La ville de mes pères
grand-pères et oncles
l'école de ma mère
de mes tantes là où
nous dansions sous le préau
mimant des comptines au parfum de fleur
Fougères bâtie sur la pierre
le Château d'Isle et Vilaine
au son et lumière
le soir couchée dans mon lit
je suivais l'histoire des croisades
elles semblaient traverser ma chambre
et puis il y a eu ce quatorze juillet
nous étions invitée ma mère et moi
chez une amie de collège de celle-ci
nous montâmes la rue de la Pinterie
longeâmes les douves du Château
passâmes sur les ponts et sous
les tonnelles du jardin public
d'où on apercevait en contrebas sur la falaise
la maison de mon grand-père
essoufflées toutes deux nous grimpâmes
les trois étages de bois grinçant et rieur
de notre hôte
je réalisais alors que le jupon
de ma mère ce jour-là dépassait
elle y avait ajouté un ruban tricolore
coquette patriote d'une révolution en marche
dehors la fanfare éclatait
je me penchais alors à la fenêtre
aux volets claquants et restais là
médusée émerveillée
sous mes yeux
un grand navire aux voiles tricolores
voguant sur une marée humaine
s'agitant d'un édifice à l'autre
la foule entonnait la Marseillaise
dans mon cœur d'enfant j'associais alors
ma mère et ce chant de rassemblement
la Marseillaise c'était elle
avec son jupon à cocarde
Cygne blanc
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