samedi 30 décembre 2017

Ombres bleues


Les ombres bleues
aux limites de la nuit
tremblent sous les grands pins
ton souffle caché
dans le froid blanc
aux aguets des mystères
nul chant nulle pleur
n'évoquent le passé
seul l'enfant de ta chair
chasse la peur 
voit le jour

Cygne blanc

vendredi 29 décembre 2017

Lieu d'élection


Le monde est le lieu d'élection du poème
Quand le soleil se lève, il se lève dans le poème
Et quand il se couche l'obscurité descend
Et le poème s'assombrit.

William Carlos Williams

jeudi 28 décembre 2017

Seconde acquisition

Trouver, perdre. Est-ce que vous avez bien réfléchi à ce que c'est que la perte ? (...) La perte, toute cruelle qu'elle soit, ne peut rien contre la possession, elle la termine, si vous voulez ; elle l'affirme ; au fond, ce n'est qu'une seconde acquisition, toute intérieure cette fois et autrement plus intense.

Rainer Maria Rilke

mercredi 27 décembre 2017

Oiseaux de vent

Des oiseaux de vent dans mon ciel me murmurent ton nom. Je ne te connais pas encore et déjà je t'attends. Il n'y aura aucune autre issue que l'impossible. Je te convie maintenant à vivre, et au-delà de cette vie, à te fondre dans l'éclair blanc qui éclaire, fugitif, l'évidence sublime de l'océan - permanente mouvance.

lundi 25 décembre 2017

Fin ultime

Où se tient mon séjour ?
Où est ma fin ultime à quoi je dois atteindre ?
Où l'on n'en trouve point. Où dois-je tendre alors ?
Jusque dans un désert, au delà de Dieu même.

Angelus Silésius

dimanche 24 décembre 2017

Soleil de décembre

Le soleil de décembre plus bleu
plus froid  plus brûlant que jamais
giclée d'or d'émeraude
de rubis en plein front

pétrifiée au coin des rues
Duluth et Marianne
je ne bouge plus
c'est lui le maître 
l'invite à la fusion

il s'abreuve de mon sang
mes os se réduisent au désert
sous l'asphalte j'émerge          
fontaine de lumière                    

ce soleil de décembre plus bleu
plus froid plus brûlant que jamais
c'est toi avec tes yeux d'azur
ton air lointain
tes imprenables étreintes

ton feu de Sagittaire 
incendie nos hivers 

Cygne blanc

samedi 23 décembre 2017

La rose est sans pourquoi

La rose est sans pourquoi,
elle fleurit parce qu'elle fleurit,
elle ne se soucie pas d'elle-même,
elle ne se demande pas si on la voit.

Angélus Silésius

vendredi 22 décembre 2017

Nuages de couleur

Clouds come floating into my life, no longer to carry rain or usher storm, but to add color to my sunset sky

Rabindranath Tagore


Les nuages viennent flottant dans ma vie, non plus pour apporter la pluie ou annoncer la tempête, mais pour ajouter de la couleur à mon ciel au coucher du soleil.

Ma traduction.

jeudi 21 décembre 2017

Le torrent argenté de l'aube

Où que j’aille désormais, je t’emmène en moi. Je marche maintenant d’un pas assuré dans le torrent argenté de l’aube. Mais pour me parler de toi, il y aura toujours cette blessure ouverte que je garde au cœur comme le plus précieux souvenir que j’ai de la caresse brûlante du soleil. Elle est matrice de mes lendemains. Il y aura d’autres femmes à qui j’offrirai l’amour que tu as semé en moi. Il fleurira et portera fruit de lumière et d’ombre vives. En toute confiance, il me conduira aux rivages blancs de la douceur qui ne se dément pas. J’y aborderai, joyeux, pour m’offrir entier à la tendresse de la nuit et je sourirai car dans le noir le plus complet, quelque chose de toi luira encore et m’invitera à traverser la mort.

mercredi 20 décembre 2017

Désapprendre

On croit à tort qu’il faut accumuler un maximum de savoir, alors qu’il faut plutôt désapprendre, se dépouiller, faire le ménage, enlever l’inutile, faire des choses simples. Accepter d’être ce qu’on est, de n’être que ce que l’on est, mais de l’être complètement, et parler bien ancré dans cet état de vérité. On n’imagine pas à quel point ça repose.

Henri Gougaud

mardi 19 décembre 2017

Comprendre

Piet Mondrian

Je ne pleure pas.
Je ne ris pas.
J'essaie de comprendre.
Je n'y arrive pas toujours.
Je recommence sans cesse.
Il me vient un sourire.
Ta présence.
Tes mots.
Je comprends un peu mieux
Et toi, et moi.
Cela n'a de cesse
Spinoza avait raison.

Anne-Marie Gill
«Ne pas pleurer, ne pas rire, mais comprendre». Spinoza.

lundi 18 décembre 2017

Chemins ouverts

J'aime le mystère et le doute. Ils laissent ouverts tous les chemins. Les certitudes, toutes sécurisantes qu'elles soient, font toujours comme un bruit de porte qui se ferme.

Henri Gougaud 

dimanche 17 décembre 2017

Pratiquer l'Éveil


Vous devez en conséquence abandonner une pratique fondée sur la compréhension intellectuelle, courant après les mots et vous en tenant à la lettre. Vous devez apprendre le demi-tour qui dirige la lumière vers l’intérieur pour illuminer votre véritable nature. Le corps et l’âme d’eux-mêmes s’effaceront, et votre visage originel apparaîtra. Si vous voulez atteindre l’Éveil, vous devez pratiquer l’Éveil sans tarder. 

Dôgen

samedi 16 décembre 2017

Clarté de Dieu

Si on quitte tout ce qui est concevable, tout ce qui est exprimable, tout ce qui est audible, alors et alors seulement on abandonne toute chose... On est inondé de lumière, on passe dans la clarté de Dieu.

Maître Eckhart

vendredi 15 décembre 2017

Trace perdue


L'espoir ne doit plus être tourné vers l'avenir, mais vers l'invisible. Seul celui qui se penche vers son cœur, comme vers un puits profond retrouve la trace perdue.

Christiane Singer

jeudi 14 décembre 2017

Rendez-vous manqué

Tu n’étais pas au rendez-vous. J’ai cru t’y rencontrer et cependant, ce n’était pas toi. Une ombre a dansé de joie en te rêvant et ma vie a pris feu mais ce n’était que pour revenir à la cendre grise des jours sans toi. Et voilà que je te suis enchaîné comme un noyé à la pierre qui l’étrangle. Alors je me laisse couler sans regrets car ce n’est qu’au fond de la nuit que je te retrouverai, lumineuse et vive, comme toujours.

mercredi 13 décembre 2017

Féroce geolière

Ami prends garde à la souffrance elle est féroce geôlière....
Tu ne vois plus rien d'autre alors.
Tu es aveugle....
Tu peux être entraîné dans ses gouffres délétères, mais ses affres tenaces peuvent aussi contaminer ceux qui te côtoient...
Se décoller d'elle est un véritable chemin d'efforts.... Une Oeuvre.

Mais dès lors qu'un rai de lumière peut passer entre toi et elle, un rai de lumière ou un brin d'air, alors le salut arrive et la vie peut recommencer à couler...

Christiane Singer

mardi 12 décembre 2017

Créer le monde

Ce que tu as appelé « monde », il faut commencer par le créer. Ta raison, ton imagination, ta volonté, ton amour doivent devenir ce monde. La vie n'aura servi à rien à celui qui quitte le monde sans avoir réalisé son propre monde.

Upanishad

lundi 11 décembre 2017

Tranchant du sabre

Dans le poème tranchant comme un sabre, ce qui importe, est-ce la forme, l'esprit ou le non-esprit ? Le camélia qui fleurit dans le jardin a seul la réponse.


Quand on demanda à Onitsira ce qu'est, en vérité, un haïku, il répondit : un camélia qui fleurit dans le jardin. (Fabrice Midal, Qu'est-ce que la poésie ?)

dimanche 10 décembre 2017

Jours de neige

Ici, là-bas, un même ciel blanc.
Les arbres immobiles écoutent ma complainte 
nostalgique des jours de neige.

samedi 9 décembre 2017

vendredi 8 décembre 2017

Mourir et revenir à la vie


Et aussi longtemps que tu ne sais pas
Comment mourir et revenir à la vie
Tu n'es qu'un hôte désorienté
De la terre obscure.

Goethe

jeudi 7 décembre 2017

Indicateurs poétiques


Si je lis un livre et qu'il rend mon corps entier si froid qu'aucun feu ne pourra jamais le réchauffer, je sais que c'est de la poésie. Si je ressens physiquement comme si le sommet de mon crâne m'était arraché, je sais que c'est de la poésie. Ce sont les deux seules façons que j'ai de le savoir. Y en a-t-il d'autres ?

Émily Dickinson

mercredi 6 décembre 2017

Rêve bourgeonnant

Dans le train qui fend la nuit,
comme un rêve bourgeonnant :
une belle endormie.

mardi 5 décembre 2017

Sable transmuable

Portrait de Pierre Reverdy par Modigliani (1915)

Car ce n'est, au fond, que ça la poésie, du sable. Un sable, il est vrai, transmuable, par aventure en cristal. 

Pierre Reverdy

dimanche 3 décembre 2017

Profondeurs abyssales de l’amour


Celui qui a parcouru les profondeurs abyssales de l’amour,
Tour à tour dévoré par la soif
Ou s’abreuvant à la source,
Traverse sans dommage l’aridité
Ou les riches floraisons.
L’écoulement des saisons
Ne le touche point.
Au fond du gouffre de l’absence
Comme sur les cimes de l’union,
Son cœur reste serein
Et tel qu’en lui-même.

Hadewijch d’Anvers

samedi 2 décembre 2017

Le sillage du temps

La nuit t'engloutit.
Je reste sur le quai
     offert au vent glacé
     les bras ballant
à contempler
     sans y croire
     le sillage du temps
dans l'eau noire.