Hommage à Pina Bauch, à l'occasion du 10ème anniversaire de son décès
Un homme, une chaise
Il s’assoit
Seuls ses pieds s’agitent sous lui
Un autre homme
Entre, s’étend au sol
rampe de ses bras
de ses coudes
il emplit l’espace
de son corps
le troisième homme s’adosse
au mur, observe
le quatrième trouve sa place
d’emblée
il monte sur une table
tend les bras vers le haut
regarde droit devant lui
Elle arrive
virevolte non
pas encore
voltige bientôt
danse à peine
court à perte
marche vers l’un
vers l’autre sans égard
sa robe
vous la voudriez bleue
intouchable
ou rouge de braises
en fusion
verte océane
elle est orangée
terre brûlée
à l’approche du soleil
terre de sienne
comme sa peau
de pauvresse
de princesse
au sol l’homme rampant
l’encercle de sa masse
la retient longuement
dans son déséquilibre
elle s’abandonne
lentement il la transporte
elle est son habitat
il lui retire sa robe d’ocre
de terre brûlée
elle porte alors sa robe océane
il l’installe sur les genoux
de l’homme assis puis s’éloigne
l’homme assis
la berce
la dévêt de sa robe verte
dont il couvre ses pieds
désormais immobiles
le troisième homme
quitte son point d’observation
l’attire à lui
rouge tango
d’une robe oubliée
rêve indigo dévoilé
dans les bras de l’homme attablé
dépouillée d’un frisson
elle est nue
comme la peau du ciel à l’aube
plus nue que la lune
face au soleil
que vous et moi dans son regard
elle danse, virevolte, voltige
ses bras, ses jambes
enserrent l’horizon
son corps épouse ciel et terre
son souffle attise la fusion
des braises
embrasse le bleu inouï
survole l’ocre des déserts
aux confins des océans
sa chair est continent
forêt, brousse, jungle
longue plainte d’un ailleurs
qui nous revient
dans le regard des hommes
un seul désir
Être
Être à nouveau
Infiniment
Être
Cygne blanc