Te souviens-tu des balançoires
qui nous soulevaient les pieds jusqu'au ciel
la chevelure dans la ramée des arbres
la tête renversée par les élans telluriques
Juste pour te plaire
je mangeais des grappes de lilas
je buvais la bave des marguerites
je saignais les coquelicots
Te souviens-tu lorsque nous courrions
plus vite que le nuage chargé de pluie
d'orage nos corps électrisés se heurtaient
aux portails séraphiques
Pour te charmer je te confectionnais
des bracelets de limaces
je caressais le ver de terre
je croquais l'escargot
As-tu souvenir de l'étang aux quenouilles
où nous jouions aux noyés
où filait la brume d'avril
sur nos visages étales nos corps fluets
Pour te conquérir je gagnais la rive
te tendais un roseau effleurant ta peau
chantant t'appelant en vain
tu t'abandonnais à l'onde
Tu ne te souviens plus
Pour t'aimer j'effeuille la marguerite
un peu beaucoup désespérément
infiniment
Cygne blanc