mercredi 6 août 2014

Anthropophagie

Voici le temps du dernier homme. Il se dévore lui-même. Il cuit à petit feu au bureau, à l'usine, en tous ces lieux où la vie racornit à force de se perdre à se gagner. Il se découpe en morceaux jacassants qui gisent épars sur la tombe de ses rêves, chaque matin assassinés. Il remplit le vide qu'il est d'images mortes qui dansent sur des écrans désespérément plats. De l'homme, il ne reste plus rien qu'un regard d'enfant perdu flottant dans l'air, hypnotisé, absorbé par un spectacle dont il est absent.

10 commentaires:

  1. Pourquoi ?

    Y a-t-il à cette anthropophagie une motivation que nous ignorons, y a-t-il, caché dans cette misère, un dessein qui dépasse nos vues limitées ? Est-ce une simple dérive insensée ou cela peut-il conduire vers un renouvellement et vers un accroissement de la présence divine en ce monde, vers une augmentation qui ne saurait se produire sans une diminution préalable ?
    Cela contraindra-t-il l’humain à "grandir en divinité", c’est à dire à se laisser habiter par la dimension de lui-même qu’il ne sait pas assez reconnaître et servir, pour ne pas s’anéantir tout à fait ?
    Qui sait....?

    Amezeg

    Amezeg

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    1. Oui ! Merci Amezeg pour cette question qui est certainement LA question essentiel à se poser en cette époque où marcher sur la tête semble être devenue une norme. Y voir une simple dérive insensée serait concéder au non-sens la part belle, mais l'inconscient collectif a ses voies que la raison ignore...

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  2. ...et si, tout simplement, il fallait aller "au bout", vraiment "au bout"... de l'asphyxie spirituelle, pour comprendre, définitivement, que c'est "l'air pur" qui nous fait vivre ?
    C'est le moment où l'on donne, dans un dernier sursaut, un grand coup de pied au fond de la piscine...et où l'on s'élève à toute vitesse vers le ciel...et le soleil ! :-)

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    1. Ah, le beau fond de la piscine ! Il faut prendre le temps de le contempler, goûter l'asphyxie jusqu'à la dernière extrémité, pour qu'enfin le coup de pied (de l,âne :) parte de lui-même. Ah, la joie de respirer enfin à l'air libre sous le soleil !

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    2. L'adjectif "beau" me semble de trop...enfin, quand on y est...et j'y suis aussi, parfois...

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  3. ...peut-être aussi aller au bout de l’importance excessive accordée à "moi !" pour que Soi nous fasse remonter à Son gré, selon les modalités qu’Il choisira, vers Sa lumière... :-)

    Amezeg

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  4. Oui, c'est la même chose :), en fait, l'être humain "explore" la séparation d'avec son Principe...exploration douloureuse mais sans doute nécessaire, au final...

    Il semble qu'il faille souvent "quitter pour mieux retrouver"...

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  5. Et le "moi" veut toujours faire, toujours en faire davantage, même dans la vie intérieure, il veut faire...
    Il lui faut apprendre à "laisser faire", ce qui n’est pas si facile, mais qui lui permettra peut-être de découvrir aussi "la joie d’être un âne"... ;-)

    Amezeg

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    1. Voilà bien le nœud gordien, ce moi qui veut faire et savoir ce qu'il fait en tout. Ouf ! Quand le nœud se desserre, ou plutôt qu'il est dûment tranché, il reste la joie d'être ! :)

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