vendredi 10 février 2017

Sa voix

Assise près de ma mère
je pensais à lui
à son courage
à sa ténacité
il nous avait laissées
nous  les deux femmes de sa vie

nous ne parlions pas de lui
seul parfois un geste
un regard échangé
rendaient son souvenir palpable
et puis la radio
que l'une ou l'autre allumions
pour rompre le silence
à la tombée du jour

nous guettions sa voix
elle nous parvenait de si loin
d'un pays où régnait le chaos
chaque mot chaque tonalité
déposait dans notre salon
son poids d'absence
de crainte  d'espoir

nous frémissions toutes deux 
dans la pénombre 
lovées l'une contre l'autre
nos cœurs battaient si fort
nous avions l'illusion
alors que le sien
s'unissait aux nôtres

la voix  sa voix se voulait
chaleureuse  rassurante
malgré les mots
percutant les ondes
comme des projectiles
puis la météo suivait
qu'on nous annonce des orages
des ouragans ou des tempêtes solaires
nous demeurions inertes
criblées par ses paroles

nous étions en première ligne
celle du chaos sans frontière

Cygne blanc

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