dimanche 21 septembre 2014

Le pet d'éveil


Abu Bakh (Dieu veille sur lui !) cheminait un matin avec quelques disciples.

Le sage allait devant, assis sur son baudet. Les autres étaient à pied. Comme ils allaient ainsi sous le soleil content, l'âne lâcha un pet. Bouleversement d'Abu Bakh. Il sursauta en gémissant comme un amant soudain éperdu de bonheur, il se déchira la chemise, la face au ciel, riant, pleurant.

- Seigneur, s'exclama-t-il, Seigneur, comme je T'aime ! Comme Tu parles juste et clair dans Ton infinie compassion !

Ses disciples se regardèrent, déconcertés, les sourcils hauts. L'un d'eux osa lui demander :

- Maître, que vous arrive-t-il ? Un âne pète et Dieu vous vient ? L'air nous manque, expliquez-nous vite !

Il répondit :

- Mes chers enfants, comme nous allions sous la brise, l'âme en paix et le corps aussi, je pensais : « Je chevauche droit, bien au chaud dans mon grand manteau, mes disciples sont là autour, trottinant au plus près de moi. Ils sont discrets, ils me respectent, ils se disputent le plaisir de tenir la bride de l'âne. Décidément, je suis quelqu'un. Je suis un cheikh considérable. 

Voilà comment, le jour venu, honoré de la terre au ciel, j'entrerai dans la haute gloire de la résurrection des saints ! » Comme je me disais cela, l'âne péta.

Réponse brève à ma litanie d'âneries, mais d'une justesse si pure que extase m'en est venue. 

Merci à Amezeg d'avoir porté à ma connaissance ce conte raconté par Henri Gougaud ici: http://www.cles.com/chronique/le-pet-d-eveil

4 commentaires:

  1. Avec grand plaisir, Jean ! Merci à toi pour cet espace où peuvent batifoler quelques ânes de passage.... :-)

    Amezeg

    RépondreEffacer
  2. L'âne s'appelait peut-être "Gaz part"...et testait peut-être un nouveau moyen de propulsion...pour transporter son maître au plus vite et arriver à destination à huit heures "pétantes"...:-))

    Bon, je crois qu'on a pratiquement fait le tour du sujet...
    Va falloir passer à autre chose...ce blog commence à embaumer...il n'est bientôt plus fréquentable...

    RépondreEffacer
  3. Et son frère Gaston, c’est celui qui décoiffe un max, il ne se contente pas d’ébourriffer...

    Amezeg

    RépondreEffacer
  4. Allez, une dernière bêtise...pour le peigne (euh...pour la peine)
    (après, vous oubliez, je n'aurai plus le temps...)

    Pour retrouver le cheikh (toujours utile)...on peut suivre...
    "les pas du mulet"...ou "les pets du mulla"...
    (petite contre..."pèterie" !)

    RépondreEffacer