jeudi 18 juillet 2019

Vie intérieure


J’apprenais que la poésie est un acte, 
une incantation, 
un baiser de paix, 
une médecine.

J’apprenais que la poésie est une des rares choses au monde 
qui puisse l’emporter sur le froid et la haine. 
On ne m’avait pas appris cela.

*

Toujours cette liaison de la lumière et de la joie, cette identité : 
c’est le fait central, constitutif de mon expérience. (...)
Mes amis eux-mêmes s’y trompent souvent : 
ils ne savent pas ce que je dis quand je dis : « lumière ». (...)
Quand je dis « lumière », je ne songe pas aux objets lumineux, 
au tourbillon de reflets et d’oscillations qui forme l’univers visuel. 
Je songe à la source, qui, elle, est au-dedans »

*

Bref, dans ce monde qui secoue contre mes oreilles tous ses règlements et toutes ses ferrailles, 
dans le monde qui chaque jour m’apporte de plus grandes connaissances, des légumes plus grands, des armées plus grandes, 
j’ai besoin de nourriture, j’ai faim. 
J’ai faim d’une chose qui ne diminuerait pas et ne grandirait pas, 
d’une chose qui simplement n’aurait pas de fin. 
Cette chose- là, faute d’autre mot, je l’appellerai la vie intérieure.

Jacques Lusseyran, Le monde commence aujourd’hui.

2 commentaires:

  1. Et elle a besoin du corps de la poésie pour se déployer.

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  2. Quelle justesse!Quel bel éclairage sur notre monde!Merci!!

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