L’homme qui a vu l’homme qui a vu la Grande Ourse par les détours de sentier des étés sans fin.Il nous a quittés pour le village de la Grande Ourse, l’homme qui a vu les hommes des authentiques témoignages des actes de leur vie. Ces véritables; parfois de simples natifs tendus vers nous dans les bras de Mère nature comme des fleurs de justesse, parfois des fondatrices et des fondateurs qui prenaient la mesure de nos vastes contrées non encore souillées par l’appât du gain et les vulgaires ruses appropriatives et expropriatrices, souvent des animaux qui savent parler aux hommes la langue qu’ils ont oubliée.
À défaut de monter un mammouth pour parcourir les nécropoles de nos mémoires holocènes, il s’est astreint à parcourir notre Boréalie avec un vieux camion aux yeux jaunes de loup-cervier, question de retrouver les sentiers effacés des Ancêtres. Peshu, le Lynx tutélaire, lui a appris à jouer avec les mots, à bondir de modernité à Tradition et à conserver intactes ses fourrures.
Ils l’ont attendu les Oki des Premières Nations. Gulo Gulo, le carcajou, les avait avertis de sa présence à La Romaine. Il fut désigné pour réparer dans la mémoire vierge du territoire des Innus les estafilades laissées par la croix du père Joveneau. Cette croix qui dissimulait le phallus du côté sombre de Kwekwatshew défiant les anges glacés de l’interminable horizon du golfe. Il a su retrancher, le meilleur de notre Loki septentrional, ce grand prêtre des orifices, ouvrant les portes parthénogénétiques et transes historiques pour y déloger les grands troupeaux de mensonges et y faire pénétrer les vérités chantantes du pré historique.
Il me faudrait des pages de nobles écritures pour rendre justice à la richesse des conversations qu’il a eues au cours des années dans son cénacle composé d’amants de la liberté et de la simplicité originelle.
Mais sache cher aède anthropologue que les sillons que tu as déterrés dans notre imaginaire collectif nous conduiront sur les chemins de Médecine de Makousham où – je crois - tu es allé retrouver la fille du chef. Et cet apport est plus noble qu’un Nobel.
Lug, 27-05-2021