Être.
Et rien de plus.
Jusqu'à ce que se forme un puits au-dessous.
Ne pas être.
Et rien de plus.
Jusqu'à ce que se forme un puits au-dessus.
Ensuite,
entre ces deux puits,
le vent s'arrêtera un instant .
Roberto Juarroz
lundi 30 avril 2018
dimanche 29 avril 2018
Goutte de ciel
Une goutte de ciel est tombée dans mon café ce matin. C'est un éclat de soleil qui m'a tiré de la nuit pour me reconduire à l'immensité de ton regard bleu. Oh ! Le temps s'oublie dans les bras de l'éternité. Sans toi.
samedi 28 avril 2018
Amour définitif
Il est dans la nature de tout amour définitif, tôt ou tard, de ne pouvoir atteindre l'aimée que dans l'infini.
Rainer Maria Rilke
vendredi 27 avril 2018
Au plus obscur de l'heure
Ne plus te chercher
ni en toi
ni en moi
Abandonné
Au battement solidaire
entre deux abîmes
La vie promise
La vie donnée
Au plus obscur de l'heure
du lieu
Au plus insu
de soi
François Cheng
ni en toi
ni en moi
Abandonné
Au battement solidaire
entre deux abîmes
La vie promise
La vie donnée
Au plus obscur de l'heure
du lieu
Au plus insu
de soi
François Cheng
jeudi 26 avril 2018
mercredi 25 avril 2018
Intempérie totale
Une écriture qui supporte l'infini,
les crevasses qui s'étoilent comme le pollen,
la lecture sans pitié des dieux,
la lecture illettrée du désert.
Une écriture qui résiste
à l'intempérie totale.
Une écriture qui puisse se lire
jusque dans la mort.
Roberto Juarroz (Onzième poésie verticale, traduction de Fernand Verhesen)
mardi 24 avril 2018
Reddition
Sombres décombres
Étouffant néant
De me débattre, je suis las
Je rends les armes
T'offre mes larmes
Et plie la tête, bien bas
Je suis à toi
Sarabacha
lundi 23 avril 2018
Ne rien faire
Aujourd’hui je n’ai rien fait.
Mais beaucoup de choses se sont faites en moi.
Des oiseaux qui n’existent pas
ont trouvé leur nid.
Des ombres qui peut-être existent
ont rencontré leurs corps.
Des paroles qui existent
ont recouvré leur silence.
Ne rien faire
sauve parfois l’équilibre du monde,
en obtenant que quelque chose aussi pèse
sur le plateau vide de la balance.
Roberto Juarroz - Treizième Poésie Verticale
dimanche 22 avril 2018
samedi 21 avril 2018
Mise en danger
Les oeuvres d'art sont toujours le résultat d'avoir été en danger, d'être allé jusqu'au bout d'une expérience, jusqu'au point où nul ne peut aller plus loin.
Rainer Maria Rilke
vendredi 20 avril 2018
Offrande du coeur
Prendre le coeur
Le tendre comme une fleur
L'arracher du corps
L'offrir à la mort
Le sentir battre encore...
Ne pas avoir peur
De voir approcher l'heure
Sarabacha
jeudi 19 avril 2018
mercredi 18 avril 2018
Aperçu d'éternité
La passion charnelle reste la plus haute forme de quête spirituelle. Elle est un aperçu d'éternité.
François Cheng
mardi 17 avril 2018
La nature du cœur humain
Ts'oei-kiu demanda à Lao-tan :
- Comment gouverne-t-on les hommes, sans agir sur eux ?
Lao-tan répondit :
- En ne faisant aucune violence à leur cœur. Le cœur de l'homme est ainsi fait que toute oppression l'abat, que toute excitation le soulève. Opprimé, il se pétrifie ; excité, il s'emballe. Tantôt il plie ; tantôt il se raidit. Parfois il brûle comme le feu, parfois il devient froid comme la glace.
Le mouvement du cœur est si rapide que le temps d'incliner et de relever la tête, il s'en est allé jusqu'au bout des Quatre Mers et en est revenu. Lorsqu'il est au repos, il est insondable comme l'abîme. Lorsqu'il se met en mouvement, il est aussi libre et incontrôlable que les corps célestes.
Fier de sa liberté et, et ne se laissant dompter par personne, telle est la nature du cœur humain.
Tchouang-tseu
lundi 16 avril 2018
Shams
Tu es soleil ma vie, lumière ma joie, qui éclaire les paysages arides de mon âme désertée par la caresse de l'amour : du profond ce cri appel lancinant de la pluie qui irrigue le ciel et féconde la terre, enveloppe de fraîcheur l'ampleur de la nuit sans lune d'où tu renaîtras implacable, astre levant qui toujours danse sur mon horizon rougeoyant tandis que je t'espère, de mon cœur l'incendie qui reconduit inéluctablement à l'illimité.
dimanche 15 avril 2018
Conquête des cœurs
On n'a jamais conquis les hommes en se croyant plus sages qu'eux ; on les conquiert en se présentant moins sage qu'eux.
Lie-Tseu
samedi 14 avril 2018
Zone de transit
Je suis entre deux portes ; l'une, derrière moi, est bien verrouillée et l'autre, devant moi, n'est pas tout à fait ouverte. Dans mes bagages, il y a toutes les couleurs de l'arc-en-ciel et ce sourire, impérissable, qui perce le rideau des larmes. Je suis entre deux toi, l'une que je ne parviens pas à oublier et l'autre que je ne devine pas encore. Il n'est là que le vide qui fleurit et couve un rêve qui patiemment mûrit. Je suis entre deux mondes, deux vies, et cependant, c'est le même monde, la même vie, qu'unit un seul souffle, une respiration.
vendredi 13 avril 2018
Derniers mots
La peine te prépare à la joie.
Elle évacue violemment toute chose de ta maison afin que la nouvelle joie puisse trouver de la place pour entrer.
Elle secoue les feuilles jaunes de la branche de ton cœur afin que les feuilles vertes et fraîche puissent pousser à leur place.
Elle tire les racines pourries afin que les racines cachées dessous aient la place de pousser.
Quelle que soit la peine qui agite ton coeur, de bien meilleures choses prendront sa place.
Jâlal Od-Din Rûmî
jeudi 12 avril 2018
mercredi 11 avril 2018
Terrible grâce
Même dans notre sommeil
La douleur qu’on n’arrive pas à oublier
Tombe goutte à goutte sur notre coeur,
Jusqu’à ce que, dans notre désespoir,
Contre notre volonté,
À travers la terrible grâce de Dieu,
Vienne la sagesse.
Eschyle
lundi 9 avril 2018
Naissance d'un poème
Nous devons seulement les empêcher
de s'écraser comme les larmes,
ou de refouler au plus profond.
Un lit en premier les accueille :
les mots rayonnent.
de s'écraser comme les larmes,
ou de refouler au plus profond.
Un lit en premier les accueille :
les mots rayonnent.
Un poème va bientôt se former,
René Char
il pourra, par les nuits étoilées,
courir le monde,
ou consoler les yeux rougis.
Mais pas renoncer.
courir le monde,
ou consoler les yeux rougis.
Mais pas renoncer.
René Char
dimanche 8 avril 2018
Plaisir concrétisé
La beauté est un plaisir concrétisé. La beauté est le plaisir perçu comme une qualité de l’objet.
Georges Santayana
Simplicité
La chose la plus désirable, celle après laquelle on peut courir toute sa vie ? Ce n'est ni la gloire, ni l'illumination. C'est la simplicité.
Henri Gougaud
samedi 7 avril 2018
Bon à rien
Vos théories, dit Hoei-tseu à Tchouang-tseu, témoignent de votre intelligence, mais elles n'ont aucune valeur pratique ; aussi personne ne s'y intéresse, tel un grand ailante, dont le bois fibreux ne peut se débiter en planche et dont les branches noueuses ne peuvent servir à quoi que ce soit.
- Tant mieux pour moi, répondit Tchouang-Tseu, car tout ce dont on peut faire usage périt par cet motif même. La martre a beau utiliser mille stratagèmes pour échapper aux pièges, elle finit par être tuée car sa fourrure est recherchée. Le yak, pourtant si puissant, finit par être tué, sa queue servant à confectionner des étendards. Tandis que l'ailante, auquel vous me faites l'honneur de me comparer, pousse dans un terrain stérile, grandit autant qu'il veut ; il offrira son large ombrage au voyageur et au dormeur, sans crainte de la hache, précisément parce que, comme vous le dites, il n'est propre à aucun usage. N'être bon à rien, n'est-ce pas un état dont il faudrait se réjouir ?
Tchouang-Tseu
vendredi 6 avril 2018
Touareg
dans mon journal de bord
se dresse alors une silhouette
à contre-jour
sa peau est plus sombre
que le cuir
de son chameau
ses yeux d'obsidienne
ourlés de khôl
aux si profonds tunnels
qu'on imagine une étoile
s'y baigner
il a les traits du soleil
couchant
son turban bleu
déroule l'horizon
dans un vent de cobalt
le petit coup sec de son fouet
commande à sa monture de s’asseoir
je demeure là
observant le frêle équipage
s'agenouiller à mes pieds
l'homme tend sa gourde
me fait signe de m'abreuver
une source fraîche au parfum d'oranger
coule en moi
je ferme les yeux
la nuit tombe
face à moi cet inconnu
sa monture
son odeur âcre de cuir
se mêlant à la douceur des figues
sur les pages de mon journal
les grains de sable
d'un marchand de bonheur
Cygne blanc
se dresse alors une silhouette
à contre-jour
sa peau est plus sombre
que le cuir
de son chameau
ses yeux d'obsidienne
ourlés de khôl
aux si profonds tunnels
qu'on imagine une étoile
s'y baigner
il a les traits du soleil
couchant
son turban bleu
déroule l'horizon
dans un vent de cobalt
le petit coup sec de son fouet
commande à sa monture de s’asseoir
je demeure là
observant le frêle équipage
s'agenouiller à mes pieds
l'homme tend sa gourde
me fait signe de m'abreuver
une source fraîche au parfum d'oranger
coule en moi
je ferme les yeux
la nuit tombe
face à moi cet inconnu
sa monture
son odeur âcre de cuir
se mêlant à la douceur des figues
sur les pages de mon journal
les grains de sable
d'un marchand de bonheur
Cygne blanc
jeudi 5 avril 2018
Vérité intérieure
La vérité intérieure c'est la simplicité, la sincérité, la droiture que chacun porte en lui. Cela seul influence les hommes. Personne n'est touché par des paroles abondantes, par des larmes excessives. Les sentiments véritables se communiquent à autrui sans l'artifice de la parole ni du geste. Ils expriment alors la vérité intérieure de l'être. D'elle, naissent toutes les vertus, l'affection des parents et la piété des enfants, la loyauté envers le prince, la joie communicative dans les festins, la compassion sincère lors des funérailles. Ces sentiments sincères n'ont rien d'artificiel, tandis que les rites dans lesquels vous prétendez enserrer tous les actes de la vie sont une comédie. La vérité intérieure est la part que chaque homme a reçue avec la nature.
Tchouang-tseu
mercredi 4 avril 2018
mardi 3 avril 2018
Le parfum de l'orchidée
Lorsque deux êtres sont unis dans l'intimité de leur cœur, ils sont capables de briser le fer et l'airain. Lorsque deux êtres se comprennent dans l'intimité de leur cœur, leurs paroles sont douces et enivrantes comme le parfum de l'orchidée.
lundi 2 avril 2018
Glissement de temps
Entre deux mondes, un glissement de temps me ramène au cœur de la musique de l'être. Ici, même si tout s'agite autour de moi, il n'est qu'immobilité et silence. Au centre, le pivot autour duquel tourne le monde dans sa course folle et un œil de cyclone qui cligne rieur. Quand je vais par là, il n'y a plus vraiment de toi ni de moi mais seulement un espace vacant dans lequel je m'absente sans envie de revenir sur mes pas.
dimanche 1 avril 2018
Les fleurs du cerisier sauvage
Les fleurs du cerisier sauvage volent dans le vent.
Comment ne penserais-je pas à vous ?
Mais vous demeurez si loin d'ici.
Après avoir cité ce chant ancien, le Maître dit : « S'il pensait véritablement à elle, la distance ne compterait pas. »
Confucius
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