(Sur un air de Jean-Pierre Ferland)
Te souviens-tu des balançoires
qui nous soulevaient les pieds jusqu'au ciel
la chevelure dans la ramée des arbres
la tête renversée par les élans telluriques
Juste pour te plaire
je mangeais des grappes de lilas
je buvais la bave des marguerites
je saignais les coquelicots
Te souviens-tu lorsque nous courrions
plus vite que le nuage chargé de pluie
d'orage nos corps électrisés se heurtaient
aux portails séraphiques
Pour te charmer je te confectionnais
des bracelets de limaces
je caressais le ver de terre
je croquais l'escargot
As-tu souvenir de l'étang aux quenouilles
où nous jouions aux noyés
où filait la brume d'avril
sur nos visages étales nos corps fluets
Pour te conquérir je gagnais la rive
te tendais un roseau effleurant ta peau
chantant t'appelant en vain
tu t'abandonnais à l'onde
Tu ne te souviens plus
Pour t'aimer j'effeuille la marguerite
un peu beaucoup désespérément
infiniment
Cygne blanc Avant de m'assagir
Je veux me garder
Un coin de ciel
D’orange brûlée
Un nectar d’ébène
Plein la gorge
Des percussions d’eucalyptus
Plein les oreilles
Et d’être rejeté
Comme Jonas
Par un océan
Jamais lassé
De répandre
Ses perles de bonheur
Avant de m’assagir
Je veux abandonner
Aux morsures du sable
Les mues de mes soucis
De mes regrets
Et de mes amours
Non consommés
Je veux surtout
Marcher pieds nus
Dans les diaphanes lumières
Jusqu’à l’établi
De l’oubli des jours
Où le batelier est roi
Avant de m’assagir
Je veux croire
Une dernière fois
Que l’impossible
Que Sydney, Rio,
Valparaiso, Oslo
Ne sont pas plus éloignés
Que mes yeux le sont de tes lèvres
Que dans chaque rose
Un mystère d’amour repose
Que le ciel vient
À qui sait l’attendre
Et le tendre
Lug 03-02-2022
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