Je ne veux pas t'écraser
encore moins te tuer
juste te regarder
Ton petit derrière velu
surmonté de tes ailes en verrière
reflet d'arc-en-ciel
posé sur la tranche de mon livre
fruit de mes rêveries
déjà envolées
Te voilà cherchant la chaleur
de l'ordinateur
noire sur noir
je devine tes yeux rouges
observant les facéties de ma souris
Puis mutine tu me suis à la cuisine
et là ça trompe
ça pompe ça pond
à la douzaine
Qui te féconde
Ta sœur sur le beurre
ton frère qui se fait le camembert
À la douche petite farouche
tu frottes obstinément tes membres supérieurs
puis les passent et repassent sur ta tête
antennes et aigrettes rebelles
à répétition tes ablutions d'air
comme une prière
pattes arrières en contrition dans la poussière
petite Nitouche
Ton corps recouvert de soies
velu velours de tes pattes
sous le vernis de tes ailes
se cache-t-il un cœur
j'ose
un cœur de Manouche
cherchant la lumière
Bourdonnante tu m'as demandé
l'hospitalité
je t'ai laissée entrer
après deux semaines tu as disparu
puis comme un ver d'oreille
tu m'es revenue
je ne voulais pas t'écraser
encore moins te tuer
juste te garder
entre les pages de mon livre
Cygne blanc