dimanche 30 décembre 2018
L'arbre de l'amour
L'amour est un arbre
aux branches
dans le toujours
aux racines
dans l'éternité
et au tronc
nulle part.
Rûmi
samedi 29 décembre 2018
Fils de carcajou
J’ai des gènes de carcajou
Semence d’étoiles et de trous noirs
Rebut de galaxies et de marais
J’erre comme un astre maudit.
J’ai des gènes de carcajou
Tantôt sauvage tantôt joueur
Je cherche d’innocentes victimes
Plongées dans leur sommeil engourdi.
J’ai des gènes de carcajou
Candide, cruel, stupide et imprévisible
Essentiellement nuisible
Je manifeste le chaos et le Verbe.
J’ai des gènes de carcajou
Grand prêtre de tous les orifices
Déclencheur comique et cosmique
Initiateur de changements.
J’ai hérité de l’esprit du carcajou
De la famille des heyokas et des clowns sacré
Des moines kagyüpas et autre fous de Dieu
Des marginaux, Loki et Hamlet de ce monde.
J’ai des gènes de carcajou
On me craint et on me déteste
Des rumeurs disent que je viens du diable
Partout où je passe, je provoque des accidents.
J’ai des gènes de carcajou
Descendant du premier chaman
Du soma de l’amanite tue-mouches,
Versé dans la rhétorique des paradoxes.
J’ai des gènes de carcajou
J’inverse les pôles
Brouille les directions
La logique et les éléments.
J’ai des gènes de carcajou
Mordant dans les chairs du mensonge
De la fausse vertu et de la fumisterie
Je laisse leurs carcasses fumantes derrière mes pas de danse.
J’ai des gènes de carcajou
Les coyotes, les hyènes et les aigles
Partagent ma solitude
Dans le narthex de mon cœur pleurent les étoiles !
Lug Lavallée
mercredi 26 décembre 2018
La brûlure du soleil
Après un certain temps, vous apprendrez que le soleil peut vous brûler si vous vous y exposez trop longtemps. Vous accepterez même que les bonnes personnes puissent parfois vous blesser, et vous aurez alors besoin de les pardonner. Vous apprendrez que parler peut apaiser les douleurs de l’âme…vous découvrirez que cela prend des années de construire la confiance, et à peine quelques secondes de la détruire, et que vous pourrez aussi faire des choses que vous regretterez toute votre vie.
William Shakespeare
dimanche 23 décembre 2018
Boréale
Une aurore boréale m'a parlé de toi
A déshabillé tes secrets
Et m'a montré tes origines.
Dans la paix retrouvée,
J'ai caressé l'éther de tes yeux
Nous avons souri aux souvenirs angéliques des étoiles
Et je crois que nous avons dansé nos vies
Dans la nuit encerclée par les caribous.
Lug Lavallée
A déshabillé tes secrets
Et m'a montré tes origines.
Dans la paix retrouvée,
J'ai caressé l'éther de tes yeux
Nous avons souri aux souvenirs angéliques des étoiles
Et je crois que nous avons dansé nos vies
Dans la nuit encerclée par les caribous.
Lug Lavallée
vendredi 21 décembre 2018
A toutes mes relations
Tu es musique
Tes nuages sont sans frontières
Quand ils s’approchent
Leurs odeurs se parfument de brume
Tu danses la pureté des gouttes
Les yeux éteints
Je perçois ta beauté
Tes mélodies
Je dépose du tabac
En offrant sur une pierre
Je te suis redevable
Pour ma liberté
Joséphine Bacon
jeudi 20 décembre 2018
La poursuite du bonheur
Il
est des moments dans la vie où l’on a presque l’impression
d’entendre l’ironique froufrou du temps qui se dévide,
Et
la mort marque des points sur nous.
On
s’ennuie un peu, et on accepte de se détourner provisoirement de
l’essentiel pour consacrer quelques minutes à l’accomplissement
d’une besogne ennuyeuse et sans joie mais que l’on croyait
rapide,
Et
puis on se retourne, et l’on s’aperçoit avec écœurement que
deux heures de plus ont glissé dans le vide,
Le
temps n’a pas pitié de nous.
À la fin de certaines journées on a
l’impression d’avoir vécu un quart d’heure et naturellement on
se met à penser à son âge,
Alors
on essaie d’imaginer une ruse une sorte de coup de poker qui nous
ferait gagner six mois et le meilleur moyen est encore de noircir une
page,
Car
sauf à certains moments historiques précis et pour certains
individus dont les noms sont écrits dans nos livres,
Le
meilleur moyen de gagner la partie contre le temps est encore de
renoncer dans une certaine mesure à y vivre,
Le
lieu où nos gestes se déroulent et s’inscrivent harmonieusement
dans l’espace et suscitent leur propre chronologie,
Le
lieu où tous nos êtres dispersés marchent de front et où tout
décalage est aboli,
Le
lieu magique de l’absolu et de la transcendance
Où
la parole est chant, où la démarche est danse
N’existe
pas sur terre,
Mais
nous marchons vers lui.
Michel Houellebecq
dimanche 16 décembre 2018
Dans ta chambre de verre
Dans ta chambre de verre
précieux instants
précise l'heure de notre rendez-vous
celle où le soleil frappe
juste avant le reflet des arbres
celle où nos regards vacillent
à l'horizon d'un autre monde
toi dans ta chambre de verre
moi au jardin
je ne perçois pas ton souffle
je le pressens
au balancement des gerberas
il perpétue le mien
un rare papillon se pose
sur ma main contemplation
miroitement
il est aussi dans la tienne
l'autre main
le soleil darde de ses rayons
la pointe de ses ailes
la paume de nos mains
au berceau du hara
tu t'élèves
je demeure
Eleorah
Cygne blanc
mardi 11 décembre 2018
Fleur de barricade
Louise Michel |
Tu es la muse des pauvres gueux
Ton visage est noir de fumée
Tes yeux sentent la fusillade
Tu es une fleur de barricade
Tu es la Vénus
Des meurt-de-faim tu es la maîtresse
De ceux qui n’ont pas de chemise
Les gueux qui vont sans souliers
Les sans-pain, les sans-lit
Ont tes caresses
Mais les autres te font roter
Les gros parvenus et leurs familles
Les ennemis des pauvres gens
Car ton nom, toi, ô sainte fille
Est Liberté
vendredi 30 novembre 2018
Le survivant
Est-ce le vent
est-ce mon ange
diable on cogne
si l'humanité a disparu
qui peut bien s'intéresser
à moi
est-ce le vent
est-ce mon ange
diable
devrais-je ouvrir
et dans quelle tenue
je suis si bien là
dans mon fauteuil
si je me lève
le retrouverais-je
tout a tellement disparu
je suis un survivant
le Survivant
le seul l'unique
je peux dire et faire
tout ce que je veux
on ne me contredira pas
même les dieux n'ont plus
ce privilège
on cogne à nouveau
est-ce lui
non je ne bougerai pas
c'est moi le Maître désormais
personne ne me forcera à répondre
je ne réponds que de moi
à moi-même
d'ailleurs je n'en ai pas le temps
le Temps aussi a été emporté
avec tous ces disparus
comment puis-je
ne serait-ce qu'envisager
me rendre à la porte
si je ne peux plus compter
sur le temps qui m'en sépare
non je reste là
dans mon fauteuil
oui on a cogné
mais était-ce avant
pendant ou après
puisque le temps n'est plus
je ne peux situer l'instant
où l'on a frappé
peut-être même que l'on n'a
jamais frappé à cette porte
à moins que ce soit
le Temps
lui-même
qui me revienne
Cygne blanc
mercredi 28 novembre 2018
lundi 26 novembre 2018
Feu d'en bas
Ne crains pas d’attiser ton feu d’en bas. C’est lui qui éveille le cœur et fait les pensées lumineuses !
Henri Gougaud
lundi 19 novembre 2018
jeudi 18 octobre 2018
mercredi 17 octobre 2018
Tête emplumée
Au réveil je vérifie
où a-il la tête
il est parti
sans dire
sans faire
sans jouir
au creux de l'oreiller
l'empreinte
et quelques cheveux
que je m'empresse
de rassembler
je vérifie alors
la pression atmosphérique
la chaleur des draps
les reflets de l'extérieur
il est parti
sans se couvrir
sans boire et manger
sans but
je vérifie alors
le ruban de ses chapeaux
le son du frigidaire
l'absence du connu
où as-tu mis ta tête
réponds-moi
embrasse-moi
crie
ta tête je l'ai vue
dans ton regard
elle voyage
sans mot
sans chapeau
pleine d'oiseaux
tête de poète
tête emplumée
Cygne blanc
mardi 16 octobre 2018
Limpidité
J'ai toujours su que nous n'étions pas encore nés, que le monde était une matrice avant le vrai ciel, au-delà des sombres nuages. La vie est à gagner, la limpidité à conquérir. La plupart des hommes sont dans les brumes et ne le voient pas.
Christian Charrière, le maître d'âme
lundi 15 octobre 2018
Ami intérieur
Pour chaque âme individuelle, il y a un maître intérieur qui, tout au long d'une existence terrestre assume envers elle une sollicitude et une tendresse particulières. C'est lui qui l'initie à la connaissance, la protège, la guide, la défend, la réconforte, la fait triompher. Cet être, plein de mystère, d'intelligence et d'amour, les anciens le nommaient la Nature Parfaite. Et c'est cet ami, ce défenseur et protecteur, qu'en langue religieuse on appelle l'Ange.
Abd-ûl Haquîqî
dimanche 14 octobre 2018
Miroir brisé
La vérité est un miroir tombé de la main de Dieu et qui s'est brisé.
Chacun en ramasse un fragment et dit que toute la vérité s'y trouve.
Rûmi
samedi 13 octobre 2018
Mur de briques
L'illusion de la liberté continuera aussi longtemps qu'il est profitable de faire perdurer cette illusion. Lorsque cette illusion sera trop coûteuse à maintenir, ils débarrasseront la scène, déferons les rideaux et vous verrez le mur de briques au fond du théâtre.
Frank Zappa
vendredi 12 octobre 2018
Mille nouveaux visages
Un amour est venu qui a éclipsé tous les amours. Je me suis consumé, et mes cendres sont devenues vie. De nouveau, mes cendres, par désir de brûler, sont revenues et ont revêtues mille nouveaux visages.
Rûmi
jeudi 11 octobre 2018
Lumière intérieure
Si Dieu réside en chaque homme, alors toute forme d'organisation hiérarchique prétendant détenir le monopole du vrai, et dispensant celui-ci de haut en bas, est l'ennemie de l'espèce humaine. Sans preuve de l'existence de cette Lumière intérieure, il ne peut exister de justification rationnelle à l'anarchie. Avec cette preuve (que je détiens), il n'y a pas d'explication rationnelle légitimant la centralisation du pouvoir, ou les États tels que nous les concevons actuellement. Nous serons tous reliés les uns aux autres de toute façon. Il ne saurait en être autrement. Les conséquences sur le plan social sont incalculables, mais dans le bon sens.
Philip K. Dick, l’exégèse
mercredi 10 octobre 2018
Entre deux trains
Ce matin, comme je me perdais un moment dans l'espace improbable entre deux trains, deux vies, soudain des notes de piano ont égrené le silence. Elles ont ruisselé sur mon âme en perles de lumière qui l'ont lavée et rendue à sa nudité première. Tout superflu étant irrémédiablement perdu pour quelques instants, j'ai retrouvé alors ton sourire qui attendait au fond de mon cœur que je le redécouvre, soleil éclairant du dedans le diamant de l'Être.
mardi 9 octobre 2018
Subtilité
Si tu es à la recherche de la demeure de l'âme, tu es une âme. Si tu es en quête d'un morceau de pain, tu es du pain. Si tu peux saisir le secret de cette subtilité, tu comprendras. Chaque chose que tu recherches, tu l'es.
Rûmi
lundi 8 octobre 2018
Se battre
Ce qu'un Sans Roi doit faire, c'est tout faire pour que l'argent et la gloire n'ait plus pour lui aucune valeur. Savoir qu'il vivra inconnu et mourra pauvre - mais tout faire pour que cette pauvreté soit la fenêtre vers des rapports plus justes, des relations plus belles, et cet anonymat la porte vers des combats plus intenses et des amours plus nobles. Se battre, non pour s'enrichir à la place des chefs mais pour que ceux-ci ne détruisent pas davantage la nature, les animaux et les hommes dans leur projet infernal. Se battre, non parce que nous voulons posséder ce monde illusoire mais parce que c'est la seule façon d'accéder à quelque chose qui ressemble à un destin. Se battre, parce que ce combat est la seule chose qu'ils ne peuvent pas nous prendre ; c'est la seule chose qui ne puisse être négociée.
Pacôme Thiellement, la victoire des Sans Roi
dimanche 7 octobre 2018
Tapis rouge
J'entre doucement dans l'automne de ma vie. À pas lents, comptés, je me glisse sans bruit parmi les ombres qui s'allongent. Les feuilles mortes de nos amours défuntes me font un tapis rouge où l'or du temps se mêle au brun de la terre féconde. J'ai le privilège des larmes qui ravivent la mémoire et arrosent la fleur de lumière. Intacte quoi qu'il arrive, elle traversera l'hiver et te parviendra où que tu sois.
samedi 6 octobre 2018
L'enfer
L’enfer, c’est de toujours faire les choses en s’en foutant. C’est de vivre en pensant à autre chose. L’enfer, c’est de ne jamais être là, mais toujours un peu avant ou un peu après, à regretter quelque chose ou à en attendre une autre. C’est de ne jamais écouter quand on vous parle, parce qu’on s’emmerde partout et qu’il n’y a pas de raison que ça s’arrête. L’enfer, c’est la vie gâchée à attendre la vie, la pensée gâchée à penser autre chose.
Pacôme Thiellement
vendredi 5 octobre 2018
Réintégration
Je pense que la tâche du prochain siècle, en face de la plus grave menace qu'ait connue l'humanité, va être d'y réintégrer les dieux.
André Malraux
jeudi 4 octobre 2018
Petit rien
Il n'a rien qu'un petit rien
bien enfoui dans sa main
il va souriant
chantonnant à St Germain
on le croise soir et matin
au café du coin
il ne dit rien
il vous sourit
vous tend la main
son regard au loin
vous entraîne
là où les fruits les fleurs
et le labeur boivent à la chaleur
des pays lointains
là où les baleines les requins
les oursins se côtoient
aux pays marins
là où se trouve celle à qui
il a tout donné
celle du pays en chemin
cette étrangère
qui vous donne la vie
puis la ravit
il n'a rien qu'un petit rien
bien enfoui dans sa main
un peu d'eau
un peu de cendre
que du divin
Cygne blanc
mercredi 3 octobre 2018
Redite
Entre rein et cœur, à notre insu
un filet de souffle circulant
Redit ce que les astres ont tu
ce que la chair a corrompu
François Cheng
un filet de souffle circulant
Redit ce que les astres ont tu
ce que la chair a corrompu
François Cheng
lundi 1 octobre 2018
Rosier enflammé
Tu es dans mon cœur même quand je l'ignore, comme un rosier qui s'enflamme en l'absence du jardinier.
Christian Bobin
dimanche 30 septembre 2018
samedi 29 septembre 2018
Soumission passionnée
Le principe de mon travail est une soumission passionnée à l'objet qui m'occupe, auquel, en d'autres mots, mon amour appartient.
Rainer Maria Rilke
Rainer Maria Rilke
jeudi 27 septembre 2018
mardi 25 septembre 2018
Rivière et fleuve
Où rivière et fleuve
Ont leurs larmes mêlées
leurs sangs confondus
S’ouvre le val d’attente
Aux saisons défuntes
aux herbes renaissantes
Tout est retrouvaille
Tout est épousailles
la vie s’offre à nu
S’envole l’hirondelle
Changeant brume et nuage
en aérienne extase
François Cheng
lundi 24 septembre 2018
Blessure éternelle
Ce que les nazis ont fait aux juifs n'est rien que l'on puisse dater et inscrire dans la longue chaîne de l'Histoire, ce n'est rien de passager ni de localisé en un seul pays, c'est un fait absolu, une blessure éternelle dans la chair terrestre du temps, c'est ce que l'humanité a fait à toute l'humanité, c'est ce que l'humanité s'est fait à elle-même. Le mal perpétré par un seul homme souille tous les autres hommes, de même que les larmes versées par un seul lavent tous les autres. Le meurtre comme la bonté engagent à chaque fois l'humanité entière, la sauvent et la perdent à chaque fois.
Christian Bobin
dimanche 23 septembre 2018
Main noire
Il y a ce poids qui s'alourdit avec la nuit, cette fatalité indécente de la poésie. Il y a le rempart fragile de l'enfance devant la marée du chagrin. Il y a le clinquant absurde de l'ordre marchand qui me met des chaines aux pieds et veut monnayer mon rêve. Il y a ces raisons qui me sont servies froides et un peu rancies de rétrécir la vie jusqu'à en faire un horizon minuscule. Il y a le scalpel de ton absence qui grave des arabesques dorées sur mon cœur obsidienne. Il y a les lignes de fuite brûlantes du désir qui dessinent un ailleurs impossible sous la couverte du silence. Il y a cette main noire qui tendrement ramasse les dés de l'existence et les relance, comme si tout pouvait recommencer...
samedi 22 septembre 2018
Je suis
Je suis le jour. Je suis la nuit. Et je suis ce qui les tient ensemble. Je suis le vent qui tourbillonne, je suis la vague qui meure en embrassant le rocher, et je suis l'océan avec son parfum d'infini. Je suis le goéland qui trace une route invisible dans le ciel, et je suis le goût de grand large que les embruns viennent déposer sur ta bouche. Je suis tout ce que je ne suis pas tandis que m'effaçant, je livre passage à ce qui est... sans moi.
vendredi 21 septembre 2018
Intériorité
Je ne peux rien te donner
qui n'ait déjà son existence
à l'intérieur de toi...
Je ne peux te proposer
d'images que les tiennes...
Je t'aide à rendre visible
ton propre univers...
C'est tout...
Herman Hesse
jeudi 20 septembre 2018
Aurore inattendue
Je marche dans la nuit sur des traces qui deviennent lumineuses quand je ferme les yeux. Je marche dans la vie sur un fil tissé de rêves aveugles où se reflètent le ciel ardent et les étoiles rieuses. Je marche dans le vide avec le regard tourné en dedans vers ta beauté, cette aurore toujours inattendue.
mercredi 19 septembre 2018
Bateaux sans équipage
Chaque objet se ferme et résonne
Mes outils démoniaques me tachent.
Sur des bateaux sans équipage
nous profanons le paysage d'un secret
L'infini n'arrivera pas jusqu'à nous.
François Charron
Mes outils démoniaques me tachent.
Sur des bateaux sans équipage
nous profanons le paysage d'un secret
L'infini n'arrivera pas jusqu'à nous.
François Charron
mardi 18 septembre 2018
Alchimie essentielle
Nous labourerons les terres obscures de la nuit. Nous travaillerons le chaos à mains nues, laissant la matière pénétrer les pores de notre peau jusqu'à la rendre translucide. Nous sèmerons nos amours mortes dans le cœur immobile du temps. Nous les irriguerons de notre impatience infiniment patiente. Nous traverserons intacts l'opacité de l'instant. Nous récolterons enfin les soleils dansants qui éclaireront demain.
jeudi 13 septembre 2018
Ni manifesté, ni caché
Comment pourrai-je toujours exprimer Cette Vérité ?
Comment puis-je dire: "Il n'est pas ceci, ni cela "
Si je dis qu'il est en moi, le monde est incrédule,
Si je dis qu'il est au-dehors de moi, c'est mentir.
Il rend le monde intérieur et extérieur comme un tout indivisible :
le visible et l'invisible sont ses marchepieds.
Il n'est ni manifesté, ni caché.
Il n'est ni révélé, ni non révélé.
Il n'y a rien en vérité qui puisse exprimer ce qu'il est.
Kabir
mercredi 12 septembre 2018
Le rire du jardinier
J'ai couru au jardin et j'ai cueilli une rose.
Je craignais d'être vu par le jardinier.
J'entendis la voix du jardinier me dire :
Qu'est-ce qu'une rose, je te donnerai tout le jardin.
Rûmi
Je craignais d'être vu par le jardinier.
J'entendis la voix du jardinier me dire :
Qu'est-ce qu'une rose, je te donnerai tout le jardin.
Rûmi
mardi 11 septembre 2018
Hors du paradis
Un jour on sort du paradis et on voit ce qu'est le monde : un palais pour les menteurs, un désert pour les purs.
Christian Bobin
lundi 10 septembre 2018
Neti, Neti
Neti, Neti.. Ni ceci ni cela...L'esprit humain ne peut pas Le saisir. Seul l'être vide de toute illusion et de toute Vérité autre que celle-ci peut selon sa grâce l'incarner.
Yakob Asclepios Saladdin
dimanche 9 septembre 2018
Fontaine de jouvence
Nous avons traversé les ténèbres de l'océan et l'immensité de la terre. Nous avons enfin trouvé la fontaine de jouvence. Elle nous attendait patiemment au cœur de nous-mêmes.
Rûmi
samedi 8 septembre 2018
Changer de vie
Trois mots donnent la fièvre. Trois mots vous clouent au lit : changer de vie. Cela c'est le but. Il est clair, simple. Le chemin qui mène au but, on ne le voit pas. La maladie c'est l'absence de chemin, l'incertitude des voies. On n'est pas devant une question, on est à l'intérieur. On est soi-même la question. Une vie neuve, c'est ce que l'on voudrait mais la volonté, faisant partie de la vie ancienne, n'a aucune force. On est comme ces enfants qui tendent une bille dans leur main gauche et ne lâchent prise qu'en s'étant assurés d'une monnaie d'échange dans leur main droite : on voudrait bien d'une vie nouvelle mais sans perdre la vie ancienne. Ne pas connaître l'instant du passage, l'heure de la main vide.
Christian Bobin
vendredi 7 septembre 2018
Création quotidienne
Pour les lois de la thermodynamique et de l'entropie, tout ce qui est créé est entraîné tôt ou tard de l'ordre au désordre. Tout finit bien sûr par s'affaiblir et se débiliter, tout ce qui était juste devient faux avec le temps, tout ce qui était beau et lisse se craquelle... Mais au lieu de nous en affliger, nous devrions voir là la sagesse primordiale de la création qui ne nous livre pas une fois pour toutes un réel achevé, parfait et durable, mais nous invite en permanence, dans le respect des lois ontologiques et des structures d'un ordre de l'amour, à réactualiser, à remettre à neuf ce qui s'étiole, à réinventer des contenants et des contenus, à faire que soit neuf ce qui était hier usé, que soit étincelant ce qui était hier terni. Nous sommes en permanence nécessaires à la création quotidienne du monde. Nous ne sommes jamais les gardiens d'un accompli mais toujours les cocréateurs d'un devenir.
Christiane Singer
jeudi 6 septembre 2018
Fleurs verticales
Je t'offrirai un bouquet de fleurs verticales pour éclairer en dedans, au profond de la nuit que tu portes comme on porte une vie à naître. Elles seront cri. Elles seront bruit de l'âme qui se déplie après avoir été trop longtemps à l'étroit. Elles seront musique quand l'étoile qui en toi veut danser déploiera ses ailes pour rejoindre ses sœurs - enfin libre !
mercredi 5 septembre 2018
Ballons sur le nez
Ça vaut pas la peine
De laisser ceux qu'on aime
Pour aller faire tourner
Des ballons sur son nez
Ça fait rire les enfants
Ça dure jamais longtemps
Ça fait plus rire personne
Quand les enfants sont grands .
Beau dommage.
De laisser ceux qu'on aime
Pour aller faire tourner
Des ballons sur son nez
Ça fait rire les enfants
Ça dure jamais longtemps
Ça fait plus rire personne
Quand les enfants sont grands .
Beau dommage.
mardi 4 septembre 2018
Maison ouverte
Le solitaire est celui qui n'est plus jamais seul parce que toutes choses viennent à lui trouver leur nom. Il est comme une petite maison dans la forêt, si ouverte au silence que les bêtes sauvages ne craignent pas d'y entrer.
Christian Bobin
lundi 3 septembre 2018
Horizon écarlate
Un oiseau plonge dans l'horizon écarlate.
Le suivant des yeux, elle demande :
Jusqu'où irons-nous ensemble ?
dimanche 2 septembre 2018
Route brûlante
Le soleil trace une route
qui va brûlante de maintenant à maintenant
sans détour ni retour.
qui va brûlante de maintenant à maintenant
sans détour ni retour.
samedi 1 septembre 2018
Recevoir ce qui nous est donné
La légèreté, elle est partout, dans l’insolente fraîcheur des pluies d’été, sur les ailes d’un livre abandonné au bas d’un lit, dans la rumeur des cloches d’un monastère à l’heure des offices, une rumeur enfantine et vibrante, dans un prénom mille et mille fois murmuré comme on mâche un brin d'herbe, dans la fée d’une lumière au détour d’un virage sur les routes serpentines du Jura, dans la pauvreté tâtonnante des sonates de Schubert, dans la cérémonie de fermer lentement les volets le soir, dans une fine touche de bleu, bleu pale, bleu-violet, sur les paupières d’un nouveau-né, dans la douceur d’ouvrir une lettre attendue, en différant une seconde l’instant de la lire, dans le bruit des châtaignes explosant au sol et dans la maladresse d’un chien glissant sur un étang gelé, j’arrête là, la légèreté , vous voyez bien, elle est partout donnée. Et si en même temps, elle est rare, d’une rareté incroyable, c’est qu’il nous manque l’art de recevoir, simplement recevoir ce qui nous est partout donné.
jeudi 30 août 2018
Un après-midi d'août
Un après midi d'août
cette chaleur torride
comme j'aime
rien ne bouge ou presque
nue sous ma robe de coton
je retourne à l'état premier
dans l'incubateur du monde
un peu plus et je sucerais mon pouce
évoquant ma mère Dieu vous
je me laisse guidée
flottant dans la chaleur tangible
lourde voilure étale
en aveugle
je vous appelle
entendez-vous
le stridulement des insectes
dans l'immobile été
il scie les barreaux
de mon berceau
il tête mon enfance de miel
et de sauterelles
essaim d'orage sur les grands foins
on cuit l’œuf au nid de l'aigle
je vous appelle
battements d'ailes
l'oiseau foudroyé
choit à mes pieds
pluie chaude
de plumes de sang
mon corps maculé a
votre odeur de souffre
de chair brûlée
dans la fournaise du monde
la terre cuit
au nid solaire
Cygne blanc
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