samedi 30 avril 2016
Vers gnomiques
Je t’ai vu grandir comme un arbre
Inénarrable éternité;
Je t’ai vu durcir comme un marbre,
Indicible réalité.
Prodige dont le nom m’échappe,
Granit trop dur pour le ciseau,
Bonheur partagé par l’oiseau
Et par l’eau que le chien lape.
Secret qu’il faut savoir et taire,
Tout ce qui dure est passager;
Je sens sous moi tourner la terre;
Le ciel plein d’astres m’est léger.
Vous souriez, mort bien couchés!
Tout ce qui passe pourtant dure;
Les brins minces de la verdure
Sont faites du grain noir des rochers.
Marguerite Yourcenar
vendredi 29 avril 2016
Jalousie divine
Ici la terre affirme
Sa présence calme et sure,
Tantôt charnelle, tantôt
Aérienne selon l'heure.
Ici l'homme comblé se garde
Du mot de trop, sachant
Que les dieux sont jaloux.
François Cheng
Sa présence calme et sure,
Tantôt charnelle, tantôt
Aérienne selon l'heure.
Ici l'homme comblé se garde
Du mot de trop, sachant
Que les dieux sont jaloux.
François Cheng
mercredi 27 avril 2016
Il meurt lentement
Il meurt lentement, celui qui devient esclave de l'habitude, refaisant chaque jour les mêmes chemins, celui qui ne change jamais de repère, ne se risque jamais à changer la couleur de ses vêtements, à parler à un inconnu, celui qui évite la passion, celui qui ne change pas de cap, celui qui ne prend pas de risques pour réaliser ses rêves, celui qui, pas une seule fois dans sa vie, n'a fui les conseils sensés.
Il meurt lentement, celui qui ne voyage pas, celui qui ne lit pas, celui qui n'écoute pas de musique, celui qui ne sait pas rire de lui-même.
Pablo Neruda
mardi 26 avril 2016
Nuits sans repères
Ne pense plus aux étoiles au-dessus de toi
tu ne peux comprendre un regard aperçu à mi-chemin
à travers l'obscurité
tu es toujours plus étranger à toi même
le soleil brille au-dessus de la terre
pourquoi chercher l'explication ?
Je te vois à distance
ton corps brûle plus
pourtant la vie s'acharne
à te tenir près de moi
nous nous sommes laissés
il y a parfois des nuits sans repères
où ni la neige ni le vent
ne répondent si je t'imagine assez.
Pierre DesRuisseaux
tu ne peux comprendre un regard aperçu à mi-chemin
à travers l'obscurité
tu es toujours plus étranger à toi même
le soleil brille au-dessus de la terre
pourquoi chercher l'explication ?
Je te vois à distance
ton corps brûle plus
pourtant la vie s'acharne
à te tenir près de moi
nous nous sommes laissés
il y a parfois des nuits sans repères
où ni la neige ni le vent
ne répondent si je t'imagine assez.
Pierre DesRuisseaux
lundi 25 avril 2016
Approche
On voit à la démarche de chacun s'il a trouvé sa route. L'homme qui approche du but ne marche plus, il danse...
Frédéric Nietzsche
dimanche 24 avril 2016
Il ne faut pas
Il ne faut pas laisser les intellectuels jouer avec les allumettes
Parce que Messieurs quand on le laisse seul
le monde mental Messssieurs
N'est pas du tout brillant
Et sitôt qu'il est seul
Travaille arbitrairement
S'érigeant pour soi-même
Et soi-disant généreusement en l'honneur des travailleurs du
bâtiment
Un auto-monument
Répétons-le Messsssieurs
Quand on le laisse seul
Le monde mental
Ment
Monumentalement.
Parce que Messieurs quand on le laisse seul
le monde mental Messssieurs
N'est pas du tout brillant
Et sitôt qu'il est seul
Travaille arbitrairement
S'érigeant pour soi-même
Et soi-disant généreusement en l'honneur des travailleurs du
bâtiment
Un auto-monument
Répétons-le Messsssieurs
Quand on le laisse seul
Le monde mental
Ment
Monumentalement.
Jacques Prévert
samedi 23 avril 2016
Brûlure
Aux brûlures du soleil
j'offre ma chevelure incendiée
les tempêtes de mes orbites
les cratères de mes lèvres
le bouillon ventriculaire de mon sang
la cire molle de mes chairs
le sceau de mes entrailles
la vasque asséchée de mon sexe
mes membres pétrifiés
mes pieds de cendre
la cendre de mes pieds
danse funèbre
aux morsures du soleil
le rugissement des silences
déflation
murmures
je reviens vers vous
enfouissez-moi
au fond
d'un jardin
à l'ombre
des tournesols
chagrin
Cygne blanc
vendredi 22 avril 2016
mercredi 20 avril 2016
Rire des dieux
Quiconque prétend s'ériger en juge de la vérité et du savoir s'expose à périr sous les éclats de rire des dieux puisque nous ignorons comment sont réellement les choses et que nous n'en connaissons que la représentation que nous en faisons.
Albert Einstein
mardi 19 avril 2016
Secret du bonheur
Ne demandes pas que les événements arrivent comme tu le souhaites, mais souhaites-les comme ils arrivent et tu seras heureux.
Frédéric Lenoir
lundi 18 avril 2016
Sur les lèvres des vivants
Nous aurons perdu jusqu'à la mémoire de notre rencontre...
Pourtant nous nous rejoindrons, pour nous séparer et nous rejoindre encore,
Là où se rejoignent les hommes trépassés : sur les lèvres des vivants.
Samuel Butler
dimanche 17 avril 2016
samedi 16 avril 2016
Incandescence
J'approche pas à pas de l'incandescence de l'être. Je crois parfois la saisir, un instant, quand je suis dans tes bras, et cependant toujours un océan nous sépare. Cet océan tient tout entier dans la distinction que je fais entre toi et moi. Un jour, à ma mort peut-être, ce mirage s'abolira et la mer prendra feu. Notre seule tâche dans ce monde est d'aimer et de mourir. C'est facile, nous ne pouvons pas échouer...
vendredi 15 avril 2016
La voix bleue du réel
Il suffit d'une rupture
pour bouger pour avancer
silence enfin porté
si vite je vois l'aube
qu'écoute au-delà de la parole
la voix bleue du réel.
Pierre DesRuisseaux
jeudi 14 avril 2016
Éloge de la fantaisie
Je porte un toast ! À tous les fantaisistes, aux rêveurs, aux conteurs, aux
jongleurs, aux poètes, à tous les faiseurs d'histoires qui ré-enchantent
mon monde.
J'allume un calumet ! Pour ceux qui ne prennent rien au sérieux, pour ceux
qui choisissent l'inutile, pour ceux qui collectionnent les allumettes,
pour ceux qui savent boire le thé.
Je vous offre ces mots ! Vous les allumeurs de réverbères, vous qui avez su
frotter votre lampe d'Aladin et réveiller votre génie...
Francois Constanty
jongleurs, aux poètes, à tous les faiseurs d'histoires qui ré-enchantent
mon monde.
J'allume un calumet ! Pour ceux qui ne prennent rien au sérieux, pour ceux
qui choisissent l'inutile, pour ceux qui collectionnent les allumettes,
pour ceux qui savent boire le thé.
Je vous offre ces mots ! Vous les allumeurs de réverbères, vous qui avez su
frotter votre lampe d'Aladin et réveiller votre génie...
Francois Constanty
mercredi 13 avril 2016
Satie
Portrait d'Erik Satie par Suzanne Valadon (1892) |
une nuit j'ai rêvé de vous
chaque note
se déposait en moi
goutte d'eau
perlant le long de mes veines
rejoignant la vasque
du jardin des sensations
nous avions rendez-vous là
dans la pénombre
où sur la pointe des pieds
dansant glissant
enveloppés d'un pan de drap
trainant sur le gravier
des allers et venues
nous nous étions étreints
le temps d'une impression
nous abandonnant de nouveau
à la portée blanche et noire
de cette nuit d'été.
Cygne blanc
mardi 12 avril 2016
Vivre à partir du cœur
— Pythia : Vous avez dit que ramener les valeurs
féminines dans notre culture est le « Grand Œuvre ». Mais qu’est-ce
exactement que le « Féminin » ?
— Marion Woodman : Je dirais qu’il est, fondamentalement,
l’amour de la nature, et la croyance que le corps fait partie de la
nature telle que nous la voyons à l’extérieur, dans les bois ou les
rivières. Le Féminin accorde de la valeur à la spontanéité et à la
lenteur, honore la réalité intérieure, et valorise les sentiments sans
les réprimer brutalement en les taxant d’insensés ou de « trucs de
mauviette ». Ceux qui suivent la voie du Féminin choisissent de faire
telle ou telle chose parce qu’elle a une réelle valeur, parce qu’ils
l’aiment et qu’ils peuvent donc carrément y investir leur énergie.
Qu’ils soient hommes ou femmes, les questions qui les guident sont :
« Est-ce que ça a de la valeur pour moi, personnellement ? Est-ce ça
vaut la peine d’y mettre mon énergie et de faire l’effort ? Est-ce que
c’est ce que je suis vraiment ? » C’est une façon de faire différente,
plutôt que de se colleter avec quelque chose quand le cœur n’y est pas.
Mais vivre à partir du cœur dans cette société demande du courage.
Extrait de l'entrevue de Pythia Pey avec Marion Woodman publiée sur Carnets de Rêves : https://carnetsdereves.wordpress.com/2016/02/24/marion-woodman-analyse-jungienne-et-addiction
lundi 11 avril 2016
Docile amant
Après une journée de vent,
dans une paix infinie,
le soir se réconcilie
comme un docile amant.
Rainer Maria Rilke
dimanche 10 avril 2016
Message du dernier homme
Je suis le grand chef à plumes, et je te demande de te réveiller.
Je suis l'agent merveilleux, et je vais t'amener nourrir les étoiles.
Je suis le singe des armées célestes, et je veille sur ta flamme.
Crois-tu pouvoir arrêter le vent ?
T'es tu déjà perdu dans une fleur ?
Tu vois, c'est facile de se comprendre.
Toi aussi, tu voles la nuit.
Toi aussi, tu sautes les montagnes.
Viens. Je t'attends.
Francois Constanty
Je suis l'agent merveilleux, et je vais t'amener nourrir les étoiles.
Je suis le singe des armées célestes, et je veille sur ta flamme.
Crois-tu pouvoir arrêter le vent ?
T'es tu déjà perdu dans une fleur ?
Tu vois, c'est facile de se comprendre.
Toi aussi, tu voles la nuit.
Toi aussi, tu sautes les montagnes.
Viens. Je t'attends.
Francois Constanty
samedi 9 avril 2016
Ceci est une porte
Les portes du monde du Soi sauvage
sont rares, mais précieuses. Si vous avez une cicatrice profonde,
ceci est une porte, si vous avez une vieille, vieille histoire, ceci est
une porte. Si vous aimez le ciel et l'eau à tel point que vous ne
pouvez pratiquement pas y résister, ceci est une porte. Si vous
rêvez d’une vie plus profonde, pleine et sensée, ceci
est une porte.
Clarissa Pinkola-Estès
vendredi 8 avril 2016
L'oranger
Ta silhouette sombre
chevauchant la brume
découpe l'espace
jusqu'à m'envelopper
de ton manteau noir
d'où monte vers l'infini
l'oranger
au parfum envoûtant.
Cygne Blanc
jeudi 7 avril 2016
Voyons donc
On vous dit qu'il y a un maître de sagesse ici ou là. Il s'affiche sans démentir ce titre, il écrit des livres pesants dans lesquels on cherche les restes de son humour. Il serait le dernier maître vivant, et bien sûr, nul ne saurait accéder à la vérité sans passer par un tel homme. Voyons donc. N'entendez-vous pas rire le silence ? Quand donc boirez-vous à la source de votre propre sagesse ?
mercredi 6 avril 2016
Ce que disent les pierres
Si on savait, patron, ce que disent les pierres, les fleurs, la
pluie ! Peut-être bien qu'elles appellent, qu'elles nous appellent, et
que nous, on n'entend pas. Quand est-ce que les oreilles des gens
s'ouvriront ? Quand est-ce qu'on aura les yeux ouverts pour voir ? Quand
est-ce qu'on ouvrira les bras pour s'embrasser tous, les pierres, les
fleurs, la pluie, les hommes ? Qu'est-ce que tu en dis, toi, patron? Et
tes bouquins, qu'est-ce qu'ils disent ?
Zorba le Grec, Nikos Kazantzakis
lundi 4 avril 2016
En mémoire aimante
Cela fait 9 ans que Christiane Singer nous a quitté pour aller danser parmi les étoiles. Mais son sourire, et ses paroles empreintes de sagesse, continuent de nous éclairer...
Toucher le vent
Qu'est-ce que je sais
de ce que nous sommes
je sais qu'il y a entre nous
cet espace qui nous transmet
nous susurre quelque chose comme
de rendre des comptes
je sais encore qu'il faudrait toucher le vent
je sais aussi qu'on se nomme sans se connaître
mais est-ce que je sais te parler?
Pierre DesRuisseaux
de ce que nous sommes
je sais qu'il y a entre nous
cet espace qui nous transmet
nous susurre quelque chose comme
de rendre des comptes
je sais encore qu'il faudrait toucher le vent
je sais aussi qu'on se nomme sans se connaître
mais est-ce que je sais te parler?
Pierre DesRuisseaux
dimanche 3 avril 2016
L'arrivée de l'amour
L'arrivée de l'amour dans une existence est comme la beauté. Comme la mort aussi. Elle ne se prévoit pas. On lève les yeux et l'amour est là, devant soi. Surgi de nulle part il désencombre notre existence, efface les brouillards, empoigne l'âme et le cœur, embrase le corps.
Hélène Dorion
samedi 2 avril 2016
Brusque fenêtre
Soudain la brusque fenêtre
d'un temps hors-limite
par-devers le monde clos.
Ainsi les corps sont plus
que les corps, et parfois
le corps de mon corps
s'envole dans mes poèmes.
Gaston Miron
d'un temps hors-limite
par-devers le monde clos.
Ainsi les corps sont plus
que les corps, et parfois
le corps de mon corps
s'envole dans mes poèmes.
Gaston Miron
vendredi 1 avril 2016
Matin
J'ai faim de tes cheveux, de ta voix, de ta bouche,
sans manger je vais par les rues, et je me tais,
sans le soutien du pain, et dès l'aube hors de moi
je cherche dans le jour le bruit d'eau de tes pas.
Je suis affamé de ton rire de cascade,
et de tes mains couleur de grenier furieux,
oui, j'ai faim de la pâle pierre de tes ongles,
je veux manger ta peau comme une amande intacte,
et le rayon détruit au feu de ta beauté,
je veux manger le nez maître du fier visage,
Je veux manger l'ombre fugace de tes cils,
J'ai faim, je vais, je viens, flairant le crépuscule
et je te cherche, et je cherche ton cœur brûlant
comme un puma dans le désert de Quitratùe.
Pablo Neruda
S'abonner à :
Messages (Atom)