Quand on est jamais allé « Nulle Part »Un jour ce non-lieu nous interpelle
Est-ce aller « au diable vert »
Comme disait mon père
Et combien coûte un billet pour « Nulle Part »
Où se le procurer
Je déambule sur les quais d’une petite gare sans nom
Derrière le guichet devinez
Il n’y a personne
Juste un écriteau où l’on peut lire le mot « Bienvenue »
Dans la salle attenante quelques « voyageurs » déambulent
De long en large puis dans tous les sens le regard ailleurs
Sommes nous arrivés ou est-ce le point de départ de ce voyage indéfini
Au son d’un klaxon du train qui entre en gare tous se figent
Je me précipite à l’extérieur
Un long train bleu qui n’en finit pas de s’immobiliser
De cracher sa fumée de siffler de s’essouffler sous le poids
De sa ferraille
« Nulle part » semble être un long voyage bien fatigant
Ma curiosité ma jeunesse ma témérité me propulsent
Dans le dernier wagon après tout nul ne m’attend
Les autres voyageurs sont maintenant sur le quai
Mais toutes les portes se sont refermées
D’aucun ne peut monter à bord
Seule passagère pour « Nulle Part »
Comme bagage un peu de courage et beaucoup de patience
Mais n’y tenant plus je me dirige vers l’avant du véhicule
Nulle trace de vie aucune présence
Pas le moindre mouchoir tombé d’une poche
Ou foulard abandonné
Ou emprunte sur la cuirette des banquettes
Juste un pur silence et une parfaite immobilité
J’observe les visages de mes « Compagnons » demeurés sur le quai
Ils semblent recueillis indécis aveugles à ma personne
J’approche de la cabine de la locomotive
Le cœur battant je dois l’avouer
Aucun conducteur ni cheminot
Juste un message sur l’écran du tableau de bord
« Vous êtes arrivée comme Nulle Autre »
Cygne blanc