dimanche 3 avril 2022

Kyiv


Derrière les portes
il y avait un jardin
des rires
des promeneurs

Poussant les portes de la grande cour
des pigeons s'envolent
puis se déposent ici et là
picorant quelques gravillons
les ultimes miettes d'un frugal festin

Des chats amaigris cherchent
le dernier rayon de soleil
un chien erre sans maître

Ce va et vient
d'un passé au présent
déserté
ils furent nous fûmes 

Et cette odeur d'absence
aux rideaux flottants
des fenêtres béantes
des façades lézardées

Visiteuse céleste
la mer s'est retirée
dernier assaut
d'un tremblement perpétuel

Un instant encore
il y a un jardin
des rires
des promeneurs

Ouvrant les portes de la cour voisine
des colombes s'envolent
des enfants accourent
les bras chargés de chatons
mon chien retrouve son maître

Un orgue de barbarie joue
"on écrit sur les murs
la force de nos rêves
Nos espoirs en forme de graffiti
On écrit sur les murs pour que
l'amour se lève
Un beau jour
sur le monde endormi"

Cygne blanc



samedi 2 avril 2022

Auto-portrait


Cela ne m'intéresse pas de savoir s'il existe un Dieu
ou plusieurs dieux.
Je veux savoir si tu te sens appartenir ou si tu te sens abandonné.
Si tu connais le désespoir
ou peux le voir en d'autres.
Je veux savoir
si tu es prêt à vivre dans le monde
avec son âpre besoin de te changer.
Si tu peux regarder en arrière résolument
et dire : voici où j'en suis.
Je veux savoir si tu sais comment fondre
dans ce feu intense de la vie
basculant vers le cœur de ta quête.
Je veux savoir si tu consens
à vivre, jour après jour,
avec les conséquences de l'amour
et l'amère difficile passion
de ta défaite assurée.
J'ai entendu que,
dans ce corps à corps féroce,
même les dieux
parlent de Dieu.

David Whyte