Il y a une tension insupportable au cœur du réel. Parfois, le ressort se tend et tu te réveilles en pleine nuit, au bord d'un précipice, avec un hurlement dans la gorge qui s'étire en longueur comme une chute vertigineuse dans le matin à venir. Et tu t'étonnes, tu t'étonnes d'être encore en vie. Tu remercies. Et parfois le ressort se détend et te projette par-dessus l'horizon : tu voles dans la proximité des étoiles, tu danses avec le vent qui t'emporte comme feuille morte au-delà de toi-même. Tu ne le sais pas mais c'est alors que tu es en danger car tu pourrais oublier qu'il faut revenir pour nourrir le chat, arroser les plantes, faire la vaisselle et emmener les enfants à l'école - c'est ici, dans cette tension entre le rien et l'infini, que cela se passe.