vendredi 1 mars 2019

Suite à Aragon


Au périgée de mes neuf ans
Ferrat chantait Aragon
Au mois d’août il me semble
Lorsque les flammes deviennent cheveux
Au sable fin des dernières plages
Coquillage de jour
Duquel émerge l’Ève de la soif
Ruisselante dans ses gouttelettes de perles
Dans sa robe de lin.

Aragon, tes vers sont
Un chant de terre et de ciel
Une livrée dans les regards,
La chevelure et les mains d’une femme,
Un éveil de l’esprit dans la somnolence
Des paroles sur la bouche des pastels.

Cette lumière de ta poésie
Elle me connaît,
Je la reconnais
À chaque fois que mon cœur s’exerce à voir
Sans désirer, sans vouloir
Ni apprendre avec plus rien à prendre
Mon corps 
Plus présent que jamais
Plus d’avenir que j’aimais
En mon absence reconnaissante.
Cette lumière, terreau de fleurs nouvelles
Dont se souviennent les pollens de mes yeux
Qu’enfin revienne l’Hélène de mes cieux.

Aragon, poète communiste quelle risée!
Apôtre dominical qui préférait
La messe noire de l’Adoration perpétuelle
Dans les prés sous la Pleine lune de juillet
À une tablée de prolétaires sans vodka
Sans Slave Ophélie sur la Volga.
Surréels sont tes mots et tes arbres noyés
Dans la lumière assagie du midi
Un rêve endormi
Comme cette barque au loin sur le Gange
S’effaçant dans l’or de la rétine du couchant indien.
Aragon, les oiseaux dans tes poèmes
Ne volent plus tant ils ont 
Donné toutes les couleurs
De leurs plumes et de leur cœur
Au jeune poète qui te conçut.
Plus que quiconque, tu as célébré Belisama
Et la  France dans ses aurores
Aux bras tendus vers ceux qui connaissent 
L’immortalité de l’Amour
Jusqu’à l’épuisement des géographies et de l’Histoire.

Lug Lavallée

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