensateur de vie qui mène son jeu d’elfe au-dessous et au-dessus de l’existence humaine.
Carl Gustav Jung

Paix intérieure

Dans la mesure où je parvenais à traduire les émotions qui m’agitaient, c’est-à-dire à trouver les images qui se cachaient dans les émotions, la paix intérieure s’installait. 
Carl Gustav Jung

mercredi 12 novembre 2014

Sortie de l'illusion

Sache encore:
En dehors de tes hallucinations
Il n'existe ni Seigneur juge des morts
Ni démons,
Ni vainqueur de la mort, Manjusri.
Comprends-le et sois libéré.
Bardho Thödol

mardi 11 novembre 2014

Devenir vivant


Amis, il y a quelque chose que nous oublions souvent - et c'est pourquoi nous sommes des zombis sur cette terre - c'est que devenir vivant demande notre accord.
(...)
Naître ne fait que créer les conditions maximale pour me faire venir au monde ! Encore faut-il que j'accepte cette invitation à naître, que je sorte, que je surgisse. Pour ex-ister, il faut sortir, il faut sortir de l'ombre.
(...)
En devenant vivants, nous opérons la Révolution la plus radicale qui soit. Nous rendons à Dieu ce qui est à Dieu, et à César sa pièce de monnaie et la monnaie de sa pièce. Et dans cette vacuité de l'entre-deux, notre vie se déploie. Lorsque la grande vie a place en moi et que je participe de l'infini - dont j'ai surgi pour y retourner - alors ma vie devient une chance de plus que la VIE se donne pour fleurir et sans qu'il soit besoin de devenir autre chose que ce que je suis déjà, tout est transformé.
Christiane Singer, Du bon usage des crises

Le silence du mystère

Je suis la conscience en toutes les créatures.
Je suis leur commencement, leur être, leur fin.
Je suis le silence du mystère.
Je suis la racine de toutes les créatures.
Je suis le destructeur de la mort de tous.
Bhagavad Gita

lundi 10 novembre 2014

Pacte sans retour

Je marche flanqué de mon âme, un peu en avant de moi sur ma droite, et de mon Ange, derrière moi à gauche. Lui est noir avec des ailes d'or, et quelques cicatrices qui rappellent qu'il a eu une jeunesse de rebelle déchu; elle est flamme vivante qui embrase tout qu'elle touche. Ils ont conclu un pacte dont je suis la victime consentante : ils m'emmènent d'un bon pas jusqu'au bout du monde comme on va à l'extrémité d'un plongeoir pour se donner de l'élan. De là, malgré mes protestations, ils me balanceront dans le vide et me feront plonger dans le grand Rien dont on ne revient pas.

La voûte céleste du silence

Écrire, toucher du doigt la voûte céleste du silence, le ciel bas du langage, écrire. La conscience de ces choses est obscure. On dirait que les mots dépérissent, qu'ils manquent d'un signe d'air ou de feu, et voilà, on est déjà de l'autre rive, sauvé. En proie sans réserve à l'épiphanie du silence.
Christian Bobin, l'enchantement simple

dimanche 9 novembre 2014

Critère ultime


Qu'un être humain en aime un autre, voilà le critère ultime, la dernière preuve, l’œuvre auprès de quoi tout autre travail n'est que préparation.
Rainer Maria Rilke

Douleur d'écrire

Le geste d'écrire est comme celui de poser un doigt sur une dent cariée, en appuyant très fort: la douleur portée à son extrême est aussitôt suivie d'un calme énorme. L'étrange dans cette affaire est que la dent malade est une dent qui manque.

Christian Bobin, L'éloignement du monde

samedi 8 novembre 2014

Le pays du grand silence

Cesse de vouloir être important ;
Que tes pas ne laissent aucune trace.
Voyage seul comme le Tao
au pays du grand silence.

Si un homme traverse une rivière
et qu’une barque vide
heurte sa propre embarcation,
il ne sera pas offensé ou courroucé,
quel que chaud que puisse être son sang.
Mais si la barque est dirigée par quelqu’un,
il se peut qu’il s’échauffe, hurlant et jurant,
simplement parce qu’il y a un rameur.

Prends conscience que toutes les barques sont vides
quand tu traverses la rivière du monde,
et rien en pourra t’offenser.
 
Tchouang-Tseu, traduction de Stephen Mitchell, le 2ème livre du Tao

vendredi 7 novembre 2014

L'organe fait de connaissance

Le grand roi Janaka interrogea le sage :  « Yajnavalkya,  qu'est-ce donc qui sert de lumière à l'homme ? »

-    « Le soleil lui sert de lumière, ô grand prince, car à la lumière du soleil il s’assoit et il circule, il fait son travail et il rentre chez lui… »

-    « Mais quand le soleil s’est couché, ô Yajnavalkya, qu’est-ce qui sert de lumière à l’homme ? »

-    « C’est la lune qui lui sert alors de lumière, car à la lumière de la lune il s’assoit et il circule, il fait son travail et il rentre chez lui… »

-    « Mais quand le soleil s’est couché, ô Yajnavalkya, et quand la lune s’est couchée, qu’est-ce qui sert de lumière à l’homme ? »

-    « C’est le feu qui lui sert alors de lumière, car à la lumière du feu il s’assoit et il circule, il fait son travail et il rentre chez lui… »

-    « Mais quand le soleil s’est couché, ô Yajnavalkya, et quand la lune s’est couchée et que le feu est éteint, qu’est-ce qui sert de lumière à l’homme ? »

-    « C’est la parole qui lui sert alors de lumière, car à la lumière de la parole il s’assoit et il circule, il fait son travail et il rentre chez lui. C’est pourquoi, ô grand prince, quand quelqu’un ne peut distinguer ses mains l’une de l’autre et qu’une voix s’élève de quelque part, il va vers elle… »

-    « Mais quand le soleil s’est couché, ô Yajnavalkya, et quand la lune s’est couchée, que le feu est éteint et que la voix s’est tue, qu’est-ce qui sert de lumière à l’homme ? »

-    « Alors c’est le Soi qui lui sert de lumière, car dans la lumière du Soi, il s’assoit et il circule, il fait son travail et il rentre chez lui. »

-    « Qu’est-ce que le Soi ? »

-    « C’est, parmi les organes vitaux, celui qui est fait de connaissance, l’esprit qui brille à l’intérieur du cœur. »

Brihadaranyaka Upanishad

L'océan dans une goutte

Lisanne Bujold - Vague de mouvement
Une goutte qui tombe dans l'océan
Tout le monde connaît
L'océan dans une seule goutte
Rare celui qui connait.
Kabir, Bijak, sâkhi 69

jeudi 6 novembre 2014

Conclave salvateur


Les arbres de la forêt réunis en conclave ont tenu conseil en se penchant sur moi : que faire avec un tel idiot ? Il n'entend ni ne voit rien, tout obnubilé qu'il est par les mots qu'il prend pour le réel. La rivière a pleuré, les pierres ont grondé sourdement et le vent a gémi dans les cimes. Un jeune arbre alors a demandé : pourquoi ne ferions-nous pas ce que nous savons le mieux faire ? C'est-à-dire: rien...

Double mouvement

Si nous considérons notre vie dans son rapport au monde, il nous faut résister à ce qu'on prétend faire de nous, refuser tout ce qui se présente - rôle, identités, fonctions - et surtout ne rien céder quant à notre solitude et notre silence. Si nous considérons notre vie dans son rapport à l'éternité, il nous faut lâcher prise et accueillir ce qui vient, sans rien garder en propre. D'un côté tout rejeter, de l'autre consentir à tout: ce double mouvement ne peut être réalisé que dans l'amour où le monde s'éloigne en même temps que l'éternel s'approche, silencieux et solitaire.
Christian Bobin, L'Éloignement du monde

mercredi 5 novembre 2014

Prochaine étape


Où s'en va le voyage évolutif désormais ?

Il y aura toujours ces âmes qui se mettent à part de la vie ordinaire pour s'élever vers le Divin.

Il y aura toujours de ces âmes qui sont complètement immergées dans la vie ordinaire et n'ont pas une pensée pour le Divin.

Mais la prochaine étape évolutionnaire se dessine chez ceux qui continue à sentir le Divin en tout et à embrasser cette vie ordinaire.

Ils sont dans une tension terriblement difficile.

Richard Moss, Words that shine both ways (ma traduction)

mardi 4 novembre 2014

Sécession

Il y a quelqu'un en moi, qui me ressemble sans que je me reconnaisse en lui, qui a fait sécession de la société des hommes. Il ne comprend pas leur langage, leur "je t'aime, moi non plus", leurs simagrées télévisées. C'est un homme simple, à ma différence. Il parle avec les arbres, les roches, les rivières et le vent ; ensemble, ils confèrent gravement, lentement, des affaires du royaume. Avec une patience minérale, ils préparent le retour de la Reine qui s'avance toute habillée de printemps. Quand il s'égare parfois en ville, il trouve asile auprès des tout-petits enfants et des très vieilles personnes car ils se tiennent proches de la transparence de l'être, et il recherche la compagnie des mendiants et des fous, ces innocents qui portent la vérité du monde dans leurs yeux.

Le droit chemin vers la liberté


Affranchis-toi de la réussite
et réjouis-toi d’une vie ordinaire.
Coule comme le Tao, sans entrave,
invisible, anonyme,
sans but, sans attente.
Sois comme un enfant, comme un fou.


Sache qu’il n’y a rien à savoir.
C’est le droit chemin vers la liberté.

Tchouang-Tseu, traduction de Stephen Mitchell, le 2ème livre du Tao

lundi 3 novembre 2014

Le pivot du Tao

Tchouang-Tseu rit:

L'endroit où le ceci et le cela
ne sont pas opposés l'un à l'autre
est appelé le "pivot du Tao".
Quand nous trouvons ce pivot,
nous nous retrouvons au centre du cercle,
et nous restons assis là, sereins,
tandis que le Oui et le Non se poursuivent l'un l'autre
autour de la circonférence, sans fin.

Stephen Mitchell commente:

L'esprit ne peut créer le bien et le mal qu'en comparant. Retirez lui la comparaison et ces notions disparaissent aussitôt. Ce qui subsiste, c'est l'inconnu à l'état pur : sujet insaisissable, objet insaisissable, et la lumière du Tao qui s'écoule au travers.

Le pivot du Tao, c'est l'esprit libre de ses propres pensées. Il ne croit pas que le ceci soit un ceci et que le cela soit un cela. Laissez le oui et le non courir autour de la circonférence vers une ligne d'arrivée qui n'existe pas. Comment pourraient-ils s'arrêter de vouloir gagner dans la controverse de la vie si vous ne nous arrêtez pas. Quand vous le faites, vous prenez conscience que vous étiez le seul à courir. Oui, c'était vous. Non, c'était vous, la circonférence toute entière avec ses banderoles de couleur, les majorettes et la foule frénétique, c'était vous aussi.

Au centre, les yeux s'ouvrent et c'est à nouveau la fraicheur du premier matin. Il n'y a rien qui vous limite et personne qui ne trace de circonférence. En réalité, il n'y a personne, pas même vous.
Stephen Mitchell, le second livre du Tao

dimanche 2 novembre 2014

Au bout de son coeur

Celui qui va au bout de son cœur connaît sa nature d'être humain. Celui qui connait ainsi sa propre nature connaît le ciel.
Mencius

Bouleversement recherché

Que celui qui cherche
ne cesse de chercher
jusqu'à ce qu'il ait trouvé.
Quand il aura trouvé,
il sera bouleversé.
Étant bouleversé,
il sera émerveillé
et règnera sur le Tout.

Évangile de Thomas, logion 2.

samedi 1 novembre 2014

Défaite


Et de défaite en défaite, il grandissait.

Rainer Maria Rilke, cité par Christiane Singer, Du bon usage des crises